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Liban - Médias

La journaliste Alice Antheaume parle numérique à la Résidence des Pins

Directrice adjointe de l'école de journalisme de Sciences Po et spécialiste des nouveaux médias, Alice Antheaume a présenté mardi soir les nouveaux enjeux de la profession, lors d'une rencontre organisée par l'ambassade de France et l'Institut français du Liban.

Selon Alice Antheaume, les réseaux sociaux font partie du domaine d’observation des journalistes.

« Le journalisme numérique, ça va mieux en le pratiquant », a répété la directrice adjointe de l'école de journalisme de Sciences Po et spécialiste des nouveaux médias, Alice Antheaume, lors d'une rencontre à la Résidence des Pins, mardi soir. La journaliste a pu y partager son expérience multimédia avec une cinquantaine de confrères.


Pour cette « journaliste digitale », comme l'a surnommée le chargé d'affaires à l'ambassade Jérôme Cauchard, en vertu des 164 000 abonnés à son compte Twitter, le monde de la presse a déjà connu une véritable révolution, qui modifie en profondeur le métier de journaliste. « J'ai commencé à écrire en 2002, raconte-t-elle, ce qui correspond à la préhistoire du numérique ! À cette époque, ni le haut débit, ni Twitter, ni les "pure players" (médias publiant uniquement des contenus web) n'existaient. » Ceux-ci font vite leur apparition sous les noms de Slate, Rue89 ou encore Buzzfeed et poussent les journaux traditionnels à repenser leurs modèles économiques. « L'an dernier, Buzzfeed a embauché 150 journalistes. Je ne connais aucune autre rédaction au monde capable de cela. » Le secret de ces entreprises de l'information, dont les contenus sont publiés exclusivement en ligne, est, selon Alice Antheaume, leur capacité d'innovation. « Le lecteur a changé, il ne lit plus le journal qui devient plutôt un média rare et luxueux. Les lecteurs déroulent les articles qu'ils consultent sur leurs smartphones ou tablettes, jouent à des quizz sur l'actualité et cliquent sur des graphiques animés qui leur font comprendre, par exemple, le fonctionnement du budget de leur État. »

 

Journaliste 2.0
Le journaliste 2.0 (qui utilise les nouvelles technologies du web, tels les réseaux sociaux) doit donc proposer sans cesse à son lectorat des formats qui lui correspondent, se demandant si des images, sons ou vidéos serviront mieux l'actualité qu'il souhaite publier. Le chiffre des 4 millions de Libanais abonnés à la téléphonie mobile, pour 4,1 millions d'habitants, est selon elle significatif du fait que les contenus mobiles doivent devenir une priorité pour les rédactions. Ses 1,8 million d'abonnements Facebook démontrent eux aussi l'importance des réseaux sociaux pour le pays. « 60 à 70 % des informations publiées par les pure players s'inspirent de réseaux sociaux », poursuit-elle. « Les réseaux sociaux font partie du domaine d'observation des journalistes. Un policier pourra par exemple y exprimer son malaise, des jeunes aussi. Le web est le lieu d'une facette de la vie de ses utilisateurs. »


La directrice adjointe de l'école de journalisme de Sciences Po est convaincue qu'en 2014, un journaliste doit non seulement rédiger des papiers au format magazine, mais aussi être capable de réagir 24 heures sur 24. « Répondre aux commentaires en dessous des articles n'est pas le travail du community manager (personne chargée d'animer les réseaux sociaux) mais bien du journaliste qui progresse grâce à ses lecteurs. Il doit être capable de penser avec deux cerveaux : un premier cerveau toujours en alerte, au courant "en temps réel" de l'actualité et en dialogue avec ses lecteurs, et un second qui réfléchisse et recadre cette actualité, que l'on retrouve dans les formats plus "magazine". » Toute une gymnastique, pour laquelle les journalistes bénéficient du soutien de leurs écoles, qui ont modifié leurs maquettes pédagogiques afin de les former à la maîtrise de ces deux temporalités.


Alice Antheaume y croit : «J'ai donné une formation en Afrique du Nord, puis au Liban où j'ai été surprise par le potentiel des journalistes. Ils trouvent des échappatoires aux problèmes de connexion, ne s'arrêtent pas d'innover. Ils sont, certainement, porteurs de solutions pour aider leurs rédactions à traverser la crise de la presse. »

 

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