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Moyen Orient et Monde - Le billet

Obscurantisme vs égalité des possibles

 

Photo AFP

« Il y a un certain nombre d'extrémistes qui ont décidé de mentir, de faire peur aux parents.
L'École de la République n'enseigne absolument pas la théorie du genre. Elle enseigne l'égalité. »
Vincent Peillon, ministre français de l'Éducation nationale

 

 

On aurait bien fait un billet, comme chaque semaine, usé et abusé de cynisme, d'ironie, de second voire de troisième degré, on se serait bien laissé aller à forcer le trait, jouissif exutoire dans un monde grossier. Mais, par les temps qui courent, on s'est dit qu'il était plus prudent de coller serré au premier degré pour raconter l'histoire d'une sale rumeur. Une rumeur lancée par des groupuscules d'extrême droite, disséminée via les réseaux sociaux, poussée par le manque de communication des établissements scolaires, reçue par ceux qui veulent croire et les crédules, dans un environnement délétère. Amer cocktail qui dit le malaise régnant en France.


Derrière ce triste épisode de l'actualité hexagonale, l'on trouve Farida Belghoul, ancienne figure de la lutte contre le racisme passée à l'extrême droite, tendance Soral et Dieudonné. On lui doit la rumeur. Celle selon laquelle l'État français planifierait « l'enseignement obligatoire de la théorie du genre », l'apologie de l'homosexualité, voire une introduction à la masturbation dès la maternelle. Plus le mensonge est gros, plus il passe. C'est à elle que l'on doit l'appel au boycott de l'école, la « journée du retrait », suivie par des centaines de parents d'élèves bernés par ces mensonges.


D'où une nécessaire mise au point. L'expression « théorie du genre » est une création des milieux conservateurs pour faire référence à l'étude du genre, une discipline universitaire née au États-Unis dans les années 1960 et 1970, et visant à étudier les raisons des inégalités hommes-femmes.
À aucun moment le gouvernement français n'a instauré l'enseignement obligatoire d'une quelconque « théorie du genre ». En revanche, il a un devoir légal d'engager, à l'école, une politique de sensibilisation à l'égalité hommes-femmes.


Pour ce faire, il a mis en place un programme intitulé l'« ABCD de l'égalité », un programme en dix séquences pédagogiques, adaptables et modulables de la grande section de maternelle au CM2, officiellement lancé dans plus de 600 classes de 275 écoles à la mi-janvier.


Le programme part du constat suivant, présenté sur le site dédié à l'« ABCD de l'égalité » : « Les inégalités de traitement, de réussite scolaire, d'orientation et de carrière professionnelle demeurent bien réelles entre filles et garçons. Les pratiques ordinaires dans la classe constituent des phénomènes souvent sexués, sans que les enseignants, l'ensemble des acteurs de l'éducation, les élèves et leurs familles en aient nécessairement conscience. Pour les élèves, interagir entre pairs, partager espaces et activités ; pour les enseignants, donner la parole, évaluer, sanctionner ou récompenser, orienter, obéit à des représentations le plus souvent implicites sur les compétences supposées des unes et des autres. Ces représentations, qui relèvent souvent de préjugés et stéréotypes profondément ancrés, peuvent être la source directe de discriminations. »


L'objectif du programme est d'« agir dès l'école primaire pour lutter contre la formation de ces inégalités dès le plus jeune âge, en agissant sur les représentations des élèves et les pratiques des acteurs de l'éducation ».
Dans l'« ABCD de l'égalité », il n'est pas question d'imposer un enseignement formaté, mais plutôt d'inciter les élèves à utiliser leur matière grise, à aiguiser leur sens critique, à débattre, à réfléchir.


Pour ce faire, le programme propose des outils pédagogiques, comme une analyse du tableau d'Auguste Renoir, Madame Charpentier et ses enfants, pour aborder le statut et la représentation de la femme dans l'histoire, le vêtement libérateur ou carcan, l'évolution des droits de la femme. On y trouve aussi des outils de formation pour les enseignants, comme un « quizz sur l'égalité ». Pour les curieux, le programme est disponible ici


L'idée du programme n'est pas d'éradiquer les différences, mais de déconstruire les stéréotypes, de promouvoir le respect, de mettre les élèves en situation d'égalité des chances, d'égalité tout court et, surtout, d'ouvrir aux enfants tout l'univers des possibles.


C'est dans ce programme que certains voient un projet « cheval de Troie » visant à inciter les petits garçons à s'habiller en filles.

