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Culture - Événement

« Here and Elsewhere », un hommage à l’art arabe contemporain au New Museum de New York

« Here and Elsewhere » (Ici et ailleurs) est le thème de la grande exposition d'art contemporain du monde arabe qui se tient au New Museum de New York jusqu'au 28 septembre.

Une aquarelle d’Etel Adnan.

Cette exposition, la première du genre à New York, groupe les œuvres d'artistes venant de Beyrouth, du Caire, de Amman, de Dubaï, Doha, Marrakech, Ramallah et Sharjah, dont beaucoup vivent et travaillent à l'étranger. Répartie sur cinq étages, elle met en exergue l'importance de l'art contemporain arabe émergent sur la scène artistique internationale.
L'exposition se place dans un contexte géopolitique bien défini, tout en explorant la riche créativité artistique issue du monde arabe et son entrée dans l'économie internationale de l'art. Plus de quarante-cinq artistes de douze pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord y figurent, dont notamment une délégation d'artistes venant du Conseil de la coopération du Golfe (CCG), à savoir : Koweït, Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Émirats arabes unis et Oman. Une place de choix est réservée, au second étage, aux œuvres d'artistes libanais comme Lamia Joreige, Simone Fattal, Etel Adnan, Fouad el-Khoury, dont le cliché intitulé Place des Canons (Beyrouth 1982) figure dans le prospectus de l'expo, Mona Hatoum (sculpture de la place des Martyrs), Rana Hamadé, Marwa Arsanios Have You Ever Killed a Bear ? (vidéo 2014), Hachem el-Madani, Marwan Rechmaoui, Mounira el-Solh, Akram Zaatari, Ziad Antar, Rheim Alkadhi et Mazen Kerbaj
«Ici et ailleurs» s'inspire du titre du film-essai réalisé en 1976 par Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Gorin et Anne-Marie Miéville. Ce documentaire, propalestinien réalisé à Amman en 1970 après le «Septembre noir», a fortement marqué toute une génération d'artistes arabes de divers pays de la région, accordant une attention particulière au rôle de l'artiste face à l'histoire.
Pour marquer l'événement, l'entrée du New Museum a été transformée en «lobby» d'un opulent hôtel d'Abou Dhabi, avec ses chandeliers en cristal, ses panneaux en marbre, ses décorations à la feuille d'or et ses machines distributrices de... lingots d'or. La reproduction des huit portraits de cheikhs arabes peints par un artiste koweïtien est le symbole de l'omniprésence des bâilleurs de fonds derrière l'émergence de l'art arabe contemporain.
En effet, les nouvelles initiatives culturelles et commerciales régionales des États du Golfe lui ont permis d'acquérir son droit de cité. De nombreux pays arabes, dits «périphériques», font maintenant partie de la scène artistique mondiale. La mise en place de musées divers, la création de foires d'art contemporain à Dubaï et Abou Dhabi, l'installation de maisons de vente aux enchères, Christie's et Sotheby's, sont les principaux leviers d'action qui ont permis cette émergence afin que les œuvres d'artistes nationaux (Liban, Syrie, Égypte, Iran...) puissent enfin accéder à un marché local, voire
international.

Omniprésence d'artistes libanais
L'exposition montre aussi l'omniprésence d'œuvres d'artistes libanais qui puisent leurs sources dans l'histoire culturelle complexe de la guerre civile du Liban. Le second étage du musée célèbre leur créativité. Une place de choix est réservée à l'œuvre poétique, littéraire et picturale d'Etel Adnan, poétesse américano-libanaise «du nomadisme et de l'errance entre trois mondes», romancière polyglotte et artiste visuelle. Son roman, Sitt Rose, traduit en plusieurs langues, récit poignant d'une femme libanaise, Rose Boulos, enlevée par des milices, y figure, ainsi que le manuscrit tapé à la machine, raturé et annoté de L'Apocalypse arabe (1989), un livre de poésie conçu en 1975, la première année de la guerre. Ces deux ouvrages sont considérés comme la plus importante réponse littéraire à la guerre libanaise. Dans cette même salle se côtoient aussi plusieurs sculptures de Simone Fattal, notamment Déesse préhistorique (2008) et Haut fonctionnaire antique (2008).
Les vidéos et installations de Lamia Joreige, notamment Houna wa Roubbama Hounak (Ici et peut-être ailleurs – 2003), qui explore la hantise de la «ligne verte» de Beyrouth, sont d'importants films documentaires d'archives subjectifs de la guerre du Liban. Fascinants, ces récits d'un passé commun prennent une autre dimension. Dans ses vidéos et installations des projets à long terme intitulés «Objets de guerre», Lamia Joreige mène des entretiens dans lesquels elle demande à ses interlocuteurs d'évoquer des objets personnels les plus marquants de cette période et celle de la guerre de 2006. C'est une manière pour l'artiste d'attirer «l'attention sur la façon dont les souvenirs, les objets et documents sont tous soumis à l'interprétation, et comment réalité et fiction peuvent parfois être difficiles à discerner».
Jouxtant ces installations, un espace vitrine est consacré aux objets souvenir de cette période tels: un portefeuille (de Rose Kettaneh), un Sony Walkman, un ours, un rideau, une guitare, une montre à l'effigie du général Aoun – anecdotes à la fois intimes et traumatisantes. Grâce à la collecte de ces récits de première main et des objets connexes, Lamia Joreige raconte l'histoire alternative de ces conflits, et la réflexion sur l'importance de ces objets souvenir à s'immiscer dans la grande histoire.
«Here and Elsewhere» n'ambitionne pas de donner une définition fixe de l'art arabe ou un style distinctif régional. Elle met en exergue à la fois les similitudes et les affinités, et aussi les différences profondes émanant de multiples paysages sociaux et esthétiques. En paraphrasant Edward Saïd, ce qui émerge surtout, c'est moins les contours d'une géographie imaginaire que de nouvelles attitudes importantes envers l'art et les images qui nous encouragent à regarder «ailleurs» afin de mieux comprendre «ici».

Cette exposition, la première du genre à New York, groupe les œuvres d'artistes venant de Beyrouth, du Caire, de Amman, de Dubaï, Doha, Marrakech, Ramallah et Sharjah, dont beaucoup vivent et travaillent à l'étranger. Répartie sur cinq étages, elle met en exergue l'importance de l'art contemporain arabe émergent sur la scène artistique internationale.L'exposition se place dans un...

commentaires (2)

Marre qu'on ne parle du Liban qu'a travers la guerre ! ASSEZ !

Gerard Avedissian

14 h 26, le 12 septembre 2014

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Commentaires (2)

  • Marre qu'on ne parle du Liban qu'a travers la guerre ! ASSEZ !

    Gerard Avedissian

    14 h 26, le 12 septembre 2014

  • Heureusement que les bailleurs de fonds du Golfe, sont là.!

    Skamangas Stelios

    10 h 21, le 12 septembre 2014

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