Vingt-cinq ans que les accords de Taëf ont mis fin à la guerre civile libanaise ! Fin... C'est un bien grand mot, (très) contestable en tout cas. Il n'en demeure pas moins qu'en un quart de siècle, le Liban n'a pas réussi à résoudre le délestage dans lequel s'enfonce sa population depuis trop longtemps maintenant. Alors évidemment, l'argument selon lequel les conflits successifs ont endommagé les centrales électriques tient la route, du moins il se tenait au début des années 90. Alors, depuis, les (ir)responsables s'en prennent aux défaillances techniques du réseau, aux manques de moyens. Certains pointent du doigt les factures impayées de telle ou telle région/communauté, d'autres dénoncent les branchements illégaux ou encore la magouille des trafics de compteurs électriques.
Privatiser EDL, magma par excellence de tous les maux étatiques (fraude, corruption, népotisme), n'est toujours pas à l'ordre du jour. Et tant pis pour les institutions internationales, les bailleurs de fonds, les soi-disant « pays amis » qui rappellent que le seul moyen d'assainir cette institution est par le biais d'une privatisation de ses services.
Le gouffre pourri qu'est EDL coûte deux milliards de dollars par an à l'État. Des bricoles semble-t-il pour des caisses toujours plus alourdies par une dette galopante, une absence criminelle de réformes structurelles et une non-volonté absurde d'investir dans les services urbains, pourtant uniques garants d'un semblant de nation.
L'incurie totale des politiques et les promesses vides et presque touchantes de restructurer ce secteur n'ont réussi qu'à institutionnaliser les inégalités sociogéographiques entre les citoyens. Si la capitale n'écope que de trois heures de rationnement, le reste des régions libanaises subit parfois jusqu'à 21 heures de coupures. Les ménages les plus vulnérables sont ceux qui souffrent le plus de ce délestage. Classique.
Mais comme à quelque chose malheur est bon, les mafias des moteurs de quartier se frottent les mains. C'est que vivre de la misère des gens rapporte gros dans un pays où la reddition de comptes n'est pas de ce monde.
Alors ceux qui peuvent se le permettre continuent de payer bon an, mal an deux factures. Les autres n'auront qu'à se rabattre sur les bougies, le clair de lune, les lampes à huile, au choix. Et n'allons pas charrier sur la durée de vie des appareils électroménagers... Futiles détails.
Entre-temps, c'est aussi une période de pénurie d'eau sans précédent dans laquelle s'est engouffré le Liban. L'été sera chaud et crade.
Tant pis. Le laisser-faire a ses charmes. Bienvenue à l'ère du Woodstock version plouc. Hendrix et Joplin manqueront cruellement à la fête.
Économie - Éconerf
Chaud et crade
OLJ / Par Rana ANDRAOS, le 18 juillet 2014 à 00h00
commentaires (5)
C'EST LA CAVERNE D'ALI BABA ! Où ON ENTRE SANS CULOTTE... ET ON SORT SUPER CULOTTÉ !!! À TOUR DE RÔLE... MAIS LAISSENT-ILS LA PLACE À D'AUTRES ?
LA LIBRE EXPRESSION
15 h 13, le 25 juillet 2014