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Mode - Une mode qui rapproche

Rami al-ali, la syrie au cœur

Modèle de la collection Rami al-Ali automne-hiver 2011-2012.

Ses robes en mousseline, tulle, perles ou soie brodée sont légères, mais son cœur est lourd : Rami al-Ali, 40 ans, couturier syrien de passage à Paris, fait de son art un mariage entre Orient et Occident, mais son quotidien est fait de craintes pour ses proches restés en Syrie.
« J’espère qu’ils (les Amis du peuple syrien réunis vendredi à Paris, NDLR) vont penser avant tout aux gens (aux Syriens) et rien qu’à eux », lâche-t-il à l’AFP, en regardant la caméra bien en face.
« Penser vraiment à la situation du moment et comment ils peuvent sauver les gens, avant toute autre chose », répète-t-il, interrogé sur la conférence qui réunit le jour même à Paris une centaine de pays occidentaux et arabes sur le conflit syrien qui a fait plus de 16 500 morts, essentiellement des civils, en près de 16 mois, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Silhouette menue, cintrée dans une veste claire, cheveux bruns élégamment plaqués en arrière, Rami a le regard noir. Il affiche pourtant un sourire philosophe, à quelques heures de son retour à Dubaï – où il a élu domicile en 1997 –, après une semaine d’intense activité à Paris, où il présentait sa deuxième collection lors de la Semaine de la haute couture.
« Tous mes proches sont restés en Syrie, mes parents, mes sœurs, mes amis, tous les gens que j’aime, que je connais. On s’informe d’heure en heure sur la situation », explique-t-il, soucieux de ne pas trop en dire.
« Je ne fais pas vraiment confiance à la télévision, c’est pourquoi je m’informe en personne. Personne ne sait où ça va, nous espérons seulement qu’ils demeurent sains et saufs », ajoute l’enfant de Deir ez-Zor dans l’est du pays, ville rebelle où se déroulaient vendredi des manifestations massives pour réclamer la chute du régime du président syrien Bachar el-Assad.

Asma el-Assad
Derrière lui, Diala, une de ses amies, déambule telle une déesse sur le pavé glissant de la capitale, portant ses toutes dernières créations : une robe courte, translucide, brodée de feuilles et de fleurs d’or, et une autre, brodée de perles de jais et dotée d’une longue traîne en tulle et dentelle.
Une « alliance », explique-t-il, née de ses recherches sur « les traditions ancestrales et l’artisanat syrien et oriental, associées à la modernité du monde occidental ».
« C’est une pièce de la collection 2012, présentée il y a quelques jours. Le thème est inspiré de l’époque baroque », explique le couturier, qui a étudié aux Beaux-Arts de Damas avant de s’orienter vers la mode en 1995 et de s’installer en Syrie deux ans plus tard, où il a créé sa propre maison de couture en 2000.
« Je voulais que la broderie soit elle-même le design plutôt que de l’utiliser comme un outil », ajoute-t-il.
Après un premier défilé à Rome en 2009, Rami al-Ali s’est fait connaître à Paris en janvier dernier.
Tandis que Diala arpente une allée célèbre ou s’appuie le temps d’un cliché contre une colonne, Rami parle des femmes avec adoration. Il développe : « Le fossé entre la femme au Moyen-Orient et la femme occidentale se rétrécit, il n’est plus du tout le même qu’il y a 20 ou 30 ans. La femme au Moyen-Orient étudie à l’étranger, fait ses courses à l’étranger, elle a un appartement à Paris, un appartement à Londres. Elle se mêle à la culture occidentale, elle s’en nourrit et lui apporte aussi parfois une part d’elle-même. »
Interrogé sur la Première dame de son pays, Asma el-Assad, dont la presse mondiale rendait encore hommage à la beauté et au glamour il y a peu de temps, le couturier est direct : « Je l’ai trouvée élégante au départ. Elle faisait attention à son look, ce qui n’est pas le cas de toutes les femmes de président (...). Aujourd’hui, il s’agit de sa personne, et je manque d’objectivité, mais elle ne fait pas ce qu’on attendrait d’elle, elle ne soutient pas le peuple
syrien. »
Ses robes en mousseline, tulle, perles ou soie brodée sont légères, mais son cœur est lourd : Rami al-Ali, 40 ans, couturier syrien de passage à Paris, fait de son art un mariage entre Orient et Occident, mais son quotidien est fait de craintes pour ses proches restés en Syrie.« J’espère qu’ils (les Amis du peuple syrien réunis vendredi à Paris, NDLR) vont penser avant...

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