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Moyen Orient et Monde

L’Afghanistan aux Afghans !

L'Afghanistan se prépare pour l'élection présidentielle du 5 avril. Or sa situation est des plus critiques, car son unité et son intégrité territoriale sont toujours menacées après 35 ans de guerres incessantes. L'Afghanistan peut-il finalement échapper au cycle de violences des groupes activistes et d'interventions étrangères qu'il endure depuis plus de trois décennies ?
Les discussions sur la trajectoire du pays après 2014 tournent autour de deux questions-clés. La première concerne l'étendue de l'ingérence du Pakistan dans les affaires afghanes, car il aide les talibans afghans et leurs principaux alliés (notamment le réseau Haqqani et la milice de Gulbuddin Hekmatyar). Cette ingérence dépendra du fait que les USA conditionnent ou non leur aide abondante au Pakistan, un pays financièrement à genoux, à sa non-ingérence en Afghanistan.
La seconde question est de savoir si les forces de l'OTAN sous la direction des USA vont continuer à jouer un rôle en Afghanistan. On sait que le président Obama veut maintenir une présence militaire américaine dans ce pays, alors qu'il a déclaré en 2009 que les USA ne cherchent pas à y maintenir des bases militaires permanentes. Depuis quelques mois les USA mènent des négociations difficiles avec le gouvernement afghan pour parvenir à un accord bilatéral de sécurité qui leur permettrait de maintenir pratiquement indéfiniment des bases militaires dans le pays. Ce qui devait être une dernière étape pour l'Afghanistan s'est transformée en une nouvelle partie stratégique autour du maintien des bases américaines.
Bien qu'il ait finalisé les termes de l'accord, Obama n'a pas réussi à convaincre le président afghan sortant, Hamid Karzaï, de le signer. Le rôle de l'Amérique en Afghanistan ne pourra donc pas être décidé avant la prise de fonctions du nouveau président afghan en mai.
Or le résultat de l'élection est très incertain. Les huit candidats à la présidence se disent favorables à l'accord de sécurité. Mais ce n'est pas très rassurant pour les USA, car la plupart d'entre eux se sont directement opposés aux intérêts américains dans le passé ; et plusieurs d'entre eux sont d'anciens, voire d'actuels, seigneurs de la guerre.
Une présence militaire américaine de grande ampleur n'ayant pas permis de remporter une victoire nette sur les talibans au cours des 13 dernières années, on peut se demander si une force résiduelle – même si elle n'est pas négligeable – changera quelque chose. Or Obama n'apporte pas de réponse à cette question.
Néanmoins, républicains et démocrates américains sont très largement favorables au maintien de bases militaires en Afghanistan, de manière à pouvoir projeter facilement les forces américaines dans la région. La confrontation de plus en plus intense entre les USA et la Russie sur l'Ukraine a encore renforcé leur position. L'ancienne secrétaire d'État Condoleezza Rice fait explicitement le lien entre l'action de la Russie en Ukraine et « l'évocation du retrait d'Afghanistan, que la situation en matière de sécurité le justifie ou non ». Selon elle, s'il reste sur place moins de 10 000 hommes, cela constituera un message selon lequel les USA ne songent pas sérieusement à aider à stabiliser l'Afghanistan – un message qui encouragera le président Poutine à pousser encore davantage ses pions en avant. Mais Rice ne semble pas prendre en compte le fait que la détérioration des liens avec la Russie (un élément essentiel de l'assistance militaire américaine à l'Afghanistan) pourrait fragiliser la stratégie des USA quant à leurs bases militaires à l'étranger.
Les USA sont convaincus qu'une présence militaire prolongée en Afghanistan est de leur intérêt. Mais quelle en serait la signification pour un pays qui souffre depuis si longtemps de la présence de groupes activistes nationaux et de celle de forces étrangères ?
L'Afghanistan est en guerre depuis 1979, année où les Soviétiques ont lancé une campagne militaire désastreuse longue de 8 ans contre des groupes insurgés originaires de différents pays. L'intervention soviétique et la fourniture d'armes aux groupes de combattants antisoviétiques en Afghanistan par l'Arabie saoudite et les USA via les services secrets pakistanais (ISI) ont favorisé la propagation de l'activisme et du terrorisme – ravivés ensuite par l'intervention militaire américaine de 2001. C'est pourquoi l'Afghanistan court le risque d'une partition selon des fractures ethniques ou tribales, accompagnée de la prolifération de milices et d'enclaves contrôlées par les seigneurs de la guerre.
Autrement dit, les interventions étrangères en Afghanistan n'ont produit rien de bon. La transition politique et sécuritaire de ce pays se ferait dans de meilleures conditions si les trois objectifs suivants étaient atteints :
– Des élections libres et équitables qui seront considérées comme la traduction de la volonté du peuple afghan de dessiner un avenir pacifique.
– La cohésion de groupes ethniques et politiques afghans disparates, un objectif ambitieux qui nécessite que le successeur de Karzaï soit un leader crédible et respecté.
– La création de forces de sécurité multiethniques par le gouvernement afghan.
La manière dont se déroulera l'élection présidentielle du mois prochain va jouer un rôle crucial. Si par leurs menaces et leur violence les talibans parviennent à empêcher un grand nombre d'Afghans de participer au scrutin, la légitimité du résultat pourrait être contestée, ce qui risque d'entraîner encore plus de troubles. Les toutes jeunes forces de sécurité afghanes auront alors des difficultés à les contenir. Il est vrai que jusqu'à présent elles ont tenu leur rôle, elles ont évité des crimes et réussi pour l'essentiel à maintenir la sécurité à Kaboul. Par contre, elles n'ont guère fait de progrès et la baisse de l'aide américaine ne va pas leur faciliter la tâche. Incapable de les financer comme il le faudrait avec une aide en diminution, le gouvernement afghan devra essayer de « faire plus avec moins ». Il n'est pas sûr qu'il y parvienne.
C'est là un facteur en faveur du maintien de la présence d'une force militaire étrangère, même s'il ne faut pas s'attendre à ce que cela suffise à rétablir la paix en Afghanistan. Le risque d'embourbement dans une guerre prolongée de faible intensité contre les activistes et les seigneurs de la guerre l'emporte probablement sur tout intérêt géopolitique que les USA pourraient avoir à maintenir des bases militaires dans le pays. N'oublions pas que le lieu d'asile des terroristes et les centres de commandement de l'insurrection afghane se trouvent au Pakistan – ce qui explique que présente depuis 2001, l'armée américaine n'est pas venue à bout des talibans afghans.
Tout cela conduit à une conclusion : il faut mettre l'avenir de l'Afghanistan entre les mains des Afghans. L'aide extérieure doit être consacrée à améliorer la gouvernance du pays pour que l'Afghanistan soit uni et en paix sur la plus grande partie du territoire.

