La rue selon Chanel

Décidément, le Grand Palais n'a pas fini d'en voir de toutes les couleurs avec Karl Lagerfeld. Transformé en supermarché géant pour les collections automne-hiver, le revoilà déguisé en boulevard parisien pour le printemps-été 2015 de Chanel. Entre façades géantes en trompe l'œil et chaussée striée de lignes blanches avec quelques flaques d'eau pour mimer le caniveau, l'illusion est parfaite. Comme d'habitude, la maison a mis les petits plats dans les grands pour le show le plus attendu de la Semaine de la mode parisienne, faisant défiler les tops les plus célèbres avec un finale en forme de manif, les plus belles filles du monde équipées de porte-voix vintage qui scandaient : «What do we want?», « When do we want it ? » et le troupeau de cadettes, entourant Karl, qui répondaient en chœur : «Free !» et «Now!». Un grand moment mode avec de nouveaux codes annoncés pour le printemps prochain. Dans une vidéo publiée sur le site officiel de la marque, Lagerfeld justifie son choix «back to the seventies» en expliquant que c'était après tout une décennie antiguerre avec notamment le slogan et le logo Love&Peace (que l'on retrouve camouflé dans les deux «C » entrelacés de Chanel). Une décennie qui a également beaucoup fait pour la libération de la femme. Les pancartes des «manifestantes » disent que «les hommes aussi devraient avoir des grossesses», que « la journée de la femme, c'est tous les jours », et réclament le «divorce pour tous». Lagerfeld souligne que la nouvelle palette, plus colorée que d'habitude, est empruntée à ses propres aquarelles, que l'attitude est un peu masculine, avec des pantalons d'homme, des boutonnages inversés, mais des hauts ultraféminins. Même les souliers sont masculins devant et féminins derrière, grâce à leurs brides. On constate un traitement du tweed façon mica, qui rappelle le macadam. Street chic, oui, mais alors très très chic.