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Dernières Infos - Liban

Le coup de gueule du graffeur libanais Yazan

Quand le graffeur a maille à partir avec les hommes armés d'un parti en bas de chez lui.

Le graffiti de Fairouz signé Yazan Halwani.

Yazan Halwani, jeune graffeur libanais de 21 ans qui fait ricaner les murs de "Joumhouriat al-Mawz", auteur d'un imposant portrait de Fairouz sur un des murs de Gemmayzé, a lancé un coup de gueule dimanche soir sur sa page Facebook, affirmant : "Ce pays n'est plus le notre".

Derrière ce constat, une altercation entre le graffeur et les hommes d'un petit parti libanais au pied de l'immeuble où il a installé son studio, à Mousseitbé, un quartier de Beyrouth. L'appartement dans lequel se trouve le studio au premier étage de l'immeuble, appartient à sa grand-mère depuis plus de 60 ans.

"Depuis 2006, des hommes en arme gardent l'entrée commune de l'immeuble", explique Yazan, interrogé par L'Orient-Le Jour. Selon le graffeur, ces hommes appartiennent au Front de l'action islamique, qui a installé ses bureaux au deuxième étage de l'immeuble. "Les gardes interrogent tous ceux qui entrent et sortent de l'immeuble", poursuit Yazan, qui précise que des caméras de surveillance ont également été installées.

Le Front de l'action islamique regroupe des organisations sunnites libanaises pro-régime syrien.

 

Dimanche midi, une équipe de la chaine télévisée al-Horra se rend au studio de Yazan Halwani pour filmer un documentaire. Le jeune graffeur est à l'entrée de son studio avec l'équipe qui a commencé à filmer, lorsqu'ils sont interrompus par des gardes : "Il est interdit de filmer ici, c'est le QG d'un parti!", lancent-ils. Suite à cette injonction, les gardes armés du parti interdisent à Yazan et à l'équipe d'al-Horra de sortir de l'immeuble jusqu'à ce que des membres des services de renseignement arrivent au bout d'une demi-heure. "Ils étaient habillés en civil. Ils ont pris les cartes de presse des journalistes et ma carte d'identité", explique Yazan, dont la voix trahi une colère toujours vivace.

Quelques minutes plus tard, des membres des Forces de sécurité intérieure (FSI) débarquent et se réunissent avec le "Cheikh" du parti qui menace de porter plainte contre Yazan et la chaine al-Horra.

Selon le graffeur, une trentaine de membres de différents services de sécurité ont répondu à l'appel du parti, qui demande à voir les images filmées par les journalistes d'al-Horra. "Ils ont tout regardé, tout!, s'exclame Yazan. Et leur argument était qu'ils +sont menacés+".

"Les citoyens n'ont pas à subir ce genre de traitement et de contrôle", s'emporte le jeune Libanais. "S'ils sont menacés, ils ne doivent pas mettre la vie des Libanais en danger, poursuit-il. Qu'ils s'installent en dehors de Beyrouth, qu'ils aillent dans des régions inhabitées".

 

Alors qu'il était retenu par les différentes forces de sécurité à l'intérieur de son immeuble, Yazan écrit sur sa page Facebook avoir eu le temps de penser. "J'ai réalisé que le Liban ne nous appartient plus. Il appartient à des politiciens corrompus, à des milices personnelles qui harcèlent les gens comme vous et moi, et aux mauvaises Forces de sécurité intérieure".

Yazan Halwani, jeune graffeur libanais de 21 ans qui fait ricaner les murs de "Joumhouriat al-Mawz", auteur d'un imposant portrait de Fairouz sur un des murs de Gemmayzé, a lancé un coup de gueule dimanche soir sur sa page Facebook, affirmant : "Ce pays n'est plus le notre".
Derrière ce constat, une altercation entre le graffeur et les hommes d'un petit parti libanais au pied de l'immeuble...