« Il y a un certain nombre d'extrémistes qui ont décidé de mentir, de faire peur aux parents.L'École de la République n'enseigne absolument pas la théorie du genre. Elle enseigne l'égalité. »Vincent Peillon, ministre français de l'Éducation nationale
 
 
On aurait bien fait un billet, comme chaque semaine, usé et abusé de cynisme, d'ironie, de second voire de troisième...

commentaires (9)

Çà ne sert à Rien, dëéll mâïï mâïï avec les fanatiques d’extrême-droite, et les impossibles intégristes catholiques ou de tous poils !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

05 h 34, le 01 février 2014

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Commentaires (9)

  • Çà ne sert à Rien, dëéll mâïï mâïï avec les fanatiques d’extrême-droite, et les impossibles intégristes catholiques ou de tous poils !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 34, le 01 février 2014

  • M. Prévost, Permettez-moi de livrer l’intégralité de la citation : « Si le sexe est biologique, le genre est une construction culturelle. En gros, le chromosome Y n’est pas incompatible avec les tâches ménagères, et le destin des femmes n’est pas exclusivement d’être mères, par exemple ! » Quant à la deuxième citation : « Les « gender studies » nous enseignent aussi que l’hétérosexualité, loin de découler du sexe biologique ou de l’identité sexuée, n’est pas la forme « naturelle » de la sexualité, mais sa forme dominante, au sens où le système social la produit, la légitime, et stigmatise et infériorise socialement celles et ceux qui s’en écartent. » Il me semble qu’ignorer le poids de la société, revient à ignorer un facteur majeur définissant les relations entre les hommes. Ceci dit, je pense qu’à partir de là, il faut nous accorder sur le fait que nous ne sommes pas d’accord. Dernière chose, relative au syndicat que vous mentionnez, voici, pour alimenter le débat et la réflexion, quelques explications de son secrétaire général, Sébastien Sihr : « Notre syndicat du premier degré (école primaire), le SNUipp-FSU, a effectivement rédigé des fiches pédagogiques prenant pour support des ouvrages de littérature de jeunesse évoquant notamment les familles homoparentales. Ces fiches sont destinées à aider nos collègues qui luttent contre les discriminations par une éducation à la diversité et au respect. Le constat est que nous avons dans nos classes d'une part des enfants qui grandissent dans des familles homoparentales, d'autre part des enfants qui à l'adolescence se découvriront homosexuel-les. Il ne s'agit pas de les repérer, bien évidemment ! Mais c'est une probabilité statistique. Et une autre réalité est que ces jeunes rencontreront probablement une grande souffrance entraînant souvent échec scolaires, déscolarisation, dépression et même parfois suicide. Il s'agit donc d'éviter ces souffrances, pour les jeunes homosexuel-les, et également pour les enfants des familles homoparentales qui souffrent quand leur famille est stigmatisée. L'homosexualité n'est pas un choix, et ces familles sont aussi épanouissantes pour les enfants quand elles ne subissent pas l'homophobie. L'évoquer en classe ne peut donc pas déterminer l'orientation sexuelle future des élèves. De même, nous parlons d'amour, de familles, pas de sexualité ! Le SNUipp-FSU a mis à disposition des collègues un mot à destination des familles pour expliquer le contenu pédagogique du travail dans les classes autour aussi de l'égalité fille- garçon. Voilà le sens de notre démarche. Nous ne voulons rien imposer à nos collègues, nous sommes attachés aussi à la liberté pédagogique des enseignant-es. Mais nous essayons évidemment de les convaincre d'agir en prévention de toutes les discriminations, racisme, sexisme et homophobie, c'est la même logique d'éducation au respect mutuel et au vivre ensemble ». Bien à vous, Emilie Sueur

    L'Orient-Le Jour

    17 h 33, le 31 janvier 2014

  • Je persiste et signe. Le document du SNUipp du 16 mai 2013, de la page 16 à 21 explique en long, en large et en détail ce qu'est la théorie du genre, laquelle développe " l’idée que, si le sexe est biologique, le genre est une construction culturelle". Selon ce même document, les différences entre filles et garçons ne sont que " PRÉTENDUMENT « NATURELLES »", et en réalité, inventées par la société pour masquer les inégalités de sexe. De même, selon le syndicat des enseignants, " l’hétérosexualité, loin de découler du sexe biologique ou de l’identité sexuée, n’est pas la forme « NATURELLE » de la sexualité, mais sa forme DOMINANTE, au sens où LE SYSTÈME SOCIAL LA PRODUIT. Enfin, le SNUipp fait la promotion de cette théorie (Scientifiquement absurde comme le rappelle l'article paru dans les colonnes de l'Orient le 8/12/2013, faisant état d'une recherche scientifique qui montre les différences structurelles entre les cerveaux de hommes et des femmes). Il estime " nécessaire que les enseignant-es et leur formation prennent en compte les études sur le genre dans leurs pratiques quotidiennes, tant au niveau des contenus d’enseignement que des interactions qu’ils/elles ont avec leurs élèves, ainsi que dans la gestion des relations entre enfants" Quoiqu'en dise le SNUipp, il s'agit bien d'une idéologie.

