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Moyen Orient et Monde - Syrie

À Genève, rien ne va plus

Le régime accuse Washington d'armer les « terroristes » ; l'opposition présente sa « vision » d'une « nouvelle Syrie démocratique et pluraliste ».

La conseillère du président syrien Bachar el-Assad, Bouthaina Chaaban, invectivant les journalistes à Genève, lors d’un point de presse. Fabrice Coffrini/AFP

Les négociations de paix à Genève entre régime syrien et opposition ont été interrompues plus tôt que prévu hier, malgré les efforts déployés par le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi pour le cinquième jour consécutif, le blocage reste entier sur la question explosive de la transition politique en Syrie.

L'opposition a en effet d'emblée accusé le régime de ne pas coopérer sur la question de la transition ni sur celle des aides humanitaires, notamment pour les quartiers rebelles assiégés de Homs. « C'est moi qui ai décidé l'interruption de la réunion, il ne faut pas les critiquer », a affirmé M. Brahimi, qui a souhaité que ce temps accordé permette aux deux délégations de mieux préparer la réunion de ce matin. Il a réitéré qu'il ne s'agissait pas d'« une négociation facile », reconnaissant « n'avoir obtenu aucune avancée ». « Nous y travaillons et en ce qui me concerne c'est déjà bien », a souligné le diplomate, ajoutant : « Personne ne part en courant, ne se retire. »

Selon Rima Fleyhane, membre de la délégation de l'opposition, celle-ci a présenté sa « vision » d'une « nouvelle Syrie démocratique et pluraliste », mais le « régime n'a rien présenté et a refusé toute discussion ». Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a, quant à lui, expliqué aux journalistes que sa délégation avait présenté un communiqué qui affirme que « les États-Unis ont pris la décision de recommencer à armer les groupes terroristes en Syrie », terme utilisé par Damas pour désigner les rebelles. Il a indiqué que l'opposition s'était refusée à condamner cette décision, rapportée par certains médias et qualifiée par le régime de « tentative directe d'empêcher toute solution politique en Syrie ». Répondant aux questions des journalistes, M. Brahimi s'est borné à dire qu'il ne s'agissait pas d'une déclaration du gouvernement américain. Rappelons que le secrétaire d'État américain John Kerry avait déclaré le 22 janvier à Montreux en Suisse que les États-Unis cherchaient « différents moyens de pression » sur le régime de Damas, en augmentant leur aide à l'opposition syrienne.

Toujours l'urgence à Homs
Aucun progrès n'a par ailleurs été noté au niveau de l'arrivée des aides aux quartiers assiégés par l'armée à Homs, où l'opposition demande l'entrée de convois humanitaires dans ces zones où sont bloquées 3 000 personnes depuis 600 jours. Or le régime propose d'abord de laisser sortir les femmes et les enfants, affirmant que l'entrée des aides est menacée par les rebelles. « Il y a des tireurs embusqués qui empêchent l'entrée de l'aide (...) même les volontaires ont peur d'entrer », a affirmé hier le ministre syrien de l'Information, Omrane el-Zohbi. M. Brahimi a de son côté confirmé que « le convoi est prêt mais attend toujours l'autorisation (des autorités) de rentrer. Nous n'y avons pas renoncé ». Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies et le Fonds pour l'enfance (Unicef) ont pour leur part confirmé hier avoir « des camions en attente (...) attendant un feu vert ». Des contacts sont en cours entre le représentant de l'ONU à Damas et les rebelles, selon le gouverneur de Homs, Talal al-Barazi, alors que la France a accusé le régime d'« affamer » la population à Homs. Responsables humanitaires et diplomates rappellent que selon le droit humanitaire, on ne peut forcer une population à évacuer, elle doit d'abord être assistée et prendre ensuite la décision de partir ou pas.

Avancée loyaliste près d'Alep
Sur le terrain, les troupes syriennes ont progressé à la lisière sud-est d'Alep, près de l'aéroport international, provoquant la fuite de nombreux habitants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), précisant que c'était « la première fois que l'armée tentait de pénétrer dans Alep par sa périphérie », les forces gouvernementales ayant mené jusqu'alors leurs offensives depuis les quartiers qu'elles contrôlent dans la ville. Les rebelles ont pénétré à Alep en juillet 2012 et contrôlent plus de la moitié de cette grande métropole du nord du pays.

Dans la campagne au nord d'Alep, des combats ont opposé des rebelles à des membres de Daech (État islamique en Irak et au Levant -EIIL), lié à el-Qaëda, dans le village de Maaret al-Ratiq, d'après l'OSDH. Sur un autre front, au sud de Damas, des combats entre rebelles et troupes gouvernementales ont fait 23 morts (8 rebelles et 15 soldats), toujours selon l'ONG.

Par ailleurs, l'armée israélienne a créé une nouvelle division territoriale qui sera déployée sur le plateau du Golan occupé, a annoncé hier un porte-parole militaire. Cette nouvelle division dénommée « Bashan » (le nom biblique de la région du Golan) sera postée à la frontière avec la Syrie pour répondre à toute « menace sécuritaire ».

Dans ce contexte, le Maroc a annoncé hier avoir convoqué l'ambassadeur d'Algérie pour exprimer sa « forte désapprobation » au sujet d'un refoulement par ce pays de plusieurs dizaines de réfugiés syriens au cours des derniers jours, une accusation toutefois rejetée par Alger. « Le Maroc déplore profondément cet acte inhumain, d'autant plus qu'il s'agit de femmes et d'enfants dans une situation de vulnérabilité extrême », selon la même source.


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Mais où sont donc passées, ses "vibrisses" ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 20, le 29 janvier 2014

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Commentaires (2)

  • Mais où sont donc passées, ses "vibrisses" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 20, le 29 janvier 2014

  • De Genève 2 il ne restera que le "charme" des invectives de Bouthaina Chaaban, conseillère de Bachar le chimique.

    Halim Abou Chacra

    04 h 10, le 29 janvier 2014

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