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Moyen Orient et Monde - Crise

Les insurgés ukrainiens ignorent Poutine

Les rebelles prorusses maintiennent leur référendum d'indépendance ; Kiev va poursuivre son offensive dans l'Est.

Des membres d’une commission électorale locale à Donetsk préparent les bulletins de vote en vue du référendum de dimanche sur l’indépendance de l’est de l’Ukraine. Genya Savilov/AFP

Les insurgés prorusses d'Ukraine ont décidé de maintenir dimanche leur référendum d'indépendance, ignorant un appel du président russe Vladimir Poutine à le reporter. La consultation annoncée pour dimanche dans l'Est sur une « déclaration d'indépendance » de la république autoproclamée de Donetsk aura bien lieu le 11 mai, ont annoncé des responsables simultanément à Donetsk et Slaviansk. « La date du référendum ne sera pas reportée », a insisté Denis Pouchiline, chef indépendantiste de la république autoproclamée, tout en déclarant « remercier » M. Poutine, « quelqu'un qui se préoccupe des gens du sud-est de l'Ukraine ». « Le désir du peuple de tenir le référendum se renforce. Il y a eu un vote et une décision de ne pas changer la date a été prise à l'unanimité », a-t-il expliqué.

M. Poutine avait surpris mercredi en semblant adopter un ton plus conciliant que de coutume à l'égard de Kiev. Il avait proposé un scénario de « dialogue » prévoyant l'arrêt de l'opération militaire en cours dans le Sud-Est en échange d'un report du référendum. « Le référendum est pour dans quelques jours et tous les bulletins de vote sont imprimés et sont en train d'être envoyés », a affirmé de son côté un représentant de la commission électorale des séparatistes à Donetsk. Une décision similaire a été adoptée à l'unanimité dans la région voisine de Lougansk, a rapporté l'agence Interfax, citant un porte-parole de l'Armée du Sud-Est.

(Commentaire : Le dénouement ukrainien doit commencer en Syrie)

Une porte-parole de l'Union européenne à Bruxelles a immédiatement critiqué cette décision : « Nous insistons avec force sur le fait que ce référendum ne doit pas se tenir », car « il aggraverait encore la situation » et « pourrait mener à une nouvelle escalade », a-t-elle déclaré.

Le Kremlin a pris acte hier de la réponse des séparatistes à sa proposition, son porte-parole Dmitri Peskov jugeant que les « nouveaux développements » devaient être « analysés ». Moscou avait déjà affirmé plus tôt cette semaine ne plus avoir d'influence sur les rebelles prorusses d'Ukraine en raison de la dégradation de la situation sécuritaire. Mais pour le journal en ligne Ukraïnska Pravda, « Poutine fait semblant de ne pas avoir d'influence sur les séparatistes ».


Van Rompuy à Kiev
Kiev a déjà fait savoir qu'il ne reconnaissait pas la légitimité de ce projet de « référendum terroriste ». « Tout appel à le reporter n'est donc qu'une moquerie et aucunement un signe de bonne volonté. La Russie a déjà mis en œuvre un tel scénario en Crimée », a souligné le ministère des Affaires étrangères. Le gouvernement ukrainien a en outre répété qu'il n'avait nullement l'intention de renoncer à rétablir l'ordre dans l'Est. « L'opération antiterroriste va se poursuivre, quelles que soient les décisions (sur le référendum) des groupes subversifs ou terroristes de la région de Donetsk », a déclaré le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, Andriï Paroubiï.

Référendum ou non, la tension va rester vive en Ukraine à l'approche du scrutin présidentiel du 25 mai, qui doit permettre l'élection du successeur de Viktor Ianoukovitch. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a annoncé hier qu'il se rendrait lundi à Kiev pour manifester le soutien de l'UE à l'Ukraine avant le scrutin. « Je me rendrai en visite (...) à Kiev pour poursuivre nos discussions sur la façon de stabiliser la situation en Ukraine (...), de mettre fin aux violences (...) et de créer un dialogue national sans exclusive », a-t-il indiqué. Il s'agira de sa première visite en Ukraine depuis le début de la crise. Les Occidentaux, qui jugent crucial que le scrutin se déroule correctement, accusent la Russie de tout faire pour déstabiliser l'Ukraine et empêcher sa tenue. En outre, le secrétaire général de l'OSCE, Lamberto Zannier, est de nouveau attendu aujourd'hui à Kiev.

Retrait russe ou non ?
Par ailleurs, les Occidentaux se sont déclarés sceptiques quant au retrait annoncé par M. Poutine des dizaines de milliers de soldats russes déployés ces dernières semaines le long de la frontière avec l'Ukraine. L'OTAN a déclaré n'avoir noté « aucun signe » d'un tel retrait. « J'ai une très bonne vue », a ironisé hier le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, interrogé sur un tweet du ministère russe des Affaires étrangères qui l'accusait d'être « aveugle » pour ne pas avoir remarqué ce retrait. Parallèlement, une quarantaine d'hommes armés ont attaqué un poste-frontière ukrainien à la frontière avec la Russie, mais ils ont été repoussés par les forces ukrainiennes, ont déclaré les autorités à Kiev.


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