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Moyen Orient et Monde - Portrait craché #8 Recep Tayyip Erdogan

« Il est l’Or, Monsignor... »

Adem Altan/AFP/Getty Images

Freud aurait adoré. Dans la très modeste maisonnette Erdogan, dans un Istanbul déglamourisé à l'extrême, entre deux cours à l'imam-hatip, cette école religieuse qui forme des imams et des prédicateurs, et après avoir vendu des petits pains dans les rues, le jeune Recep Tayyip s'en allait jouer au football en cachette avec son pote Yasoo Aga, et quand il rentrait chez lui, il cachait ses crampons dans un sac de charbon. Pour que papa ne le découvre pas. Qu'il ne s'emporte pas contre lui. Recep Tayyip Erdogan aurait pu finir Mesut Özil, star métèque multimillionnaire d'une Mannschaft requin. Il aurait pu finir en petite fille aux allumettes du Bosphore, au mieux Cosette. Il aurait pu finir en mollah Omar, en Abou Qatada, ou qui sait, en une espèce d'Abou Bakr el-Stambouli. Mais non. Il étudiera les sciences politiques, merci papa ; rencontrera Necmettin Erbakan avec lequel, naturellement, il rompra, déjà pénétré par la primauté absolue de ses convictions ; il se fera élire maire d'Istanbul, déjà autoproclamé M. Propre, warrior anticorruption, sans oublier d'interdire l'alcool dans plusieurs lieux ; il se fera emprisonner après avoir littéralement déclamé un vers du nationaliste Ziya Gökalp : Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats, déjà antimilitariste jusqu'à la moelle ; il vivra très mal son embastillement, mais cela ne l'empêchera pas d'infliger les mêmes traitements à tous ses opposants des années plus tard, le parc Gezy s'en souviendra pour longtemps ; puis il façonnera, année après année, à la fois Carlo Collodi, Geppetto et Pinocchio, ce personnage de démocrate-musulman qu'il essaiera, aveuglé et fasciné par sa propre évolution, d'imposer au monde en général et aux Européens en particulier, mais personne n'est dupe. Ce n'est pas malin : Recep Tayyip Erdogan aurait pu devenir un Rafic Hariri, par exemple, avec la tridimension turque en plus. Sauf qu'il n'a pas eu la chance, ou l'intelligence de faire en sorte, de vivre et gouverner dans un Liban métissé. Ce n'est pas malin : à l'heure où la barbarie est trustée jusqu'à ses moindres manifestations par l'État islamique, à l'heure où le prophète Mohammad et le Coran n'ont jamais été aussi usurpés, profanés, fût-ce par une minorité absolue, l'islam en général et le sunnisme en particulier auraient grandement eu à gagner d'un Erdogan si cet Erdogan avait véritablement été démocrate-musulman. Mais aussi soft comparé à ce qui se passe aujourd'hui qu'il soit, le fanatisme religieux de l'ultraprésident turc, idéologique bien sûr, mais aussi politique : la résurrection d'une Sublime Porte 2.0 l'obsède plus que tout, reste un fanatisme. Pire encore : c'est un fanatisme ridicule. Quelque chose s'est cassé dans la mécanique Erdogan, à moins qu'au contraire, chaque étape franchie dans le grotesque et le liberticide ne soit une pièce d'un puzzle dont on verra bientôt, suffoqué ou stupéfait, la fin : la destruction systémique, même si discrète, de la laïcité kémaliste, le sexisme insensé dans la Turquie de 2014, le négationnisme, soft là encore, éhonté : Christophe Colomb est en apoplexie là où il est, l'archaïsme revendiqué tous azimuts : Internet est la réincarnation du diable, et puis la construction d'une Maison Blanche palais à côté duquel le Taj Mahal finit par ressembler à un simple trois-pièces à Dupont Circle. Le gâchis Erdogan est immense : ce monsieur aurait pu être, qu'on soit d'accord ou pas, qu'on frémisse ou pas, le nouvel Atatürk, à l'envers bien sûr, mais un (re)fondateur d'une autre Turquie. Le voilà plutôt en train de parachever son anamorphose en un Saparmourat Niazov de deuxième zone, l'hyperhallucinant, l'hyperexcentrique, l'hypermégalomane et l'hypertyran, décédé en 2006, du Turkménistan. Ahmet Davetoglu sourit.

