« Moi, réfugié palestinien, je vois se répéter la scène de mon déplacement et je me tais. J'avance sur une ligne droite, sans savoir vers où. Depuis 76 ans, j'invente une stabilité. Alors que s'accumule le temps, je fabrique une vie à partir de la nécessité »... Au fil de ces phrases, lues en voix off, progresse le dernier documentaire réalisé par Carole Mansour, intitulé Nous ne pouvons y retourner maintenant, mon ami.
Des Palestiniens réfugiés en Syrie, contraints à un nouveau déplacement au Liban, y évoquent leurs pertes, leur Naqba rééditée. « C'est comme courir à un rythme soutenu, sans reprendre son souffle », affirme lentement Samer, 29 ans, cinéaste. De sa fuite du camp de Yarmouk en Syrie, il retient « l'instant précis » où il a pris conscience de « l'impossibilité de revenir ». Cet instant initie le cycle de la perte, où s'emboîtent l'intime et le collectif. « La perte se mêle à tout. Elle touche au tréfonds. À mesure que j'évolue, je vois ma vie se transformer en souvenir devant mes yeux », poursuit la voix off. Les interviews successives gravitent autour de la perte. Les mots sont des émotions. Les noms, occupations et itinéraires respectifs des personnes interviewées ne sont d'ailleurs fournis qu'à la fin du documentaire. Les récits relatés se déroulent en dehors de l'espace et du temps. Face au poids inestimable de la perte, l'âge devient un non-sens. Depuis qu'elle a appris la mort de son père, dans le camp de Yarmouk, Hanine, 10 ans, attend encore « d'entendre sa voix, afin de me calmer. Sinon, je sens que je vais tomber malade ». Les rubans qui lient ses longues tresses, assortis à sa robe, accentuent sa candeur, qui épouse, comme une harmonie inattendue, la gravité de ses propos. « Notre maison à Yarmouk était petite, mais tout le monde s'y sentait bien. C'est ma maison, je l'ai perdue, mais elle est là », ajoute-t-elle.
Le souvenir est une fin visible et non un passé qu'on élague ou idéalise. Le peuple palestinien en fait sa réalité, dans l'affliction ou l'espoir, dans la détresse ou le répit.
« Un camp palestinien, ce sont des gens et des idées, c'est un rêve, le rêve de la libération », explique Hani, 37 ans, caricaturiste. Ses yeux bleus humides s'allient à la verdure d'un parc de Genève où il vit désormais. Le gazouillis des oiseaux couvre ses paroles de nostalgie. Transposée à l'échelle d'une nation émiettée, cette nostalgie devient espoir.
Chaque Palestinien interviewé a sa relique d'espoir. Il en est ainsi du matelas en laine, fourré des toisons des moutons de Raqqa, que Youssef, 57 ans, poète, transporte avec lui depuis son départ des territoires occupés. Ou du petit chat de gouttière que Naël, 25 ans, a trouvé dans une rue de Beyrouth, avant de « tout faire » pour l'emmener avec lui en Suède.
Le lien humain demeure l'immuable revanche contre la fatalité de la perte. Au-delà du deuil, il est une force commune qui ne s'épuise pas, une solidarité entre Palestiniens, dont le camp de Yarmouk était un modèle.
À Beyrouth, la misère, la cherté de vie, les multiples contraintes imposées aux réfugiés palestiniens semblent les éloigner les uns des autres. Au-delà de ces obstacles matériels, il est un défi plus grand, celui de faire face au vide que laisse la perte sur son passage.
L'aisance verbale de Abou Gaby, 27 ans, artiste-musicien, trébuche lorsqu'il évoque « tous ceux que j'ai perdus ». À peine commence-t-il à citer ses amis disparus qu'il se tait, pour cacher ses larmes qui semblent lui faire honte. « Il n'y a plus que le néant, il n'y a rien en dehors de cela », trouve-t-il à lancer, après avoir repris son souffle.
Cette vision crue de son vécu exacerbe son attachement à une mère que jamais il ne quitterait pour une meilleure vie ailleurs. Même le néant recouvre un sens.
Dans « la brume de l'attente », que décrit Nesrine, mère au foyer, il y a la valse d'une infinité de vies, toutes nées dans la tourmente, toutes marquées des stigmates d'une nation qui survit par ses êtres. « Je suis d'abord palestinien, puis syrien ou suédois, ou suisse, ou français, et j'ai l'espoir de revenir en Palestine »... Dans cette phrase, convergent les quatorze voix animant le documentaire, dont les échos touchent à différentes strates de l'existence, à différentes raisons de vivre.
Le documentaire, financé par le Heinrich Böll Stiftung, sera projeté en avant-première demain à 20 heures dans les salles de l'Empire Sofil.
Pour mémoire
Dans le camp de la faim à Damas, le pianiste de l'espoir...
La prochaine Révolution Palestinienne consistera non + à ménager ce bääSSyrien, mais à le détruire. C'est la condition 1ère de toute Thawrâ prochaine. C'est aussi ce que tentent toujours de faire, ces Palestiniens héroïques. De quelle faculté de sacrifice sont doués ces devenus éhhh Syro-libanais ! Encerclés since 48, par la trahison intérieure + encore que par l'ennemi extérieur, ils se soulèvent encore sous ces lâches attaques bääSSyriennes comme s'il n'y avait jamais eu de conflit entre La Palestine et cette bääSSyrie ; comme si cette étrange étrangère n'était + sous les "meurtrières" des camps de Palestine ! L'histoire ne connaît still pas d'exemple d'1 pareille grandeur. S'ils succombent, seul leur caractère "bon enfant" en sera cause. Ils eurent fallu marcher aussitôt sur le palais des mouhâjirînes, après que ces aSSadiques eurent laissé 1 peu le champ libre juste après le début en 011 de la Révolution en Syrie. Ces Libano-syriens Palestiniens laissèrent passer le moment. Ils ne voulaient pas recommencer 1 guerre civile à la libanaise, comme si ce méchant avorton aSSadiot ne l'avait pas déjà recommencée. Quoi qu'il en soit, ces fiers Palestiniens, même succombant devant les loups, les cochons et les chiens, resteront le + glorieux exploit Libano-syrien éhhh since longtemps. Que l'on compare donc ces titans Palestiniens Libano-syriens, aux esclaves bääSSyriens fakkihisto-Per(s)cés avec leurs mascarades posthumes, leurs relents de secte, de caserne et d'autocratisme !
05 h 31, le 22 octobre 2014