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Mariages au Liban : fastes de cour et somptueuses cérémonies

Une liste de mariage « pour ceux qui le désirent » et pour ne pas s’endetter

Gabriel a vendu un terrain pour marier son fils aîné...

Si un jeune homme dépense un million de dollars le soir de son mariage, libre à lui. S'il dépense des épargnes accumulées pendant dix ans en s'abstenant d'acquérir un appartement, passe encore. Mais le non-sens libanais fait que d'aucuns s'endettent en bonne et due forme pour célébrer un grand mariage. En 2012, par exemple, Gabriel, un plombier, mariait son fils aîné. Ne pouvant payer les frais d'une telle réception qui, selon la tradition libanaise, se doit d'être payée par l'époux quitte à ce que la mariée ou ses parents s'occupent des fiançailles, Gabriel a vendu un terrain qu'il avait hérité de ses aïeux. La somme collectée par la vente a permis ainsi aux époux de célébrer leur soirée de noces, et le restant de la somme a heureusement fini en banque.
Les exemples de personnes qui ont voulu organiser une grande cérémonie de mariage sans en avoir les moyens sont nombreux, surtout que ces festivités deviennent de plus en plus coûteuses. Surtout aussi que leur coût s'ajoute à celui de la cérémonie de fiançailles, souvent célébrée également avec faste, sans compter la «bachelor party» devenue inévitable, ou la cérémonie de signature du contrat de mariage chez les musulmans, souvent suivie d'un dîner, et la demande en mariage, ou «proposal». Tout un rituel!
Dans ce méli-mélo financier, les futurs mariés ont trouvé une solution: la liste de mariage. Si la mode des mariages a évolué au Liban, celle des cadeaux offerts a aussi changé. Autrefois, l'on se contentait d'offrir aux époux un objet de valeur pour la maison, une bonbonnière ou un plat en argent. Est venue, après, la mode des listes faites chez un grand vendeur d'appareils électroménagers, où les invités devaient choisir entre un balai électrique et une râpeuse de carottes. Par la suite, les invités étaient appelés gentiment à payer la somme qui leur paraissait convenable dans l'un de ces centres commerciaux. Et puis carrément, question de faire plus pratique, les futurs époux ont fini par inscrire leur numéro de compte sur le carton d'invitation, avec la mention «Pour ceux qui le désirent».
Si certains Libanais trouvent cette méthode plus pratique pour ne pas trop se tracasser à choisir un cadeau, d'autres y voient carrément une manière de rembourser les dépenses faites par les mariés pour la cérémonie. «Autrefois, nous avions l'habitude de payer 100 dollars ou même 50 dollars pour la liste de mariage, raconte une employée de 32 ans, qui a été invitée à plus de huit mariages cet été seulement. Aujourd'hui, nous avons honte de payer moins de 100 dollars par personne. Si nous sommes trois à être invités en famille, nous payons 300 dollars. C'est, en fait, comme si nous étions en train de payer le dîner qu'on nous offre. Les temps ont changé.»
Du côté des mariés, par ailleurs, la liste de mariage est souvent prise en compte dans la planification des dépenses. «Nous avons payé plus de 70000 dollars pour notre mariage et nous comptions sur la liste de mariage pour être remboursés, souligne une nouvelle mariée. La liste a rapporté dans les 35000 dollars.»
«Si j'épouse un homme riche, je n'adopterai pas ce système, affirme une autre jeune employée de 26 ans. Ce n'est pas très classe. Mais il se peut que je fasse comme tout le monde si jamais je suis dans le besoin.»
Au niveau des experts en protocole, Aimée Succar relève que «la liste de mariage n'existait pas quand les règles du protocole ont été établies». «Mais nous ne pouvons pas dire que cela pourrait faire partie du nouveau protocole, souligne-t-elle. Imposer aux invités un cadeau qui se limite à une somme d'argent détruit la signification de ce présent, même si la liste de mariage vise à soutenir les nouveaux mariés financièrement. Ce n'est pas un péché mortel, mais ce n'est pas respectueux, surtout qu'un véritable cadeau est chargé de beaucoup plus d'émotion, il dure davantage et les époux se rappelleront toujours de la personne qui le leur a offert. Quant aux invités, ils ne sont pas obligés d'offrir de l'argent si une liste est mentionnée sur le carton d'invitation. Ils peuvent offrir des fleurs ou toute autre chose. Enfin, et s'ils désirent participer à la liste de mariage, ils ne sont pas obligés de payer une somme minimum, ajoute-t-elle. Chacun peut offrir la somme adéquate en fonction de ses capacités pécuniaires, et les mariés n'ont pas le droit de blâmer un invité pour avoir payé une somme dérisoire ou pour ne pas avoir participé à la liste de mariage.»

Si un jeune homme dépense un million de dollars le soir de son mariage, libre à lui. S'il dépense des épargnes accumulées pendant dix ans en s'abstenant d'acquérir un appartement, passe encore. Mais le non-sens libanais fait que d'aucuns s'endettent en bonne et due forme pour célébrer un grand mariage. En 2012, par exemple, Gabriel, un plombier, mariait son fils aîné. Ne pouvant payer...

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