L’accord entre le tandem Mansour-Mawlaoui et les cheikhs de Bab el-Tebbaneh entre en vigueur

Les groupes d'Oussama Mansour et de Chadi el-Mawlaoui ont enfin évacué la mosquée Abdallah ben Massoud, comme convenu à l'issue d'une série de tractations avec des cheikhs de Bab el-Tebbaneh.
Les deux jeunes Tripolitains, qui avaient affirmé être des sympathisants du Front al-Nosra, avaient squatté avec vingt autres personnes armées pendant plusieurs semaines la mosquée qu'ils avaient dotée de caméras de surveillance. Le groupe, qui est accusé d'avoir initié plusieurs attaques contre l'armée, avait reçu un ultimatum de la part de la troupe qui s'apprêtait à lancer une opération militaire contre eux pour éradiquer ce phénomène.
Suite à l'intervention de plusieurs personnalités politiques et religieuses de la ville, des pourparlers ont eu lieu pour convaincre les membres du groupe de quitter la mosquée, voire même le pays pour épargner à la ville une bataille coûteuse en vies humaines.

Une fois de plus, l'entente à l'amiable semble avoir réussi à se substituer au recours à la force pour crever un nouvel abcès qui devenait de plus en plus inquiétant pour la stabilité de la ville.
À l'heure de la prière de midi, l'accord conclu avec le groupuscule armé est entré en vigueur, permettant aux fidèles d'accéder aux lieux pour se recueillir. L'imam a d'ailleurs ouvert les portes de la mosquée aux journalistes pour leur permettre de constater le retour à la normale.
Dans un communiqué publié par la suite, Oussama Mansour et Chadi Mawlaoui ont démenti les propos du ministre de la Justice, Achraf Rifi, selon lesquels une intervention de députés et de ministres tripolitains avait eu lieu en vue de l'évacuation de la mosquée, ou pour l'élimination des apparitions armées dans la ville, assurant que personne ne pourra les empêcher de retourner à la mosquée pour prier. « Ce sont quelques cheikhs de Bab el-Tebbaneh et certains notables de la localité qui ont effectué la médiation », ont-ils précisé.
Mansour et Mawlaoui ont affirmé par ailleurs que les propos qui font état d'une « victoire illusoire » obtenue par certains responsables politiques qui disent avoir réussi à éviter un affrontement avec l'armée « ne sont que de la pure diffamation ». « Seule l'union des jeunes, des cheikhs et des ulémas de la ville, armés de sagesse et du sens de la responsabilité, a pu épargner à la ville le conflit. »
Si le groupe dirigé par Oussama Mansour a effectivement évacué la mosquée, rien ne prouve cependant qu'il quittera Bab el-Tebbaneh, comme l'avaient envisagé certains, ou qu'il renoncera ultérieurement au recours aux armes, si les circonstances devaient le commander, croit-on savoir.
À ce propos, l'ancien député Moustapha Allouch a indiqué qu'« il n'y a aucune garantie à ce niveau, d'autant que nous sommes actuellement dans l'œil du cyclone. Nous ne faisons que guérir une blessure ponctuelle », a-t-il dit.

(Pour mémoire : Le mufti Chaar à « L’OLJ » : Les sunnites sont modérés et le Hezbollah est ouvert au dialogue)

Les auteurs des agressions contre l'armée
Commentant l'opération d'évacuation de la mosquée, le ministre de la Justice, Achraf Rifi, a déclaré dans une intervention express à la LBC : « La situation a été désamorcée à Tripoli. C'est la seconde fois que nous sommes confrontés au risque d'un affrontement entre la troupe et quelques éléments armés. »
Le ministre a mis en garde contre ceux qui cherchent à déstabiliser la capitale du Nord.
« La sécurité de Tripoli ne sera pas un fonds de commerce aux mains de qui que ce soit. Nous devons y vivre en citoyens égaux. Que personne ne croie qu'il pourra imposer ses desiderata et son agenda sur l'autre », a-t-il souligné. Le général Rifi a par ailleurs indiqué que « ceux qui ont lancé des grenades contre l'armée sont des miliciens qui gravitent dans l'obite du Hezbollah ».
M. Rifi a rappelé au passage la situation explosive dans la région et l'impact de la crise syrienne au Liban. « Je suis toutefois convaincu que la situation sera bien contrôlée par l'armée, les institutions et l'État libanais », a-t-il assuré.
À la question de savoir si le groupe de Mansour restera à Tripoli ou quittera la ville, le ministre a affirmé : « Personne ne verra des éléments armés ni à Bab el-Tebbaneh ni ailleurs. Ceux qui ont agressé l'armée ne sont pas originaires de Bab el-Tebbaneh », a-t-il dit.

(Pour mémoire : Tripoli : le groupe Maoulawi-Mansour, « un mal plus médiatique que réel », pour l'instant)

Le groupe Abdallah Azzam
Dans ce cadre, Sourajeddine Zoureikate, le porte-parole des Brigades Abdallah Azzam, un groupuscule proche d'el-Qaëda, s'est adressé, à partir de son compte Twitter, aux habitants de Tripoli qu'il a appelés à « prendre garde contre le piège qui leur est tendu par le Hezbollah et à ne pas s'aventurer dans une guerre contre l'armée libanaise ».
« Vous êtes aujourd'hui poussés à entrer dans une guerre d'usure contre l'armée au profit du Hezbollah. Une guerre qui fera couler votre sang et celui des soldats sunnites de l'armée. Si un tel affrontement a lieu à Tripoli, a poursuivi le porte-parole, seul le Hezbollah en sortira intact. »
Et d'ajouter : « Ne réitérez pas les erreurs du passé. Et évitez de tomber dans des pièges répétitifs. Notre bataille principale au Liban est contre un parti criminel qui se présente à tort comme étant le parti de Dieu. Ce dernier a étendu son emprise sur le Liban en terrorisant ses habitants, en les tuant et en commettant des assassinats politiques », a souligné cheikh Zoureikate. Il a accusé le parti chiite d'avoir étendu sa domination aux services de sécurité, à leur tête la Direction des services de renseignements de l'armée et la Sûreté générale, exploitant ces deux institutions pour « opprimer les sunnites ». « L'armée est un outil docile aux mains du Hezbollah, utilisée pour massacrer les sunnites et les emprisonner », a-t-il conclu.

Les arrestations de Syriens par les forces de l’ordre se poursuivent