Les autorités séparatistes de Crimée ont fait un pas de plus vers le rattachement à la Russie en adoptant hier une déclaration d'indépendance. Au Parlement régional de la presqu'île à majorité russophone où Moscou a envoyé des milliers d'hommes, 78 des 81 députés ont adopté une telle déclaration visant à préparer le rattachement à la Russie. « La République de Crimée sera un État démocratique, laïque et multinational, qui s'engagera à maintenir la paix et l'entente interethnique et interconfessionnelle sur son territoire », indique la déclaration. Un référendum est prévu dimanche sur le rattachement à la Russie. Ensuite, la Crimée « s'adressera à la Fédération de Russie pour y être admise sur la base d'un accord intergouvernemental idoine en tant que nouveau sujet de la Fédération ».
La Russie a immédiatement adoubé la déclaration d'indépendance de la Crimée, la qualifiant d'« absolument légale ». Moscou en a profité pour retourner l'exemple de l'indépendance du Kosovo, reconnue par l'ONU, contre les Occidentaux en rappelant que la Cour internationale de justice avait considéré à l'époque « qu'une déclaration unilatérale d'indépendance d'une partie d'un État ne violait aucune norme du droit international ».
Le vote des parlementaires intervient alors que les forces russes contrôlent désormais les points stratégiques de la péninsule ukrainienne. Tout est en place pour une sécession rapide de la péninsule : le « Premier ministre » Serguiï Axionov s'est autoproclamé « chef des armées » et les 2 millions de Criméens, majoritairement russophones, ont vu les chaînes russes remplacer les chaînes ukrainiennes sur leur poste de télévision. Des hommes en treillis fouillent tout voyageur arrivant à Simféropol en provenance du nord et seuls les vols en provenance de Moscou peuvent y atterrir. La région est de facto interdite aux responsables et observateurs internationaux. Hier, l'ONU a annoncé que son émissaire en Ukraine, Ivan Simonovic, avait renoncé pour le moment à se rendre en Crimée.
« Annexion de la Crimée »
Par ailleurs, et à la veille d'un déplacement à Washington du Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk qui va chercher l'aide du président américain Barack Obama à cinq jours du référendum en Crimée, l'incompréhension est totale entre Russes et Occidentaux. Les Européens, le Premier ministre britannique David Cameron et le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius en tête, ont évoqué de nouvelles sanctions « si Moscou ne change pas de cap ». De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a parlé devant des parlementaires allemands d'« annexion » de la Crimée, « dérobée » par la Russie.
Mais, globalement, le dialogue de sourds qui a succédé à l'intense activité diplomatique de la semaine dernière ne laisse pas présager d'une possible sortie de crise. Washington et Moscou campent sur leurs positions et sur leurs idées concurrentes de sortie de crise. Les États-Unis ont accusé le Kremlin de ne pas tenir compte des propositions sur la table après que Moscou eut avancé ses contre-propositions.
Signe de détente, cependant : Moscou a indiqué hier que les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Sergueï Lavrov et John Kerry, avaient discuté de leurs « propositions concrètes » visant à assurer « la paix » en Ukraine.
Réduction des tarifs douaniers
Le président déchu Viktor Ianoukovitch est quant à lui apparu pour la deuxième fois devant les caméras depuis sa chute. Se posant en seul président « légitime » de l'Ukraine, il a toutefois semblé en désaccord avec le Kremlin en disant regretter « que la Crimée se détache » de l'Ukraine. « Dès que le permettront les circonstances – je suis certain qu'il ne faudra pas attendre longtemps–, je reviendrai forcément à Kiev », a-t-il assuré, appelant la communauté internationale à cesser de « soutenir un coup d'État » perpétré par une « clique » composée d'« ultranationalistes et de néofascistes ». « Le pays va se ressaisir et retrouver son unité », a-t-il encore déclaré, alors que la direction russe a semblé appuyer la perspective d'une partition du pays, et a estimé que M. Ianoukovitch n'avait plus d'avenir politique.
Sur le plan économique, la Commission européenne a proposé de fortes réductions des tarifs douaniers, pour un montant évalué à quelque 500 millions d'euros par an. Cette facilité douanière s'ajoute au plan d'aide massif d'un montant d'au moins 11 milliards d'euros, sous forme de prêts, de dons et d'avantages commerciaux.
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Commentaire
Comment déjouer la stratégie de Poutine
Si l'ukraine est un gros poisson pour l'occidecadent il a realise que la Crimee etait l'arete impossible a avaler .Et hollandouille nous refait son guignol en declarant au nom des 15% de francais encore attaché a sa politique que l'annexion de la crimee ne passera pas ...
18 h 08, le 12 mars 2014