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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Après l’échec de Genève 2, la guerre va s’intensifier en Syrie

Tensions renouvelées entre Washington et Moscou, qui s'accusent mutuellement de favoriser la « surenchère » militaire.

Des rebelles syriens regardent le ciel après avoir tiré un obus de mortier artisanal contre les forces gouvernementales, hier à Deir ez-Zor. Khalil Ashawi/Reuters

La guerre entre régime et rebelles va redoubler de violence en Syrie après l'échec du deuxième round de négociations de paix sous l'égide de l'ONU à Genève, sur fond de tensions renouvelées entre les parrains russe et américain.
Selon les experts, ce blocage va aggraver le conflit qui a dévasté le pays. « J'ai peur que l'échec des discussions de Genève ne mène à une escalade militaire. Les choses vont probablement empirer », estime Volker Perthers, directeur du German Institute for International and Security Affairs. « Les deux camps vont essayer de montrer qu'ils peuvent modifier en leur faveur l'équilibre sur le terrain et qu'ils ne sont pas obligés de négocier par faiblesse », ajoute-t-il.
Samedi à Genève, le médiateur international Lakhdar Brahimi s'est dit « tout à fait désolé » de cette impasse, affirmant qu'aucune date pour une nouvelle session de négociations n'a été fixée. Les discussions n'ont en effet jamais réellement démarré, les protagonistes n'arrivant pas à se mettre d'accord sur un ordre du jour : le régime veut parler de « la lutte contre le terrorisme », en allusion à la rébellion, et l'opposition d'une période de transition sans le président Bachar el-Assad.

 

Une solution pacifique improbable
Signe que les insurgés veulent faire bouger les choses, l'Armée syrienne libre (ASL), première coalition formée pour lutter contre le régime, a limogé son chef d'état-major Sélim Idriss, après la multiplication des revers et la montée en puissance des groupes islamistes et jihadistes. Selon une source de l'opposition, le principal reproche fait au général Idriss, nommé en décembre 2012, est « la mauvaise distribution des armes » en plus « d'erreurs dans les combats ». Il a été remplacé par le général de brigade Abdelilah al-Bachir, un déserteur de l'armée gouvernementale.

Le timing est crucial car ce changement pourrait se traduire par de nouvelles livraisons de matériel militaire pour l'ASL, notamment après l'échec à Genève.


Pour Charles Lister, du Brookings Doha Center, « une grande majorité de l'opposition militaire ne s'intéresse pas à une solution politique et cela ne devrait pas changer ». Et le régime, dit-il, « n'a rien cédé à l'opposition et cela pourrait l'encourager à lancer de nouvelles offensives sur le terrain ». « Aucun camp ne semble croire en une solution négociée pour l'instant », renchérit Aron Lund, expert chez le consultant Carnegie Endowment, estimant : « Même s'ils en souhaitent une à longue échéance, ils vont tous deux chercher d'abord à avancer sur le terrain. Donc, plus de guerre. » Selon M. Lund, le scepticisme face aux négociations a gagné même les pays qui avaient fait pression sur l'opposition pour qu'elle se rende à Genève. « Même les pays qui croient que de nouvelles discussions sont possibles pourraient vouloir montrer à Assad ce qu'il en coûte de torpiller des négociations de l'ONU », fait-il ainsi valoir.

 

(Pour mémoire : Pour l'Occident, si Genève a échoué, c'est bien à cause du régime)

 

Riyad joue les arbitres ?
Signe des tensions renouvelées, le secrétaire d'État américain John Kerry a accusé la Russie de « favoriser la surenchère » du président syrien. « Il est évident que Bachar el-Assad continue d'essayer de gagner sur le champ de bataille plutôt que de se rendre à la table de négociations de bonne foi », a-t-il dit. « Le régime a fait obstruction, il n'a rien fait sinon de continuer (...) à détruire son propre pays. Et je regrette de devoir dire qu'il le fait avec le soutien accru de l'Iran, du Hezbollah et de la Russie », a ajouté M. Kerry, disant que « la Russie doit être une partie de la solution (pas le contraire) ». La réponse de Moscou n'a pas tardé : « Ce n'est pas le régime qui crée le plus de problèmes, mais les groupes terroristes. » Moscou a ainsi accusé « certains soutiens de l'opposition » de chercher à constituer une organisation distincte de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui est censée représenter les opposants à M. Assad mais contrôle très peu le terrain. « En d'autres termes, on met en place un plan afin de s'écarter du fil des négociations et de parier encore une fois sur un scénario militaire », a assuré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « Tout ce que nous avons promis (pour un règlement de la crise syrienne), nous l'avons fait », a-t-il ajouté.


Parallèlement à cette joute verbale, l'Arabie saoudite a également accusé le régime Assad d'avoir provoqué l'échec de Genève 2. Pour Karim Émile Bitar, de l'Institut des relations internationales et stratégiques, la visite du président américain Barack Obama à Riyad, prévue fin mars, pourrait « se révéler décisive ». « Soit les Saoudiens parviennent à le convaincre de faire un effort militaire supplémentaire en vue d'un changement de régime, soit Obama convainc les Saoudiens de contenir les rebelles », explique l'analyste.

 

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commentaires (3)

Ils comprendront ainsi ce que les Sains Libanais avaient enduré du fait de leurs méfaits.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 52, le 18 février 2014

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Commentaires (3)

  • Ils comprendront ainsi ce que les Sains Libanais avaient enduré du fait de leurs méfaits.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 52, le 18 février 2014

  • Après l’échec de Genève 2, espérons que la guerre qui va s’intensifier en Syrie n 'aura pas de remous au Liban .

    Sabbagha Antoine

    13 h 29, le 18 février 2014

  • La conclusion de cet article est on ne peut plus explicite . Soit kerry dit aux bensaouds on fonce dans le lard , soit il leur dit allez vous faire foutre chez les pygmees de la foret equatorial .Hahaha !! non , mais quand on lit tout ce qui precede ,cad les condamnations du regime les faux semblants d'accusation etc.., les limogeages pour "eloignements des soucis des mercenaires etc... " on ne peut que deviner la reponse qui va leur etre apporter , felloh 3ann... Et avec tout ca ils ne veulent pas comprendre que rendre les armes reste la seule et unique solution possible , d'autres l'ont fait et ca se passe plutot bien mieux pour eux .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 43, le 18 février 2014

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