Après un coup d'œil sur la manchette, la lecture du journal commençait immanquablement par « Les faits du jour », devenus grâce à lui institution nationale. Commentaire explicatif autant qu'éditorial-jugement, ces quatre colonnes immuables au bas de la une donnaient le ton, œuvre de l' homme qui vient de disparaître, discret comme tout au long de sa vie et, des dizaines d'années durant, témoin – fidèle, lucide toujours, impitoyable parfois – d'une époque parmi les plus riches, les plus confuses aussi de l'histoire du Liban et du monde.
Pour les lecteurs de L'Orient, il aura été l'étoile du berger qui guide et éclaire ; pour nous ses collaborateurs, René Aggiouri fut le berger qui veille et rassemble. Rédacteur en chef puis codirecteur, R. A., comme il signait ses articles, avait inculqué à l'équipe qu'il dirigeait cette rigueur qui était le principal trait de son caractère. On la retrouvait, cette minutie, jusque dans le plus infime détail, l'emplacement des guillemets, par exemple, avant ou après la ponctuation, suivant la formulation de la citation. Et son souci du bien-être des collaborateurs du quotidien l'avait porté à élaborer un organigramme prévoyant une échelle des salaires, la détermination des congés annuels, le roulement des diverses équipes...
Adieu, l'homme à la légendaire bouffarde. En ces jours d'errances libanaises devenues notre pain quotidien, peut-être n'est-il pas trop tard pour vous le dire : vous nous manquez, ô combien.
Christian MERVILLE
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