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Moyen Orient et Monde - Démocratie

En Tunisie, la transition avance, mais les défis restent nombreux

Le pays s'apprête à tenir ce dimanche la première élection présidentielle libre de son histoire.

Dépouillement après les élections législatives, le 26 octobre 2014. AFP/Fadel Senna

Pour l'instant, la Tunisie a su rester à l'abri de la tourmente qui a emporté d'autres pays du « printemps arabe » grâce notamment, selon des analystes, à des institutions solides et à une société civile forte, mais il y a encore du pain sur la planche. Car le pays, dont la révolution en janvier 2011 a mis fin à près de 23 ans de dictature et qui a inspiré les soulèvements de la Libye à la Syrie en passant par l'Égypte, vient d'organiser des législatives remportées par le parti anti-islamiste « Nidaa Tounès ». Le pays s'apprête à tenir ce dimanche la première élection présidentielle libre de son histoire.
Une transition vers la démocratie saluée par la communauté internationale mais qui a connu son lot de tragédies, comme l'assassinat de deux opposants de gauche aux islamistes en 2013 et la mort de dizaines de membres des forces de l'ordre dans des incidents liés à la mouvance jihadiste.
Malgré tout, la Tunisie à jusqu'ici su rester sur les rails : une nouvelle Constitution a été adoptée en début d'année, et le gouvernement mené par les islamistes d'Ennahda, pourtant vainqueurs des premières élections libres du pays, a cédé la place en janvier à des technocrates pour permettre au pays de sortir d'une grave crise politique. Une situation qui tranche avec le chaos en Libye voisine, le retour à la répression en Égypte et la guerre civile en Syrie.

Une leçon venue d'Égypte
« (...) Si la Tunisie est arrivée à maintenir le cap, c'est de manière paradoxale également lié à la situation régionale, et principalement à ce qui s'est passé en Égypte », affirme Sarah Ben Néfissa, chercheuse à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) au Caire. Par ailleurs, la destitution du président islamiste égyptien Mohammad Morsi en juillet 2013 et l'implacable répression qui a suivi ont en effet « renforcé et uni l'opposition tunisienne et incité Ennahda à la prudence et au recul », ajoute-t-elle.
Un autre acteur déterminant, la société civile tunisienne qui s'est mobilisée pour faire pression sur les politiques, dit Chérif Ferjani, professeur de sciences politiques à l'Université Lyon 2. C'est ainsi un « quartette » mené par la centrale syndicale UGTT qui a organisé un long et difficile « dialogue national » entre les islamistes et leurs opposants, les obligeant à s'entendre pour sortir d'une paralysie institutionnelle.
« C'est en toute logique que c'est dans ce pays-là, où l'exercice volontariste a créé une classe moyenne lettrée (...) qui aspire à un minimum de participation politique », que s'est produit le soulèvement, renchérit le juriste et universitaire Ghazi Ghrairi. Il ajoute : « Il ne faut pas s'étonner que les slogans inspirés par la Tunisie, comme "le peuple veut la chute du régime", aient des résultats différents ailleurs (...), où l'on a un État tribal ou militaire. »
Rappelons qu'en Tunisie, l'armée est « faible et apolitique », explique M. Ferjani, et « l'absence d'une rente qui limite les possibilités de mobiliser les allégeances par le clientélisme, comme c'est le cas dans les pays exportateurs d'hydrocarbures », a selon lui joué en faveur du pays.

Des défis à relever
Ceci étant, « l'expérience tunisienne n'est pas achevée, met en garde M. Ghrairi. Le plus important, c'est que les libertés soient irréversibles, et pour cela il faut que les Tunisiens ne baissent pas la garde ».
M. Ferjani évoque de son côté le danger d'un contexte régional tourmenté, avec « le chaos libyen (...) et la porosité des frontières de la Tunisie ». Ainsi, le chômage et la misère, facteurs-clés de la révolution, gangrènent toujours l'économie. « Si des solutions ne sont pas trouvées rapidement pour relancer la machine économique, faire reculer le chômage et les injustices sociales, et remédier aux inégalités entre les régions, il faut s'attendre à de nouvelles explosions », prévient M. Ferjani.

Pour l'instant, la Tunisie a su rester à l'abri de la tourmente qui a emporté d'autres pays du « printemps arabe » grâce notamment, selon des analystes, à des institutions solides et à une société civile forte, mais il y a encore du pain sur la planche. Car le pays, dont la révolution en janvier 2011 a mis fin à près de 23 ans de dictature et qui a inspiré les...

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