Traduit de l'anglais par Patrice Horovitz
© Project Syndicate, 2014.

L'Afghanistan se prépare pour l'élection présidentielle du 5 avril. Or sa situation est des plus critiques, car son unité et son intégrité territoriale sont toujours menacées après 35 ans de guerres incessantes. L'Afghanistan peut-il finalement échapper au cycle de violences des groupes activistes et d'interventions étrangères qu'il endure depuis plus de trois décennies...

commentaires (3)

Et le Liban, aux Pseudo-libanais Pers(c)és et/ou Nusaïyrisés !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 48, le 03 avril 2014

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Commentaires (3)

  • Et le Liban, aux Pseudo-libanais Pers(c)és et/ou Nusaïyrisés !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 48, le 03 avril 2014

  • ILS ONT DIT : PLUS DE TROUPES MILITAIRES ! PERSONNE N'A DIT PLUS DE TROUPES PARAMILITAIRES... DES MERCENAIRES VOLONTAIRES QUI COMBATTENT POUR LEUR CROYANCE... LAQUELLE ? IL Y EN A D'AUTRE ? TUER POUR LE POGNON... FOI DE MASTODONTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 48, le 03 avril 2014

  • gag...mais les US n'ont jamais eu l'intention de "gagner "la guerre en Afghanistan...je suis mort de rire...ce sont des conneries...les multinationales n'avaient qu'un intêret,c'est que çà dure et que çà dure et que çà dure.....des centaines de milliards de chiffre d'affaires...le tout bien à l'abri... mais comment peut on encore ignorer ces vérités? les multinationales US, se foutent autant des Afghans que des citoyens US....rien à branler des morts des uns et des autres..c'est le pognon et seulement le pognon qui compte...pauvre peuple..américain!

    GEDEON Christian

    14 h 23, le 03 avril 2014

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