Michel Awit, l’homme qui n’a jamais trahi le secret

L'auteur de cet ouvrage est un prêtre du Très-Haut depuis près de 60 ans, dont plus de la moitié ont été vécus comme secrétaire du siège patriarcal maronite et des patriarches qui s'y sont succédé.
Cet homme d'une éminente discrétion, ce fin diplomate n'a jamais fait de déclaration publique, n'a jamais accordé d'entretien à la presse et n'a jamais rien publié de ses souvenirs. Il incarne à la perfection l'attribut essentiel de l'homme qu'en français on appelle « secrétaire », mais dont l'équivalent arabe en dit combien plus : « Amine Serr ». C'est l'homme qui ne trahit jamais le secret. À moins qu'il ne parle dans son sommeil... personne n'a jamais rien su, par l'entremise du P. Awit, de ce qui se passe à Bkerké où ont défilé à longueur d'années et de décades, et défilent toujours, les visiteurs petits et grands.
Pourtant, Dieu sait combien la mémoire de Michel Awit doit receler de ces secrets, de ces incidents chuchotés que l'on censure politiquement, pour préserver l'image publique des visiteurs. Dieu sait l'immense bien que la discrétion de ce homme a dû faire, tout au long de trente ans de services qui lui ont valu les éloges de notre illustre confrère disparu, Michel Abou Jaoudé, le citant à trois reprises dans ses éditoriaux d'an-Nahar. Ce livre est l'ouvrage d'un homme de confiance s'il en est, dont le bureau était régulièrement l'antichambre du grand salon, à l'aller, et de l'arrêt-gratitude au retour, cénacle où se retrouvaient quotidiennement les grands et les moins grands du monde politique et religieux, libanais et étrangers.
Qu'il soit chrétien ou musulman, aucun Libanais ne saurait négliger le « testament » que lui destine, au soir de sa vie, un homme qui a joué un tel rôle, a assumé de telles responsabilités et publié 26 ouvrages, sans compter les manuscrits prêts à la publication. Et ce « testament » saurait-il différer de celui que son Maître en personne a laissé à ses disciples : l'unité ? L'unité difficile, mais salutaire, en cette séquence historique cruciale de l'histoire du Liban ?
Publié par Dar an-Nahar, préfacé par le patriarche Raï, Mon Testament aux maronites est une sorte d'ultime récapitulation de l'histoire d'un « grand peuple », de ses souffrances, de ses heures de gloire, de ses faiblesses et de ses déchéances ; c'est une sorte de feuille de route destinée à tous les Libanais qui cherchent, dans la nuit de ces temps de malheur, la lumière qui les empêchera de trébucher et qui épargnera à leur pays de sombrer dans l'abîme. Ou d'y rester.