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Cinema- - Rencontre

Joëlle Touma, la passion des mots... et des films

Invitée par Colette Naufal à rejoindre le jury du Biff 2014, la scénariste libanaise Joëlle Touma, établie en France depuis quelques années, a parlé de cette expérience, de son travail ainsi que de la passion qui l'anime.

Joëlle Touma ravie de l’expérience de membre de jury au Biff : « Et dans mon pays en plus ! » Photo Michel Sayegh

Q. Amoureuse des mots, Joëlle Touma a réussi à transformer cette passion en mode cinéma. Comment s'est opéré le passage de la littérature au 7e art ?
R. Au départ, j'ai poursuivi des études de lettres françaises. J'ai travaillé à la TV, fait du théâtre, mais j'ai toujours rêvé d'écrire. Une formation née d'un accord entre l'Iesav, l'Alba et la Femis vers l'année 97 s'est présentée à moi, je l'ai saisie. J'ai donc eu la chance d'être l'élève d'une des meilleures enseignantes de France, Marie Geneviève Ripeau.

Quels ont été par la suite vos principaux travaux ?
J'ai coécrit avec Ziad Doueiri Lila dit ça, L'Attentat et L'Insulte, film en cours (produit par Ezekiel). Par ailleurs, j'ai écrit Man in the Middle, qui n'a pas encore paru, et le scénario de Just Like a Woman pour Rachid Bouchareb.

Comment a lieu une coécriture ?
La coécriture est enrichissante. Je peux écrire avec Ziad durant toute la période d'écriture, soit des scènes à part que nous partageons par la suite. Nous discutons beaucoup et de là naissent un tas de questions et d'idées. Quand je suis seule, souvent je tourne en rond.
Le rythme du produit final est très important. On relit le premier jet pour voir si le scénario n'a pas un ventre mou. Arranger, couper, ou changer la psychologie d'un personnage sont autant de gestes à respecter.

Quelle est donc selon vous la recette d'un bon scénario ?
Il faut écrire un scénario avec énormément de soin. Que l'histoire se tienne et que les personnages soient bien dépeints avec leur psychologie. Qu'il y ait une tension, des conflits dans le déroulement de l'action. Bref, il faut prendre le temps de réfléchir, de mûrir les idées, de réécrire, de se reposer des questions. De fermer des fenêtres qu'on a ouvertes. C'est ainsi que le scénario acquiert des couches de signification que le spectateur ressentira sans que ce ne soit expressément dit.

En tant que scénariste comment avez-vous évalué le travail présenté au Festival du film libanais ?
Dans la sélection actuelle du Biff, il n'y avait malheureusement pas de longs-métrages libanais sélectionnés. Par contre, dans les courts-métrages il y avait un travail de scénario, des idées, notamment un en particulier qui était bien construit. Il y avait donc un véritable effort d'écriture. Mais en général le scénario au Liban est considéré comme un problème secondaire et les étudiants ont tendance à le négliger. À qui la faute ? Je n'en sais rien. Soit l'enseignement est trop généraliste, soit l'étudiant est trop pressé et préfère choisir la réalisation ou une autre branche du cinéma. Par ailleurs, le scénariste a tendance à utiliser parfois le dialogue pour raconter des histoires, alors que ce sont les situations qui racontent mieux l'histoire. Il n'y a pas de film sans scénario, même si celui-ci est un objet de transition. L'inspiration ne suffit pas, c'est la réécriture qui est la clef d'un bon scénario. Si ce dernier est boiteux, cela donnera nécessairement un mauvais film.

Privilégiez-vous les scénarios « agitateurs » ?
Lorsque j'ai quitté mon pays, j'étais en colère. Aujourd'hui, avec du recul, je jette un regard plus paisible, chargé de tolérance. Je ne parlerai pas de thèmes agitateurs, mais je ne suis pas là pour caresser dans le sens du poil. Le cinéma, comme tout art, doit inciter les gens à réfléchir, les aider et à débattre certaines questions. Que le film The Attack n'ait pas été projeté au Liban a été une grosse erreur, car le sujet intéresse les Libanais plus qu'aucun Occidental.

Comment avez-vous accusé le coup ?
C'était une énorme déception mais, plus que cela, cet interdit était une entrave à la carrière d'un réalisateur, à savoir Ziad Doueiri, puisque cela l'a empêché également de représenter le Liban aux oscars.

Parlez-nous de votre prochain projet ?
L'Insulte est produit par Ezekiel, la boîte d'Antoun Sehnaoui. L'action se passe au Liban et parle d'une simple insulte qui va faire boule de neige, causant de multiples catastrophes. Un sujet propre au Liban, émaillé de scènes de procès intéressantes.

 

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