Pour les fondateurs du cabinet d'architecture allemand Sauerbruch Hutton, l'architecture est une discipline « ancrée au cœur de la société ». « Au-delà de son apport et de son interactivité avec une multiplicité de champs tels que la politique, l'urbanisme, le social, l'économique, le technique et l'écologique, l'architecture est en soi une pratique avant-gardiste de construction de nos sociétés futures », explique Matthias Sauerbruch en présentant leurs projets construits au fil des ans. Et de confier : « Après la Seconde Guerre mondiale, il a fallu reconstruire la ville de Berlin, la redéfinir, lui donner une nouvelle âme. Puis vint l'apparition du mur qui scindait la ville en deux. À l'époque, l'urbanisation de la capitale était conçue comme une réaction à ce "mur de la honte". Les immeubles répondaient à une multitude d'influences architecturales : baroque, moderne... Nous avons voulu surmonter cela, aller au-delà de ce présent et regarder vers le futur, tout en maintenant le respect de la mémoire de cette cité et de son architecture. »
Commence alors la reconstruction des bâtiments, guidée par la nouvelle façon de ces deux architectes de « penser les façades », plus convexes, plus originales, avec des couleurs qui donnent « une vision beaucoup plus agréable ». Ils appliquent des technologies avancées, utilisent des matériaux riches, des textures dessinées pour le bien-être de l'individu, et pour une utilisation sensuelle de l'environnement et de la nature. Leurs travaux couvrent des immeubles fédéraux, des bureaux, des hangars de production, des banques, des logements à Francfort, Munich, Berlin. Un succès et un travail qui leur ont valu plusieurs prix nationaux et internationaux.
Fonctionnalité et durabilité
« Nous voulions, certes, créer la surprise et susciter la curiosité en offrant au public une autre approche de l'architecture et une autre façon de la vivre, mais c'est surtout la conception d'une architecture qui redéfinit la notion courante d'immeuble écologique qui était à la base de notre pensée », affirme Louisa Hutton. Les deux architectes favorisent alors les systèmes d'énergie renouvelable naturelle et passive : ouvertures dans les murs pour maximiser la lumière, utilisation de l'énergie du soleil pour faciliter l'éclairage et le réchauffement naturel à l'intérieur des bâtiments, et capter la ventilation extérieure créée par l'orientation du vent, etc.
La conférence, précédée par la projection du documentaire de Harun Farocki, tournée trois mois durant au sein du grand cabinet berlinois, a permis de rendre compte du travail de fourmis de ces architectes, allant du bâtiment aux moindres poignée de portes et détails des chaises ; une alternance de plans entre le dessiné et le bâti, le plan et le tridimensionnel, avec toujours ce souci de fondre l'édifice dans le paysage.
Lamia SFEIR DAROUNI
commentaires (0)
Commenter