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Économie

Eux et nous

Une lecture bipolaire du débat autour de la grille des salaires serait réductrice. Opposer syndicats aux organismes économiques est une réalité, certes, mais elle n'est que la façade d'un bras de fer entre deux pôles qui au bout du compte se déchirent pour la même chose. Les premiers se veulent défenseurs des droits et acquis de la fonction publique, tandis que les seconds sortent les griffes pour tenter de protéger leurs revenus. De part et d'autre, les arguments se tiennent. Et pourtant, le véritable enjeu est ailleurs. À force d'être dans le déni et/ou la victimisation et de se renvoyer inlassablement la balle, les parties concernées ont oublié de prendre leurs responsabilités.


Il est certainement du devoir des forces syndicales de mener campagne pour se faire entendre. Apprivoiser la rue, s'époumoner encore et encore, brandir la menace d'une grève ouverte... Et pourtant... Aucun des chefs de cette agitation collective n'ose dénoncer les hérésies d'une masse salariale fantôme. Aucun d'entre eux n'a pris les devants pour accuser les embauches hasardeuses au sein de toute la fonction publique, les postes payés mais si peu occupés de leurs collègues, une productivité entamée par des pots-de-vin devenus légendaires et tristement incontournables.


Les instances économiques ont, elles, évidemment le droit de s'inquiéter pour leurs affaires. Les affres de la crise syrienne n'aidant pas, c'est leurs profits qui sont en chute libre. Et pourtant... Ils ont profité des années durant du système mis en place mais surtout des entorses faites au système, au nom d'un secteur privé « colonne vertébrale » de l'économie libanaise. Une structure qu'il fallait à tout prix « sauvegarder » à coups de flirts intempestifs entre gouvernements mis en place et cadres pas souvent jeunes ni dynamiques. Au Liban, c'est un néolibéralisme sauvage qui a été érigé en modèle socio-économique idéal. Et tant pis pour les laissés-pour-compte. Ils n'auront qu'à manger des biscuits. Des Ghandour made in Lebanon de préférence. C'est que c'est important les industries du terroir.


Et puis il y a eux. Les 128 et les 30. Ceux qui avaient juré en 2013 de défendre cette grille des salaires. Ceux qui s'étaient autoprorogé un mandat supplémentaire pour le moins douteux. Ceux qui n'ont jamais proposé de faire réduire, ne serait-ce que par démagogie purement populiste, leurs propres salaires et bénéfices alors que le président de la Chambre Nabih Berry avait des mois durant mis la clé sous la porte d'un Parlement devenu monument de toutes les magouilles. Il y a Nagib Mikati qui avait transmis cette grille au Parlement, insufflant de l'espoir à tout une faction de Libanais, avant que l'on explique à ces derniers qu'il y a avait un souci de financement. Mais c'est surtout le scandale absurde du manque de sérieux dans l'étude de ce dossier qui transparait un peu plus tous les jours. On magouille place de l'Étoile comme dans les pires séries télés. TVA ? Transferts à EDL ?
Biens maritimes ? Intérêts sur les dépôts bancaires ?
Et pas un(e) qui s'avance pour dénoncer des années de négligence étatique, de pratiques frauduleuses. Pas un(e) qui jette l'éponge. Pas un(e) qui démissionne. Pas un(e) pour faire son mea culpa, certes inutile à ce stade, mais potentiellement gorgé de dignité, ne serait-ce que symbolique.


Il paraît qu'on a les dirigeants que l'on mérite. Les citoyens ont voté, les urnes ont parlé. Ce n'est pas demain la veille que les Libanais, toutes tendances politiques confondues, saisiront toute l'ampleur de leurs votes.
Mea culpa.

Une lecture bipolaire du débat autour de la grille des salaires serait réductrice. Opposer syndicats aux organismes économiques est une réalité, certes, mais elle n'est que la façade d'un bras de fer entre deux pôles qui au bout du compte se déchirent pour la même chose. Les premiers se veulent défenseurs des droits et acquis de la fonction publique, tandis que les seconds sortent les...

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