« Arrêtons d'accuser les journaliers de tous les maux, de les pousser à bout et de mettre à mal leur dignité », a plaidé le directeur général de Butec Utility Services (BUS), Fadi Abou Jaoudé. Selon lui, le mouvement de protestation qu'ils mènent depuis plusieurs mois cache des vérités dérangeantes pour certains. Au cours d'une conférence de presse organisée par BUS, l'une des trois sociétés privées chargée par Électricité du Liban (EDL) de gérer le réseau de distribution électrique, une mise au point a été faite au sujet des attaques à répétition que l'entreprise subit depuis quelque temps.
« Les réformes de l'energie électrique que nous essayons de mettre en place depuis plus de deux ans nous ont valu une campagne diffamatoire féroce de la part des mafias qui font fortune grâce à la corruption et les mauvaises pratiques dans le secteur », a affirmé M. Abou Jaoudé. Selon lui, le modèle de coopération conclu avec EDL est un exemple de réussite de partenariat possible entre le secteur privé et le secteur public, sans passer par une privatisation. « Cette réussite n'est malheureusement pas du goût de tout le monde et le succès de certaines réformes en cours fait peur », a-t-il poursuivi. En effet, depuis plusieurs semaines, des accusations de toutes sortes pointent du doigt « la corruption et les bénéfices extravagants » de ces trois entreprises. « Nous pouvons assurer aux citoyens qu'en termes financiers sur 100 millions de dollars dépensés pour ce projet, nous n'en avons récupéré que 40 millions à ce jour », a assuré le directeur général de BUS, qui a convié quiconque qui voudrait vérifier les chiffres à franchir les portes de l'entreprise.
Le projet qu'il évoque vise à limiter, entre autres, les pertes techniques et non techniques sur le réseau électrique. « Nous avons d'ores et déjà lancé des réformes pour améliorer la collecte des factures et réduire le gaspillage d'électricité sur le réseau de distribution », a indiqué M. Abou Jaoudé. « Ce qui est par contre très difficile à combattre, voire impossible, concerne le réseau informel et le vol d'électricité à l'échelle nationale, qui représentent une véritable hémorragie pour EDL », a-t-il ajouté. Pour y remédier, EDL avait chargé les entreprises privées de placer des compteurs intelligents sur l'ensemble du territoire afin de réduire les pertes à moins de 10 % (contre 40 % aujourd'hui). « Cela permettrait également d'assurer un meilleur équilibre entre et la production, la distribution et la demande d'électricité, afin de corriger le tarif électrique et limiter le déficit financier de l'institution », a conclu M. Abou Jaoudé.