Assurément nous n'avons pas besoin de cet argent-là qui, rappelons-le, sera aussi sous condition. Notre armée a besoin de matériel logistique non létal et d'armement. Mais aujourd'hui a-t-elle besoin plutôt d'une puissance de feu suffisante pour combattre ou dissuader l'ennemi qui est représenté classiquement par Israël et en plus l'est, en ce moment, par Daëch et toutes ses émanations, ou alors a-t-elle besoin de jumelles pour observer, de radios pour transmettre des informations et de véhicules pour transporter les troupes? Et l'argent promis, à quelle catégorie servirait-il vraiment? (voir L'Orient-Le Jour du mercredi 27 août 2014).
Cette armée représente notre seule garantie, pour nos valeurs du vivre ensemble, contre tous ceux qui veulent la fin de cette formule politique, certes compliquée mais vitale et pour eux désuète, mais respectueuse de toutes les minorités. Nous voyons l'irresponsabilité de nos politiciens décideurs, indignes de continuer de se charger de notre avenir qui mérite mieux que ces semblants de responsables dangereux.
Que l'armée ne réponde plus en pratique aux politiques quels qu'ils soient, parce que les ordres qu'ils recevraient ne seraient pas adaptés aux situations rencontrées, ce qui retarderait d'autant la solution définitive au terrorisme salafiste qui sévit.
Je confie, les yeux fermés, à mon armée mon avenir. Et certainement pas à une classe politique décadente et corrompue, qu'il convient de remplacer sans plus tarder. Très peu d'hommes politiques au Liban ont ma confiance, dont le général Michel Aoun. Je lui fais confiance aussi parce qu'il est issu de cette noble institution qu'est l'armée qui forme le soldat-citoyen au sentiment d'appartenance nationale. Quant à l'appartenance communautaire, c'est à la maison, en famille, dans les lieux de culte, dans le cercle privé qu'elle devrait s'entretenir et s'exprimer.
Alors, s'attaquer à l'armée sous le prétexte fallacieux de sa connivence avec le Hezbollah est une manière d'alimenter la fitna (conflit confessionnel) et au final de diviser l'armée. Faire croire que sans l'intervention du Hezbollah en Syrie aux côtés d'Assad depuis mai 2013, le Liban aurait été épargné par la violence qu'il vit aujourd'hui de la part de Daëch est de la pure démagogie. Il faut éviter de faire le jeu de ceux qui ont mis à feu et à sang l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie sous couvert de lutte contre les dictatures et les despotes en place. Ne perdons pas de vue, non plus, l'intérêt d'Israël de voir exploser toute forme d'entente entre différentes confessions, véritable contre-exemple de sa propre formule politique. Les intérêts d'Israël et de Daëch se rejoignent à bien des égards. Nous ne voulons pas de ces calculs politiciens bon marché, risibles si nos propres vies n'étaient concernées au premier chef, dans ces calculs mesquins pour des intérêts personnels et pour le compte d'intérêts qui visent à disloquer l'armée libanaise. II s'agit pour ces intérêts supranationaux de démembrer toute armée visée, faisant le plus de dégâts possibles au sein des pays qui en sont victimes, en appauvrissant leurs peuples encore davantage, cela pour en disposer et surtout pour disposer des ressources sous-marines.
Dr Riad JREIGE
Montpellier – France