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Moyen Orient et Monde - Transition

« La Tunisie n’est pas une exception, c’est un exemple »

Le pays fêtait hier sa nouvelle Constitution ; « L'islam n'est pas incompatible avec la démocratie », a affirmé François Hollande de Tunis.

Une vue générale de l’Assemblée constituante où se déroulait hier la cérémonie officielle de l’adoption de la nouvelle Constitution. Zoubeir Souissi/Reuters

La Tunisie célébrait hier l'adoption de sa nouvelle Constitution, saluée comme un texte « majeur » ayant « valeur d'exemple » par les responsables étrangers invités à la cérémonie officielle, dont les présidents libanais Michel Sleiman et français François Hollande.

La séance spéciale à l'Assemblée nationale constituante est purement symbolique, la Loi fondamentale ayant été adoptée le 26 janvier à l'issue de plus de deux ans de débats houleux et de crises politiques, puis signée par les dirigeants Tunisiens le lendemain, trois ans après la révolution qui a renversé le président Zine el-Abidine Ben Ali. Il s'agit d'« un texte majeur » qui « fait honneur à votre révolution et peut servir d'exemple à d'autres pays », a déclaré M. Hollande, seul chef d'État européen à participer à la cérémonie, à la tribune de l'Assemblée. « Cela confirme ce que j'avais dit en juillet (lors de sa première visite) : l'islam est compatible avec la démocratie », a-t-il ajouté. « La Tunisie n'est pas une exception, c'est un exemple. Vous incarnez l'espoir dans le monde arabe et bien au-delà », a aussi déclaré le président français, en vantant « un pays hospitalier, accueillant, beau et démocratique. Je mesure les défis qui vous attendent encore », a-t-il poursuivi, en mentionnant notamment la loi électorale qui doit encore être adoptée pour que des élections puissent avoir lieu en 2014.

Le président français a quitté Tunis dans l'après-midi, après avoir annulé une déclaration conjointe avec son homologue Tunisien Moncef Marzouki pour des raisons d'emploi du temps. La cérémonie officielle avait commencé avec une heure de retard et duré plus longtemps que prévu.
Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a lui aussi estimé que la Constitution avait « valeur d'espoir, valeur d'exemple pour d'autres pays ». « En ce jour de célébration, je vous encourage à persévérer dans la voie que vous avez empruntée », a-t-il ajouté. Le président libanais Michel Sleiman a lui aussi salué cette Constitution tunisienne (voir page 3). Enfin, le représentant du voisin algérien, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a qualifié le texte de « pas géant dans la bonne direction », en assurant que l'Algérie « se tiendrait aux côtés de la Tunisie pour faire réussir le processus de transition démocratique ».

« L'importance des défis à venir »
Le nouveau Premier ministre tunisien Mehdi Jomaa, qui vient de former un gouvernement apolitique, a tenu à dire que « la joie de cette réalisation ne doit pas nous faire oublier l'importance des défis à venir. Nous nous sommes engagés à compléter le processus et à préparer des élections libres et transparentes. Cela a été un engagement clair de ma part et de celui de mon gouvernement », a-t-il affirmé, en promettant de s'efforcer de rétablir la confiance des investisseurs.
Avant lui, le président de la Constituante, Moustapha Ben Jaafar, avait de nouveau salué une Constitution « consensuelle, éloignée des calculs de la majorité et de la minorité ». « La Tunisie marche à pas assurés pour sortir de cette difficile période de transition. Nous avons remporté la bataille de la liberté, et il reste une longue route pour ancrer les institutions démocratiques et remporter la bataille du développement », a-t-il ajouté.

La Tunisie, berceau du printemps arabe, émerge tout juste d'une année politique turbulente, marquée par six mois de paralysie institutionnelle à la suite de l'assassinat en juillet d'un député d'opposition, Mohammad Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste. La cérémonie d'hier intervient au lendemain de la première commémoration du meurtre d'un autre opposant, Chokri Belaïd, un crime qui a profondément choqué la Tunisie et mis en évidence l'essor de groupes armés islamistes depuis la révolution de janvier 2011. Des partis politiques de gauche ont encore prévu hier une réunion pour rendre hommage au défunt, avant une grande manifestation aujourd'hui.

L'adoption de la Constitution, un texte de compromis consacrant un exécutif bicéphale, accordant une place réduite à l'islam et introduisant un objectif de parité hommes-femmes dans les assemblées élues, a aussi conduit au départ volontaire des islamistes d'Ennahda du pouvoir, qui ont laissé la place à un cabinet d'indépendants dirigé par Mehdi Jomaa, appelé à mener la Tunisie vers des élections en 2014.
Cette sortie de crise a été négociée pendant des mois par un quartette de médiateurs, dont la puissante centrale syndicale UGTT, qui a réussi à amener Ennahda et ses adversaires à un terrain d'entente. Le président français a aussi rencontré les artisans de ces pourparlers.

 

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Encore un mensonge ou une blagounette de Hollande ...?

M.V.

08 h 52, le 08 février 2014

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Commentaires (1)

  • Encore un mensonge ou une blagounette de Hollande ...?

    M.V.

    08 h 52, le 08 février 2014

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