Un avion endommagé à l’aéroport de Tripoli. Aimen Elsahli/Reuters
L'Assemblée libyenne sortante, réunie à Tripoli, a chargé hier un pro-islamiste de former un « gouvernement de salut national », dans un geste de défi au cabinet provisoire installé dans l'extrême est du pays et qui semble incapable de reprendre la main face aux milices semant le chaos.
« Le Conseil général national – CGN (réuni à Tripoli, NDLR) a démis Abdallah al-Theni de la tête du gouvernement et chargé Omar al-Hassi de former, dans un délai d'une semaine, un gouvernement de salut » national, a annoncé le porte-parole de cette Assemblée, Omar Ahmidane.
La situation dans le pays, en proie à l'anarchie depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, risque ainsi de devenir encore plus complexe : la Libye pourrait se voir doter de deux gouvernements concurrents, parallèlement à ses deux Parlements rivaux.
La réunion de Tripoli a été convoquée par les islamistes, qui dominent l'Assemblée sortante et contestent toute légitimité au nouveau Parlement, où ils sont minoritaires. Ils accusent le gouvernement et le Parlement d'être complices des raids aériens contre leurs hommes, menés selon eux par les Émirats arabes unis et l'Égypte, lors de combats pour le contrôle de l'aéroport de Tripoli, fermé depuis le 13 juillet.
« Décisions illégales »
De ce fait, le CGN considère que gouvernement et Parlement ont ainsi « perdu toute légitimité », a indiqué M. Ahmidane, en soulignant que l'Assemblée sortante soutient les « opérations légitimes destinées à achever la libération du pays », en faisant référence à l'offensive des islamistes contre les miliciens nationalistes autour de l'aéroport de la capitale.
De plus, le Parlement a qualifié ce week-end de « terroristes » les milices islamistes et les jihadistes qui contestent sa légitimité et affirmé son intention de les combattre. Il a désigné tard dimanche un nouveau chef d'état-major, le général Abdel Razzak Nadhouri, qui a aussitôt déclaré la « guerre aux terroristes ». Le Parlement a assuré son soutien à « l'armée pour qu'elle continue sa guerre (contre la coalition de milices islamistes Fajr Libya et le groupe jihadiste Ansar Asharia qui contrôle une bonne partie de Benghazi, la deuxième ville du pays) jusqu'à les contraindre à cesser les tueries et à remettre leurs armes ».
Sur le plan diplomatique, les pays voisins de la Libye, réunis hier au Caire, ont assuré leur soutien « aux institutions libyennes légitimes, à leur tête le Parlement élu, représentant l'expression de la volonté populaire libyenne ». Ils ont par ailleurs appelé au désarmement des milices, rejetant toute « ingérence » étrangère dans les affaires de ce pays.
(Source : AFP)