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Économie

Débat à Beyrouth sur les avantages et inconvénients du bitcoin

« Le bitcoin/Bitcoin représente beaucoup plus qu'une simple monnaie ou qu'un moyen de paiement, c'est une plate-forme dédiée à l'innovation », estime David el-Achkar.

Archives Reuters/Delphine Cuny

« Ce n'est pas de la science-fiction. » C'est ainsi que David el-Achkar, jeune entrepreneur libanais et fondateur du « groupe libanais du bitcoin », introduit sa présentation de cette monnaie digitale au cours d'un débat organisé la semaine dernière à Beyrouth par l'université de Balamand. Débat relativement technique, au cours duquel ont été abordés les avantages et les inconvénients du bitcoin.

 

Qu'est-ce que le bitcoin ?
Inventé en 2009 dans le sillage de la crise financière par des informaticiens anonymes, le bitcoin est une monnaie digitale, une unité monétaire et un instrument de paiement (il s'écrit alors avec un « b » majuscule) en ligne s'affranchissant du système bancaire et de ses contraintes.
Les bitcoins sont générés par un processus informatique et leur nombre est limité à 21 millions d'unités. Disponibles sur des plates-formes spécifiques ou entre particuliers, utilisables par tout un chacun, ils peuvent permettre d'acheter des biens et des services en ligne, ils peuvent aussi être échangés contre des devises traditionnelles.
Le bitcoin est un code informatique crypté, en open-source. Il suffit de télécharger le logiciel gratuit pour pouvoir l'utiliser. « C'est un transfert financier qui se fait aussi simplement que l'envoi d'un e-mail », tente de vulgariser Patrick Mardini, professeur d'économie et de management à l'université de Balamand, « un logiciel libre, » peer-to-peer « (d'un internaute à un autre), qui garde une trace de toutes les transactions sans pour autant divulguer les données individuelles de ses utilisateurs ».

 

Ses avantages
Avec le bitcoin, les transactions se font simplement, instantanément, sans divulgation des données personnelles donc (type nom, date de naissance, etc) et sans intermédiaire. Autrement dit, le mécanisme du bitcoin échappe au paiement de ces frais de transaction qui accompagnent les transactions traditionnelles et à tout contrôle d'ordre gouvernemental. Pour David el-Achkar, « le bitcoin pour la finance est l'équivalent d'Internet pour l'information ».

 

 

 

Ses risques
Les détracteurs du bitcoin pointent surtout du doigt les risques impliqués par la volatilité de sa valeur, qui dépend exclusivement du marché. Selon l'Institut de la finance internationale (IIF, un lobby regroupant quelque 450 banques dans le monde), le bitcoin « ne constitue pas une monnaie dotée d'une valeur stable et son utilisation à grande échelle comme un moyen d'échange semble limitée ». La forte volatilité de la valeur des bitcoins rapportée aux grandes monnaies officielles (euro, dollar) est en fait liée à la forte spéculation qui peut faire rapidement baisser ou monter les cours des bitcoins en l'absence d'autorité régulatrice.
Le bitcoin suscite aussi des craintes en matière de blanchiment d'argent en raison du fait que si les transactions sont publiques, l'identité des acteurs de ces transactions n'est pas divulguée. L'on peut savoir qu'une transaction a été effectuée entre X et Y, mais pas qui sont X et Y.

 


 

 

Sa perception au Liban
Si, au Moyen-Orient, quelques start-up commencent à émerger comme celle de David el-Achkar, Yellow, qui participe à la promotion du  bitcoin au Liban et dans tout le Moyen-Orient, le bitcoin en est à ses prémices contrairement au Canada et aux États-Unis où le phénomène prend de plus en plus d'ampleur.
Étant donné le nombre important de transactions au Liban venant de l'étranger, « la possibilité de les réaliser sans devoir payer de frais de transaction est particulièrement intéressant pour un pays comme le Liban », remarque David el-Achkar, pour qui « le bitcoin/Bitcoin représente beaucoup plus qu'une simple monnaie ou qu'un moyen de paiement, c'est une plate-forme dédiée à l'innovation ».
La Banque centrale du Liban est loin de partager cet avis. En février 2014, elle mettait en garde les Libanais contre l'usage des bitcoins. Son représentant lors de cette conférence, Khaled Bouhsali, l'a rappelé en évoquant « les risques de hacking, l'absence de structure de protection des utilisateurs mais aussi la possible exploitation de ce système libertaire par les terroristes... ». Pour finir, il souligne que « ce genre d'opérations n'est pas reconnu officiellement au Liban » tout en ajoutant que le détenteur de bitcoins n'est jamais couvert, en cas de perte de son capital en bitcoins ou de défaut d'agrément...
La fondatrice de l'observatoire panarabe régional de la cybersécurité, Mona al-Achkar Jabbour, se joint à cette analyse en disant être « inquiète face à l'absence de toute institution légale de contrôle du bitcoin ».

 

Pour aller plus loin, voir aussi Shu Bitcoin

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