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Cinema- - Rencontre

Métropolis, huit ans déjà, des défis et des rêves

L'Association Métropolis fête cette année ses huit ans. Un âge de raison qui se traduit par une volonté d'aller toujours de l'avant et d'être encore et toujours plus inventif.

Khalil Joreige, Hania Mroué, Joana Hadjithomas et Zeina Sfeir se souviennent. Photo Carine Khalaf

Métropolis, qui évoque le film de Fritz Lang, est un organisme à but non lucratif qui a pour mission de défendre et promouvoir le cinéma dans tous ses genres et ses formes. C'est ainsi que se définit cette association née du désir commun d'une poignée d'amoureux du cinéma pour créer un espace différent des salles existantes et qui aurait pour seul langage le 7e art.

Comment est né le projet?
«Nous ne prétendons pas avoir le monopole des idées, précise Hania Mroué, une des principales cofondatrices et directrice de Métropolis, tout en évoquant les tentatives précédentes parfois non abouties. Si cette idée a pris forme, c'est grâce à un concours de circonstances. C'est en 2004 que ce projet a été initié en compagnie d'Éliane Raheb. N'étant pas cinéaste, j'avais pleinement le temps de me consacrer totalement à son écriture. À l'époque, Frédéric Pinard, l'attaché audiovisuel de l'ambassade de France, s'y est immédiatement intéressé et a organisé par conséquent une rencontre avec l'ambassadeur qui s'est avérée fructueuse.» Cela a été le point de départ de cette longue aventure.

Les débuts
Un autre hasard heureux également, Nidal Achkar réaménageait cette année-là la petite salle du théâtre al-Madina (Saroulla) sans programme précis. Comme le noyau Métropolis écumait la rue Hamra, le lieu convenait totalement à leur plan. «C'est facile de trouver une salle, signale Khalil Joreige, mais le secret de la bonne marche de Métropolis ne se résume pas à une salle mais à la persévérance et le travail continu.» Joana Hadjithomas, également membre fondateur, dit avoir rêvé d'un espace pareil avec Georges Shoucair et Bernard Khoury, alors que Hania Mroué s'était déjà lancée dans cette entreprise.

Objectifs et vision
Dès sa création, les objectifs de l'association se sont développés sur plusieurs axes: promouvoir et soutenir les films indépendants libanais, arabes et internationaux, inciter le jeune public à découvrir le cinéma grâce à des programmes spécifiques, établir une programmation riche et variée avec des partenaires locaux et internationaux. Enfin, favoriser l'accès au cinéma pour tous. Mais au-delà de tous ces objectifs, «l'essentiel réside dans la rencontre avec le public. L'Association Métropolis n'œuvre pas pour le public, mais avec lui».
«Ce n'est donc pas, poursuit Hadjithomas, une simple salle d'art et d'essai mais un concept qui allait grandissant avec les exigences du public.» Et Joreige de poursuivre: «C'est un système qui s'invente en cours de chemin. Il n'y a pas de modèle préexistant. Il faut s'adapter aux situations qui se présentent à nous. Avec le temps, Métropolis allait évoluer tout en restant fidèle à ses objectifs premiers.»

Évolution
En 2006, c'est le grand déménagement. Le local étant devenu exigu, l'association devait se trouver un espace capable d'absorber les différentes activités. Outre les salles consacrées à une programmation plus riche, l'idée d'une librairie et d'un salon d'accueil se concrétisait. Une association avec le circuit Empire allait naître, lequel allait fournir l'endroit idéal pour abriter tous ces rêves. Le cinéma Métropolis Empire Sofil devenait alors la seule salle de cinéma d'art et d'essai au Liban et une des rares au Moyen-Orient. Composé de deux salles de 270 places chacune, d'un bar, d'un lieu de rencontres ainsi que d'une librairie – laquelle, en partenariat avec la librairie Antoine, présente une sélection d'ouvrages spécialisés sur le 7e art –, l'Empire Sofil convenait bien aux demandes de Métropolis.
La seule condition, ajoute Hania Mroué, est que la salle devait être indépendante, surtout financièrement. Métropolis Empire Sofil devait donc être financé principalement par la billetterie.

