Il est difficile de créer des classiques instantanés de la chanson libanaise patriotique des années 2000. En écrivant et composant le titre Watani il y a quelques mois, Marwan Khoury a de ce fait offert une perle rare à la soprano Tania Kassis. Magiquement transcendé par la voix limpide de la star, ce morceau musical s'inscrit dans la lignée des grandes chansons patriotiques immortelles dont le dernier en date remontait au début des années 90 et survivra sûrement au temps. Ce n'est d'ailleurs pas sans raison que Tania Kassis a choisi d'intituler « Watani » ses deux concerts célébrés au Casino du Liban ce week-end, deux belles soirées placées sous le signe du patriotisme à la veille de la fête de l'Indépendance.
Il faut dire que la jeune soprano évite les faux pas et pèse bien ses choix. Après l'Olympia en 2012, c'est la scène de l'Opera House de Sydney qu'elle a foulée au mois de juin dernier, avant que Cynthia Sarkis Perros (Luxury Limited Edition) ne lui organise ce spectacle en l'honneur du Liban, et qui a réuni le Tout-Beyrouth. Parmi les personnalités qui ont fait le déplacement, l'ancien président de la République, Michel Sleiman ; le ministre de la Culture, Rony Araiji ; le ministre du Tourisme, Michel Pharaon ; l'ancienne ministre Leila Solh Hamadé, et les ex-Premières dames Nayla Moawad et Mona Hraoui.
« "Watani" est l'histoire de chaque personne qui a quitté ce pays en laissant derrière elle l'amour de sa vie, l'histoire d'une génération qui croit toujours en la vie dans ce pays dont elle n'a pas pu se séparer », a confié Tania Kassis en début de soirée, après un Koullouna lil watan interprété a cappella. « C'est mon histoire, la vôtre, celle de chaque Libanais », a-t-elle ajouté, avant d'entamer un concert qu'elle a voulu raconter comme une histoire, altérant chants patriotiques, chansons d'amour pour « ce jeune homme que j'ai aimé et que j'ai dû laisser au Liban » et extraits des plus beaux textes de Gebran Khalil Gebran et d'Amin Maalouf diffusés en voix off. Une première partie du concert dont on retiendra le morceau Kermalak ya Lebnan, écrit par May Khalil, le tube de Barbra Streisand Papa, Can You Hear Me ?, Am behlamak ya helm ya Lebnan de Saïd Akl, titre chaleureusement applaudi et qui fêtera bientôt ses 40 ans, et un nouveau titre écrit et composé par Mike Massy intitulé Kam marra.
Après un bref entracte, Tania Kassis, toujours habillée en Carolina Herrera et Chopard, lance la seconde moitié du concert par Ounchoudat Beyrouth, parue sur son opus « Oriental Colors », avant d'enchaîner avec un autre nouveau titre signé Marwan Khoury, Hob el-hayat et le titre enjoué Trabak ya Lebnan. De sa voix tellement pure et juste que l'on se croirait en studio, Tania Kassis envoûte ensuite le public par Imani satee de Feyrouz et son incontournable Ave Maria islamo-chrétien interprété auprès des muezzins Maan Zakaria et Farès Massaad, capable de faire pleurer une pierre. Mais le clou du spectacle est sans surprise le magnifique titre Watani que la soprano avait chanté pour la première fois à Sydney et qui lui vaut une standing ovation. Une nouvelle chanson au rythme de la dabké intitulée Ardak enwanak, un poème de Nizar Francis mis en musique par Michel Fadel, clôture enfin le spectacle.
Un concert qui prouve que Tania Kassis a choisi de s'entourer par les bons artistes à la composition et à l'écriture, afin de produire des titres musicaux accessibles à tout public, sans jamais compromettre son intégrité artistique. Pour chanter la patrie et, pourquoi pas, l'amour aussi.
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commentaires (3)
BRAVO ! Et merci encore, Tania, tous les vrais et réellement éhhh Libanais sont si fiers de vous.
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
13 h 47, le 17 novembre 2014