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Moyen Orient et Monde - Libye

En Libye, guerre ouverte des Parlements entre islamistes et nationalistes

Un combattant de la brigade de Zenten observant un nuage de fumée après qu’une roquette eut touché un réservoir de carburant. Hani Amara/Reuters

L'incertitude demeure sur la séance inaugurale du nouveau Parlement libyen, convoquée aujourd'hui à Tobrouk par les nationalistes et à Tripoli par les islamistes.
Dans la capitale, où des combats font rage depuis le 13 juillet, de nouveaux heurts, qui se poursuivaient hier, ont fait 22 morts et 72 blessés samedi, selon le gouvernement. Les violences des derniers jours ont poussé de nombreuses capitales occidentales à évacuer leurs citoyens et diplomates. Le Royaume-Uni a ainsi envoyé hier un bâtiment de la Royal Navy pour évacuer plus d'une centaine de ressortissants, tandis que l'Égypte a mis en place un pont aérien pour rapatrier depuis la Tunisie voisine des centaines de citoyens. À ce sujet, la situation s'est « beaucoup améliorée » à la frontière entre la Tunisie et la Libye pour les réfugiés égyptiens ; l'ambassadeur d'Égypte n'a cependant pas indiqué combien de personnes devaient encore être évacuées dans les jours à venir, alors que quelque 6 000 réfugiés étaient bloqués du côté libyen samedi soir.

 

Deux autorités différentes
Sur le fond, le chaos en Libye est nourri notamment par les profondes divisions entre islamistes et nationalistes, qui minent depuis des mois la vie politique et qui se transposent sur le terrain avec des combats entre milices rivales. Selon des analystes, les islamistes tentent de compenser leur défaite aux législatives du 25 juin en gagnant en influence sur le plan militaire. De plus, quelques jours après l'annonce des résultats préliminaires, des milices islamistes ont lancé des offensives à Tripoli et Benghazi contre l'armée ou d'autres groupes armés anti-islamistes. Elles contrôlent désormais quasiment Benghazi, après avoir chassé la semaine dernière des unités des forces spéciales. À Tripoli, ces milices islamistes, alliées à des groupes de Misrata, sont engagées depuis le 13 juillet dans une attaque sans précédent contre les puissantes brigades de Zenten qu'elles accusent d'être le bras armé de la mouvance nationaliste.
Pour se justifier, les assaillants, qui se présentent comme d'ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi, affirment lutter contre des « résidus » de l'ancien régime. La mouvance nationaliste accuse de son côté les islamistes de semer le chaos pour tenter d'empêcher la prise de fonctions du Parlement, où ils n'ont plus la majorité. « Désormais, nous sommes dans une situation où il y a deux autorités différentes : une issue des élections législatives à Tobrouk et une sur le terrain qui domine les trois grandes villes du pays », estime Salah al-Bakouch, un militant politique pro-islamiste. Samedi à Tobrouk, une ville située à 1 500 km à l'est de Tripoli et épargnée pour le moment par les violences, 160 des 188 élus du Parlement ont tenu une réunion informelle, boycottée par les islamistes et leurs alliés, selon des députés. Ce chiffre, qui n'a pu être vérifié de source indépendante, confirmerait s'il se révélait exact une victoire écrasante des nationalistes devant leurs rivaux aux élections, où les candidatures étaient individuelles.

 

Situation humanitaire préoccupante
Les anti-islamistes ont appelé hier à une séance inaugurale du Parlement pour aujourd'hui, de nouveau à Tobrouk. Mais Nouri Abou Sahamein, le président du Congrès général national, a lui maintenu à aujourd'hui également, mais à Tripoli la cérémonie de « passation des pouvoirs ». Les islamistes refusent de se réunir à Tobrouk, une ville acquise, selon eux, à la cause du général dissident Khalifa Haftar, qui a annoncé le 16 mai une offensive anti-islamiste dans l'est du pays. Optant pour l'escalade, M. Abou Sahmein a appelé hier, en sa qualité de « commandant suprême des forces armées », les « braves révolutionnaires » à « défendre la révolution contre les résidus » du régime Kadhafi, présents selon lui notamment au sein des brigades de Zenten.
Sur le terrain, en deux semaines, les violences à Tripoli et Benghazi ont fait plus de 220 morts et un millier de blessés, selon les autorités. Le gouvernement de transition a fait état de « centaines de familles déplacées » et mis en garde contre l'« aggravation de la situation humanitaire » dans la capitale, qui souffre d'une pénurie de carburant et de bonbonnes de gaz, et de problèmes d'approvisionnement en produits alimentaires. Faisant fi de cette mise en garde, les milices rivales poursuivaient hier leurs combats au sud de Tripoli, d'où un immense nuage de fumée noire s'échappait d'un dépôt d'hydrocarbures en feu à une dizaine de kilomètres du centre-ville. L'incendie a été provoqué il y a une semaine par un tir de roquette.

L'incertitude demeure sur la séance inaugurale du nouveau Parlement libyen, convoquée aujourd'hui à Tobrouk par les nationalistes et à Tripoli par les islamistes.Dans la capitale, où des combats font rage depuis le 13 juillet, de nouveaux heurts, qui se poursuivaient hier, ont fait 22 morts et 72 blessés samedi, selon le gouvernement. Les violences des derniers jours ont poussé...

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