    Yves Prevost

    15 h 38, le 31 janvier 2014

  • Il est à noter, que l'instruction obligatoire laïque et gratuite est instituée par la loi de 1882, dite Loi Ferry. L’instruction primaire devient alors obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de six ans révolus à treize ans révolus. L'âge minimum de l'Instruction obligatoire, fixée à 13 ans par cette loi, avait été allongée par une première étape à 14 ans, par la loi de 1936. L'Ordonnance de 1959, signée par le président Charles de Gaulle, a ensuite décidé que l'âge de fin de la scolarité obligatoire sera porté de 14 ans à 16 ans. L’ordonnance prévoyait une sanction en cas de non-respect, sous forme de retrait des allocations familiales. En sus, les maires peuvent instaurer un fichier informatique concernant les élèves de leurs communes, afin de contrôler leur assiduité scolaire, ce depuis la loi de 2007 relative à la prévention de la délinquance. Les avertissements prononcés par les inspecteurs d'académie à l'égard des personnes responsables de l'enfant, qui peuvent donner lieu à la mise en place d'un contrat de responsabilité parentale, sont direct inscrits dans ce fichier. Dont acte !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 19, le 31 janvier 2014

  • M. Prevost, Je vous renvoie au communiqué diffusé par le SNUipp le 29 janvier 2014, et notamment sur le passage relatif à l'homosexualité : "La polémique enfle sur le soi-disant enseignement de la "théorie du genre" à l'école. La FCPE, le SE-UNSA, le SGEN-CFDT et le SNUIPP-FSU tiennent à rassurer les parents et à rappeler en quoi consiste les ateliers "ABCD de l'égalité" lancés par le ministère de l'Education nationale et le ministère des Droits des femmes. Les ABCD de l’égalité visent à éduquer à l’égalité garçon-fille et à travers elle à lutter contre les discriminations sexuelles. L’enseignement de l’égalité entre les femmes et les hommes est prévu par la loi depuis 1989 et les ABCD de l’égalité s’inscrivent dans le cadre des enseignements existants : en éducation physique et sportive, dans les cours d’éducation artistique, d’histoire, etc. En aucun cas, l'objectif de ces ateliers serait d’apprendre l’homosexualité aux enfants dès la maternelle ni de proposer des « travaux pratiques sexuels » en classe, comme le colportent des rumeurs et une instrumentalisation politique. Il n’existe pas de « théorie du genre » mais il existe de nombreux travaux dits « sur le genre » reposant sur l’idée que les stéréotypes sexués (par exemple : un garçon ne peut pas jouer à la poupée, les filles ne sont pas faites pour être ingénieur, etc.) sont socialement construits, et que la différenciation sexuelle des places occupées dans la société par les hommes et les femmes n’est pas prescrite par la nature". Cordialement, Emilie Sueur

    L'Orient-Le Jour

    10 h 41, le 31 janvier 2014

  • L'ABRUTISSEMENT ET L'ABERRATION S'INSTALLENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 21, le 31 janvier 2014

  • Clair,net et précis ; sauf pour les débiles fanatiques fascistes d’extrême-droite, et les impossibles intégristes catholiques ou de tous poils !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 03, le 31 janvier 2014

  • Je maintiens ce que j'ai écrit hier, citations à l'appui. Le gouvernement avait bien l'intention d'introduire la théorie du genre à l'école, et ce n'est que devant le tollé provoqué qu'il a été contraint ( au moins verbalement) de faire marche arrière. Dans sa présentation, le programme ABCD est tout ce qu'il y a de plus innocent, mais c'est le contenu effectivement propagé qui fait peur. On fait lire aux enfants des livres tels:"Jean a deux mamans", "Tango a deux papas" ou "Papa porte une robe". Le syndicat des enseignants SNUipp répand l'idée que "la complémentarité des sexes est un mythe". Des manuels scolaires insinuent que si « Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin » Etc... Le danger est bien réel et non une simple rumeur.

    Yves Prevost

    08 h 26, le 31 janvier 2014

  • déconstruire les stéréotypes,donc.vaste programme pour des petits tout petits...et s'ils commençaient par leur apprendre l'alphabet et un peu de calcul...çà peut pas faire de mal...

    GEDEON Christian

    01 h 39, le 31 janvier 2014

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