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À La Une - Crise

Impasse politique en Libye: deux gouvernements et un Parlement divisé

Le gouvernement d'Ahmed Miitig a été élu par le Parlement début mai lors d'un vote contesté et appuyé par les islamistes. Ismail Zitouny/Reuters

La Libye a connu cette semaine sa plus grave crise politique depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays se retrouvant avec un Parlement divisé et deux gouvernements rivaux.
Ce développement intervient sur fond d'une escalade des violences dans l'Est et une quasi-paralysie de la production pétrolière, principale source de revenus du pays, en raison du blocage par des autonomistes de terminaux pétroliers depuis près d'un an.

Ajoutant un peu plus à la confusion, un général dissident s'est présenté mi-mai comme le chef de l'"armée nationale" et s'est lancé dans une opération visant à débarrasser le pays des "terroristes", une initiative qualifiée de "tentative de coup d'Etat" par les autorités.
Le général Khalifa Haftar jouit cependant de plus de plus en plus de soutiens au sein de la population, fatiguée des querelles politiques et des violences quotidiennes dans un pays où les autorités sont incapables d'assurer la sécurité.

Le cabinet libéral sortant d'Abdallah al-Theni a dit mercredi qu'il s'en remettait à la justice pour déterminer s'il devait céder le pouvoir à Ahmed Miitig, élu par le Parlement début mai lors d'un vote contesté et appuyé par les islamistes. Chaque Premier ministre a réuni jeudi son conseil de ministres. Le siège du gouvernement étant occupé par le gouvernement sortant, M. Miitig a réuni ses ministres dans un luxueux hôtel de la capitale.

Les Occidentaux embarrassés

En quête de légitimité, les deux Premiers ministres rivalisent en rendant publiques leurs rencontres avec les diplomates occidentaux. Embarrassés, ces derniers ne savent plus quels doivent être leurs interlocuteurs.
Chacun des deux camps a reçu l'appui de milices et groupes armés --qui font la loi dans le pays faute de forces de l'ordre structurées-- suscitant des craintes quant au déclenchement d'affrontements, en particulier dans la capitale.

"Nous sommes vraiment dans une impasse", déplore l'analyste politique Salem Al-Zarrouk. "Avec quel gouvernement la Banque centrale va traiter, qui va signer les chèques et qui va conclure des accords avec les compagnies étrangères et locales, et surtout qui va représenter la Libye dans les forums internationaux?", s'interroge-t-il.
Bien qu'il se présente comme "indépendant", M. Miitig a été "imposé" par les islamistes qui mènent, selon cet analyste, "leur dernière bataille pour garder le pouvoir".

Certains observateurs critiquent la décision du Congrès général national (CGN, Parlement) d'avoir accordé sa confiance le 25 mai au cabinet de M. Miitig, alors que des élections législatives ont été fixées un mois plus tard, le 25 juin.
"Accorder la confiance à un gouvernement appelé à diriger le pays durant un mois et mettre à sa disposition des milliards de dollars est quasiment de la folie", estime ainsi l'analyste Moataz Al-Majbari.
Plusieurs observateurs et personnalités politiques ont appelé M. Miitig, 42 ans, à se retirer et à ne pas compromettre sa carrière politique, ce que l'homme d'affaires a rejeté.

"Suicide politique"

"Ahmed Miitig doit se retirer immédiatement de la scène politique. Son insistance à se maintenir comme Premier ministre ne fera qu'amplifier la crise", selon M. al-Majbari.
"Ce qu'il fait actuellement est un suicide politique", estime pour sa part l'analyste Mohamed Al-Jebal.

Mais au sein du CGN, son président Nouri Abou Sahmein et les blocs islamistes défendent la "légitimité" de M. Miitig et pressent son rival de lui remettre le pouvoir sous peine d'être "poursuivi pour acte criminel".
Cet imbroglio illustre les divisions au sein du CGN sur fond de lutte d'influence entre islamistes et libéraux. Ces derniers boycottent quasiment le Congrès depuis plusieurs mois, en accusant les islamistes d'irrégularités, comme lors de l'élection de M. Miitig.

"On a maintenant deux gouvernements, quasiment deux Parlements et deux armées. J'ai peur que nous ayons (bientôt) deux ou trois Etats", met en garde Suleimane Dogha, avocat et ancien membre du Conseil national de transition (CNT), ancien bras politique de la rébellion qui a renversé le régime de Kadhafi.


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