« Bonne chance, Manu », « merci mon cher Arnaud pour tout ce que tu as fait » : Emmanuel Macron et Arnaud Montebourg ont rivalisé d'amabilités hier, le nouveau pilote surprise du ministère français de l'Économie s'engageant à poursuivre l'action volontariste de son prédécesseur, débarqué pour insoumission.
« Le redressement productif, l'attachement à la production en France seront des valeurs que je veux porter au quotidien et que je continuerai à porter », a déclaré M. Macron, qui a rappelé qu'il était entré au ministère de l'Économie comme fonctionnaire dix ans auparavant.
« Il n'y a pas la moindre hésitation, le moindre doute : ce sera continué », a-t-il insisté, lors d'une passation des pouvoirs apaisée, loin de la crise déclenchée par la fronde de M. Montebourg, à l'origine du remaniement choc décidé par l'Élysée et Matignon.
Emmanuel Macron a martelé sa volonté d'« améliorer les résultats de la France » et de « restaurer la confiance », après avoir rendu un « sincère hommage » à Arnaud Montebourg, qui a quitté Bercy visiblement ému.
Un des artisans du pacte du responsabilité voulu par François Hollande, ancien banquier au profil aux antipodes de son prédécesseur, Emmanuel Macron à demandé à être jugé sur son action : « J'arrive tout auréolé d'une réputation qui m'est faite dans la presse (...) Jugez-moi sur les actes et sur les paroles. Il n'y a que ça qui compte. »
Au sortir pour l'exécutif de trois jours sous haute tension, le jeune nouveau ministre a souligné la nécessité d'un travail d'équipe avec le gouvernement, condition indispensable selon lui pour « réussir en économie ».
Il s'est lui-même engagé à œuvrer main dans la main avec son homologue des Finances, Michel Sapin, gardien de la politique de réduction des déficits, et à parler avec lui d'« une voix unique ».
Face au risque d'une majorité étriquée pour appuyer le nouvel exécutif, il a aussi assuré les parlementaires de son « esprit de dialogue ».
Sur la même ligne, M. Sapin a lui-même assuré sur France Inter qu'Emmanuel Macron serait un « bon ministre de l'Économie », garant d'une « cohérence totale » et d'une « stabilité » en matière économique et budgétaire.
Restaurer la confiance
Prudent, le nouveau ministre n'est pas entré dans le détail des dossiers à venir. Mais il a indiqué qu'il allait porter « la loi de croissance » préparée par son prédécesseur. Le texte doit notamment porter sur les professions réglementées et le travail du dimanche.
M. Macron a présenté sa vision de l'économie comme la volonté d'« être au front » aux côtés de la « France au quotidien », des commerçants, des artisans et de l'industrie.
« Ma première fonction sera de rassembler et de réveiller (les) énergies », a-t-il lancé. Il a souhaité « améliorer les résultats de la France, restaurer la confiance que nos partenaires, les investisseurs et l'étranger doivent avoir dans notre pays » et « restaurer aussi la confiance que les Français doivent avoir en eux-mêmes ».
« L'esprit du Made in France, je sais qu'il continuera à souffler sur Bercy », avait auparavant affirmé M. Montebourg, en saluant le « talent », la « force » et l'« énergie » de son successeur et exprimant leur « amitié », sans cacher les désaccords.
L'ancien ministre a rappelé l'action des équipes dédiées aux entreprises en difficulté, qui ont pu « unir l'ensemble des forces productives locales autour de ce qui pouvait être sauvé, unir les syndicats, les entrepreneurs, les actionnaires », et « même parfois les banquiers », a-t-il ajouté, se tournant vers M. Macron.
« Il faut savoir quitter la scène quand on ne sait pas jouer plus longtemps la comédie », a estimé Arnaud Montebourg.
Il s'est permis « un conseil » à son successeur : « La plus belle arme en politique, c'est la sincérité. Sache l'utiliser et tu verras, les autres te suivront », a-t-il conclu.
Une accolade entre les deux ministres a scellé la prise de fonction d'Emmanuel Macron, sous les applaudissements du personnel de Bercy.