Freud aurait adoré. Dans la très modeste maisonnette Erdogan, dans un Istanbul déglamourisé à l'extrême, entre deux cours à l'imam-hatip, cette école religieuse qui forme des imams et des prédicateurs, et après avoir vendu des petits pains dans les rues, le jeune Recep Tayyip s'en allait jouer au football en cachette avec son pote Yasoo Aga, et quand il rentrait chez lui, il...

commentaires (4)

C'est l'allie des occicons avant tout et un vecteur de l'otan au M.O . Alors du respect SVP! lOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOLLLLLLLLLLLLLLLL ....

FRIK-A-FRAK

13 h 12, le 17 novembre 2014

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Commentaires (4)

  • C'est l'allie des occicons avant tout et un vecteur de l'otan au M.O . Alors du respect SVP! lOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOLLLLLLLLLLLLLLLL ....

    FRIK-A-FRAK

    13 h 12, le 17 novembre 2014

  • Voici 1 individu, Rajabb, qui n'a rien réussi ni protégé son électorat arriéré de la "dangereuse!" Laïcité, ni dégager 1 voie vers 1 Turquie développée, ni éviter la + grave crise que connaissent ces Turcs vis-à-vis de ce "fertile". Or, voici le niais, dans les élections plébiscité ! Le pire est toujours sûr avec sa politique, puisqu'on en parle comme de la politique du pire. Or, qu'y a-t-il de pire que d'appliquer sa politique du pire ? Et cet "allâh-là" rend-il fou ceux qu'il veut perdre ? Le désespoir obscurcit-il à ce point l'entendement de ces pseudo-modérés qui mettent la tête de leurs bonnes femmes dans 1 voile, nonobstant le fait que ce voile les mènera chaque jour davantage en arrière toute ? Désespoir d'autant + irréductible qu'à côté on ne trouve qu'1 AKP démonétisé, aussi borné que le + borné des bornés, et de toute façon impuissant à contrôler quoi que ce soit lui et son entourage islamisé par l’opportunisme gangrené ! Certes, on objectera que ce Rajabb ne peut 1 cil bouger, acculé qu'il est par 1 intolérable pression islamiste qui, accessoirement, le garde en tant que bouc émissaire, vieille loque ou serviette mouillée…. genre "paillasson térkéh" ! De même qu'on fera observer que le succès électoral de ce rajabb, c'est en grande partie à l’arriération qu'il le doit. Et que, en conséquence, ces 2 protagonistes se fortifient mutuellement cependant que l’1, arriéré, étouffe l’autre AKP qui est en réalité déjà carrément dé-turquifié car profondément islamisé.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 35, le 17 novembre 2014

  • PLUTÔT : MOO... SIEUR ! DEMAIN IL VA NOUS DIRE QUE QUAND ARMSTRONG AVAIT MIS SES PIEDS SUR LA LUNE... IL Y TROUVA UN ISLAMISTE QUI AVAIT ALUNI AVANT LUI PAR TÉLÉPATHIE... QUELLE BLAGUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 00, le 17 novembre 2014

  • Et vous croyez encore qu'il n'est pa devenu "une espèce d'Abou Bakr el-Stambouli" ? Le petit sultan (et un sultan turc c'est toujours "le calife") insiste à prouver au monde qu'islam et démocratie, ça ne marche pas, ça ne va jamais ensemble. Si Qardaoui est finalement banni du Qatar, comme le voudraient les autres pays du Golfe, sa place est garantie auprès de lui. Et dire que cet homme revendique pour la Turquie une place de membre de l'Union européenne !

    Halim Abou Chacra

    04 h 44, le 17 novembre 2014

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