Netanyahu en funambule entre extrémistes juifs et musulmans en colère

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est employé hier à désamorcer la colère musulmane autour de l'ultrasensible esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est.
Sur le terrain, environ 150 extrémistes juifs ont marché hier soir à Jérusalem pour réclamer le droit de prier sur l'esplanade des Mosquées mais ont été bloqués par les policiers avant même d'arriver au mur des Lamentations, en contrebas de l'esplanade. « Le peuple juif est lié au mont du Temple », a lancé l'ancien député Michael Ben Ari, « Pourquoi nos ancêtres priaient-ils ? Pour les bars de Tel-Aviv, pour la promenade de Haïfa ? Ils priaient pour revenir sur le mont du Temple. » Les extrémistes n'avaient quasiment aucune chance que les policiers les laissent approcher de l'esplanade. Ils se sont ainsi résignés à achever leur marche auprès du mur des Lamentations, au pied du lieu saint.
Dans le climat de crispation auquel Jérusalem-Est est en proie depuis l'été, l'appel à marcher « jusqu'aux portes du mont du Temple » faisait redouter une nouvelle flambée de violences après celle que les mêmes extrémistes avaient provoquée la veille sur l'esplanade et qui s'est ensuite propagée à plusieurs quartiers.

« Usurpateurs »
Mais les déclarations incendiaires comme celles de Michael Ben Ari ne peuvent qu'être perçues comme des provocations par les Palestiniens et les musulmans dans leur ensemble. « Les propriétaires légitimes, c'est nous. Eux ne sont que des usurpateurs », a-t-il déclaré en parlant des Palestiniens, qualifiés de « terroristes ». D'autant plus que Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville annexée et occupée par Israël, est en proie depuis l'été à des troubles qui se sont intensifiés ces dernières semaines. Neuf personnes, dont quatre auteurs ou auteurs présumés d'attaques, ont été tuées depuis juillet. L'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, est au cœur des tensions. Les musulmans s'inquiètent du risque que le Premier ministre israélien ne cède à la pression pour donner des gages à l'ultradroite en vue des élections attendues en 2015. De plus, ils protestent contre les atteintes israéliennes, répétées selon eux, contre le caractère sacré du site, comme son exceptionnelle fermeture la semaine passée.
Mercredi, les policiers sont entrés de plusieurs mètres à l'intérieur de la mosquée al-Aqsa. La Jordanie, gardienne de l'esplanade et en tant que telle porte-parole de l'exaspération musulmane, a rappelé son ambassadeur en Israël. L'un des deux seuls pays arabes à avoir conclu un accord de paix avec Israël il y a exactement vingt ans, elle s'est dit prête à prendre des mesures. Pour sa part, M. Netanyahu a appelé le roi Abdallah II de Jordanie hier. « Je lui ai dit que nous conservions le statu quo sur le mont du Temple et que cela comprenait le rôle traditionnel de la Jordanie, conformément au traité de paix », a déclaré M. Netanyahu selon ses services. De son côté, le roi, lui, « a rappelé que la Jordanie refusait fermement toute mesure compromettant le caractère sacré du sanctuaire d'al-Aqsa et le mettant en danger ou modifiant le statu quo », a rapporté le palais.
De plus, un Palestinien soupçonné d'avoir renversé trois soldats israéliens et très grièvement blessé l'un d'eux mercredi soir en Cisjordanie occupée s'est rendu, a indiqué l'armée israélienne hier. Le jeune homme nie avoir commis une attaque à la voiture-bélier et parle d'un accident, a expliqué sa famille. Ces attaques à la voiture-bélier sont de plus en plus fréquentes àJérusalem d'après les experts. En effet, pratiquement imparables, elles posent un sérieux défi aux services de sécurité israéliens mais témoignent aussi du manque de moyens de leurs auteurs palestiniens. En l'absence d'organisation et face au caractère individuel d'un acte qui peut être décidé d'un instant à l'autre, la tâche est quasiment impossible pour la police, qui a cependant décidé de disposer des blocs de béton devant les arrêts de tramway de Jérusalem.
Par ailleurs, environ 200 Palestiniens ont encore échangé avec les policiers israéliens pétards puissants, pierres, gaz lacrymogène, grenades assourdissantes et projectiles en caoutchouc dans le camp de réfugiés de Chouafat. Des heurts ont également éclaté dans le quartier de Issaouiya, dont les policiers ont bloqué trois des quatre entrées. Enfin, sur un autre plan, pour la première fois depuis sept ans, Israël a autorisé des agriculteurs palestiniens de Gaza à livrer leurs produits en Cisjordanie en passant par le territoire israélien.
(Sources : agences)

« Pas suffisamment grave... »