Défis et problèmes
Dire que, depuis 2006, «la vie est un long fleuve tranquille» est erroné. Zeina Sfeir se rappelle du premier jour d'ouverture de la salle Métropolis. «Alors que l'inauguration de la salle devait se faire avec la "Semaine de la critique" le 11 juillet, la guerre a éclaté le 12 juillet. Nous avons essayé de poursuivre nos activités. Quelques jours plus tard, la situation devenant dangereuse et les réfugiés ayant afflué à Beyrouth, les salles se sont transformées en cinéma de fortune. Nous avons organisé des loisirs aux enfants et... projeté des films. Et cela a duré un mois.» «Nous faisons face tous les jours aux mêmes problèmes, aux mêmes difficultés et aux même doutes», poursuit Mroué. «Il y a d'abord la situation instable dans le pays et dans la région. Par exemple : le jour de l'attentat à Achrafieh, nous avons failli arrêter, mais la présence d'une cinquantaine de personnes dans la salle nous a conforté à continuer, se souvient Zeina Sfeir. Par ailleurs, le manque de distributeurs nous oblige à aller apporter les films en Europe. Enfin, le financement. Comme nous ne recevons aucun soutien de l'État, nous comptons seulement sur nos partenaires et sur la billetterie. Ce qui renforce notre statut indépendant. »

Réalisations
Le premier objectif de Métropolis était de soutenir et de promouvoir le cinéma libanais, surtout les films et les documentaires qui n'avaient pas leur place dans les circuits commerciaux. Mais aussi des œuvres qui ne sont pas projetées aisément au Liban, comme le cinéma turc ou même un film sri lankais.
Puis ce fut le tour des événements de tous genres, avec l'aide des ambassades, des rétrospectives (Semaine de la critique, Arte, Cahiers du Cinéma) et, par ailleurs, de nouvelles fenêtres pour le cinéma libanais et les jeunes talents à découvrir. Un programme éclectique et riche. D'autre part, la société MC Distribution est née. Elle vise à soutenir le cinéma d'auteur libanais au Liban et au Moyen-Orient, à distribuer ces productions et à les promouvoir dans les festivals et les marchés de films internationaux.
Si Joana exprime ce désir toujours vivace de créer, Khalil, lui, parle «d'une mission d'intérêt public. Nous sommes des accompagnateurs.» C'est dans cette optique-là que fut créé il y a quatre ans, en collaboration avec l'Institut français du Liban, le CNC et le soutien du Goethe Institut, le dispositif «Collège au Cinéma» dédié au jeune public. Ce programme annuel permet aux élèves de différentes tranches d'âges de découvrir le cinéma dans toute sa diversité. Le projet, qui a commencé avec une dizaine d'établissements scolaires, compte plus de 25 écoles et accueille plus de 7500 élèves.
En 2014, outre «Beirut Animated», qui était à sa seconde édition, une nouvelle formation, NAAS, voyait le jour. Cette formation, avec des programmateurs de salles d'art et d'essai du monde arabe, nous permettait de mettre notre travail en réseau, confie Mroué. Et, enfin, «Beirut Talents», un partenariat avec la Berlinale et également avec le FID de Marseille qui donnait à Métropolis une dimension nouvelle.

Alors, le rêve de chacun?
Si on demandait à chacun d'entre eux à quoi peut encore rêver Métropolis. «À un tas de choses encore, répond très vite Joana Hadjithomas. Une salle de cinéma ne propose pas seulement des films. C'est un lieu de vie, où la parole est partagée. Programmer encore plus et ne pas être restreint, tels devraient être nos objectifs. Enfin, veiller à préserver non le passé mais le présent et à l'archiver dès maintenant.» Pour Hania Mroué, «Métropolis doit être plus solide afin d'encourager d'autres initiatives semblables à proliférer. Le public étant au cœur de ce projet, il faut qu'il ait toujours ce besoin d'être surpris et de découvrir.»
Khalil Joreige, lui, ne semble pas trouver la situation précaire. Elle est à réinventer. Et de rappeler que la cinéphilie à l'étranger est vieillissante alors qu'ici, elle est jeune. C'est une spécificité du Liban. C'est donc que Métropolis est en train d'atteindre une génération à venir. «Il faudrait encore et toujours creuser cette notion d'espace public». Enfin, selon Zeina Sfeir, il y a une guerre entre le «superficiel» et la culture. «Mon rêve est que ce cinéma soit accessible à un plus grand nombre de personnes qui sauraient apprécier ce que signifie le mot 7e art».

Métropolis, qui évoque le film de Fritz Lang, est un organisme à but non lucratif qui a pour mission de défendre et promouvoir le cinéma dans tous ses genres et ses formes. C'est ainsi que se définit cette association née du désir commun d'une poignée d'amoureux du cinéma pour créer un espace différent des salles existantes et qui aurait pour seul langage le 7e art.
Comment est né le projet?«Nous ne prétendons pas avoir le monopole des idées, précise Hania Mroué, une des principales cofondatrices et directrice de Métropolis, tout en évoquant les tentatives précédentes parfois non abouties. Si cette idée a pris forme, c'est grâce à un concours de circonstances. C'est en 2004 que ce projet a été initié en compagnie d'Éliane Raheb. N'étant pas cinéaste, j'avais pleinement le temps de me consacrer totalement...
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