L’association Life accuse la SG de livrer des opposants syriens au régime de Damas...

Trois opposants syriens, détenus dans la prison de Roumieh et libérés après avoir purgé leur peine, auraient été remis aux autorités syriennes par la Sûreté générale au cours des dernières semaines. Après Mahmoud Hamdane et Oussama Korkmaze, c'est Bassel Haïdar, relâché après quatre mois passés à Roumieh, qui aurait été reconduit hier par la SG au poste-frontière de Masnaa, afin d'être remis au régime syrien. Ces informations, démenties par la Sûreté, sont pourtant confirmées à L'Orient-Le Jour par le responsable de l'association Life, Nabil Halabi. « S'il n'a pas été remis aux autorités syriennes, qu'on nous précise où il se trouve. Qu'on nous dise ce qui est advenu de Hamdane et de Korkmaze avant lui ! » souligne-t-il.
M. Halabi dénonce en outre l'illégalité de cette démarche qui contrevient notamment « au principe de non-refoulement lorsqu'un risque de torture ou de traitement inhumain de la personne refoulée se présente ». Le responsable média de la SG, le général Joseph Obeid, interrogé par L'OLJ, rappelle la procédure ordinaire qui est suivie lorsqu'un ressortissant étranger, détenu dans les prisons libanaises, est remis en liberté : « Il nous est remis par les Forces de sécurité intérieure, nous l'interrogeons et le renvoyons inévitablement à son pays d'origine. » Il affirme toutefois « être incapable, à l'instant de l'entretien », de préciser si Bassel Haïdar était toujours retenu par la SG pour interrogatoire. « Je ne sais pas s'il est toujours entre nos mains, mais je peux vous assurer qu'il subit un interrogatoire », répond-il, non sans ambiguïté.
Quid du risque de torture ou d'exécution des opposants par les autorités syriennes ? « Nous n'entrons pas dans les détails de la distinction entre le régime et l'opposition. Nous ne faisons qu'appliquer les accords bilatéraux », affirme le général Obeid. Il révèle toutefois que « la Sûreté s'était abstenue jusque-là de remettre un certain nombre de Syriens à cause des circonstances ».
Si, de son côté, Nabil Halabi rappelle que la SG a refoulé de nombreux opposants, réfugiés au Liban, depuis le début de la crise syrienne, il reconnaît que cette pratique avait été quelque peu limitée après les nombreuses accusations adressées notamment par les militants des droits de l'homme. « L'on peut dire que la SG s'était abstenue pendant un certain temps de renvoyer, du moins ouvertement, des opposants », précise Nabil Halabi. Néanmoins, les refoulements seraient en augmentation depuis un mois, selon l'activiste, qui tente d'y apporter une explication. « Je crains l'existence d'une entente entre la Sûreté et le régime syrien sur le dossier des militaires retenus en otages par les groupes jihadistes. L'une des conditions de remise en liberté des otages exigées par les ravisseurs étant la libération de prisonniers détenus dans les geôles syriennes, le régime syrien exigerait d'ores et déjà, en contrepartie, la remise d'opposants syriens par les services libanais », estime Nabil Halabi.
Interrogé sur cet avis, le général Obeid affirme « ne pas être en mesure d'y répondre ».