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Moyen Orient et Monde - Turquie

Le régime présidentiel rêvé par Erdogan est source d’inquiétude

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan candidat à l’élection présidentielle. Umit Bektas/Reuters

Comme on s'y attendait, le Premier ministre islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé sa candidature à la première élection présidentielle au suffrage universel d'août, mais le système présidentiel qu'il a en tête pour continuer de diriger le pays suscite des inquiétudes.

Dans le discours qu'il a prononcé à l'occasion de la déclaration de sa candidature mardi devant les cadres de son Parti de la justice et du développement (AKP), l'homme fort de la Turquie depuis 2003 n'a pas fait mystère de sa volonté de renforcer les pouvoirs d'un poste qu'il entend occuper de tout son poids pour dominer la vie politique. En effet, le chef du gouvernement a toujours voulu transformer la Turquie en république présidentielle ou semi-présidentielle, se voyant installé dans cette fonction pour cinq ans renouvelables, jusqu'en 2019. « Le poste de président n'est pas un poste pour se reposer », a-t-il lancé, affichant nettement qu'il ne se contenterait pas des prérogatives honorifiques que lui confère la Constitution actuelle. À ce titre, M. Erdogan a tenté de faire modifier la Loi fondementale pour étendre les pouvoirs présidentiels, jusque-là essentiellement honorifiques.

 

(Lire aussi : La Turquie d’Erdogan plus que jamais divisée à l’aube de l’élection présidentielle)

 

Pour asseoir son influence, il a, au fil des ans, considérablement accru son emprise sur les institutions du pays, y compris l'armée qui jouait jadis un rôle politique central. « Tout le monde sait que M. Erdogan veut continuer de diriger le pays, une fois élu au poste de président, comme le chef de l'exécutif. Il se présentera en président élu par le peuple et voudra élargir les pouvoirs qui sont à sa disposition », commente Serkan Demirtas, chef de bureau du Hürriyet Daily News. Mais, prévient-il, ses ambitions de vouloir changer la nature d'un régime politique d'essence parlementaire « risquent d'exacerber sérieusement les tensions qui divisent la Turquie », surtout depuis la fronde antigouvernementale de l'été 2013, estime le commentateur.

 

« Le président de tous les Turcs »
Selon des sondages, M. Erdogan, qui a promis mardi d'être « le président de tous les Turcs, qui voteront pour moi ou non », devrait remporter le scrutin probablement dès le premier tour, le 10 août, sans avoir à affronter un second tour, le 24. Dans son discours, M. Erdogan a promis de rester très présent dans l'exercice du pouvoir.

« Ceux qui réclament une présidence neutre veulent en réalité un président qui soutiendra l'État contre le peuple. Cette époque est désormais révolue », a lancé M. Erdogan qui s'est présenté comme porteur d'une mission divine pour diriger la Turquie, devenue bien plus conservatrice pendant son règne islamo-conservateur, selon des enquêtes d'opinion.

 

(Lire aussi : Où va la Turquie ?)

 

« La personnalité dominatrice du leader de l'AKP, contenue jusqu'à présent par les règles d'un régime parlementaire classique, peut devenir préoccupante, y compris pour ses propres électeurs, dès lors qu'elle est appelée à assumer les pouvoirs immenses du régime présidentiel nouveau qui s'annonce », note le chercheur Jean Marcou dans son blog de l'Observatoire de la vie politique Turque (Ovipot). « Il n'a pas été le Premier ministre de tous les Turcs, comment peut-il devenir le président de tous ? » s'interroge Mehmet Tezkan dans Milliyet. Et d'accuser le leader turc d'avoir « polarisé » la Turquie.

Durant le règne de M. Erdogan, les tentatives d'interdire l'avortement, de restreindre la consommation d'alcool et d'imposer une identité religieuse sont apparues comme une atteinte directe à la vie privée. Misant sur ces craintes, les deux principales formations d'opposition ont présenté un candidat commun, Ekmeledin Ihsanoglu, 70 ans, intellectuel musulman loué pour sa sagesse face à un Erdogan clivant. Les Kurdes, qui peuvent arbitrer l'élection présidentielle en cas de second tour, ont présenté le jeune député Selahattin Demirtas, 41 ans.

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