L'année scolaire 2013/2014 aura été porteuse d'espoir pour la classe de CM2A du Lycée Verdun, à Beyrouth. Durant leur neuf mois de cours, les élèves et leur professeur Lama Alameh ont travaillé dans presque chaque matière autour des mêmes problématiques : la gestion de l'eau au Liban, et le sens et l'importance de la liberté dans leur propre pays. Inspiré par le programme Ambassadeurs en Herbe, ils ont également rendu visite au député et ancien ministre Marwan Hamadé, parrain du projet avec l'AEFE et la Mission laïque, dans son bureau.
Les enfants ne sont pas arrivés chez M. Hamadé les mains vides. Ils avaient auparavant travaillé sur des propositions de lois dont ils ont pu lui faire part, notamment celle portant sur la gestion de l'eau. Cette dernière, en insistant sur la sensibilisation des Libanais aux problèmes liés au gaspillage de l'eau dès l'école primaire et en proposant des idées innovantes (récupération des eaux de pluie pour les « usages non alimentaires », installation de compteurs d'eau...), a paraît-il fait forte impression, puisque l'ancien ministre fait partie d'un comité sur l'environnement spécialement créé pour trouver des solutions aux problèmes de l'eau au Liban.
Mais celle qui a déclenché l'approbation totale et une certaine admiration de la part de M. Hamadé fut sans aucun doute la « laïcité politique », proposant, comme son nom l'indique, une stricte séparation entre la politique et la religion, et autorisant « toute personne détentrice de la nationalité libanaise depuis plus de 10 ans à se présenter à toute élection ».

Enjeux vitaux
Malgré la somme de travail impressionnante requise pour en arriver là, entre les recherches et les longs débats passionnés, la classe de Mme Alameh ne s'est pas arrêtée là. Le vendredi 20 juin, ils ont en effet organisé un spectacle émaillé de chansons et de poèmes en français, en arabe et en anglais qu'ils ont joué à l'hôtel Bayview, en présence de MM. Hamadé et Négrel qui représentait pour l'occasion l'AEFE. Marwan Hamadé, dans son discours, a rappelé aux jeunes l'importance sous-estimée de l'or bleu, tour à tour « source de conflit ou de paix ». De son côté, M. Négrel a tenu à féliciter les participants pour leur travail et leur a rappelé l'importance des commémorations de la Grande Guerre que la France organisera cette année, qui doivent permettre à la mémoire de jouer un rôle de rempart contre la répétition du passé.
Car c'est bien l'annonce de ces commémorations qui a guidé les élèves dès le mois de février, leur donnant une composante supplémentaire, et importante, à ajouter à leur programme pluridisciplinaire. Une expérience inédite au Liban, donc, que l'on souhaite voir se reproduire, tant les enjeux sont vitaux. Le travail fourni par les professeurs, mais aussi et surtout par leurs élèves, montre que l'on peut inculquer aux générations futures des notions de responsabilité et de sens civique dès le primaire, bâtissant ainsi un pays plus sain et plus conscient de ses propres problèmes et enjeux.