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Moyen Orient et Monde - Le billet

En 2014, osez l’enthousiasme !

« Les informations qui nous viennent du monde sont tellement tristes, en ce moment, qu'il faut se faire plaisir quand on peut, même si cela peut paraître égoïste. »
Parole d'un homme qui, du haut de ses 90 ans, en a pourtant vu d'autres.

 

Oui, le monde ne prête pas à rire, rarement à sourire même, par les temps qui courent. Sans aller jusqu'à l'échelle mondiale, le Liban, pays petit par la taille mais grand par les ennuis, est difficilement une source d'optimisme. Aimer le Liban, vouloir y rester, tient désormais de l'engagement quasi irrationnel.
Si je triple ton salaire, par un miracle comptable, resterais-tu ? Non. Quand ce n'est même plus une question d'argent, de carrière, que faire pour stopper l'hémorragie de la jeunesse ?
Liban en crise économique, sécuritaire, politique, existentielle...

 

Mais de ce magma de grisaille percent toujours des rais de lumière. La preuve ? Depuis le 2 avril 2012, nous parvenons à produire, chaque lundi, une bonne nouvelle sur le Liban.
Le Liban remporte le championnat du débat arabe des écoles au Qatar, le Liban dans le top 10 des meilleures destinations gastronomiques, la Bibliothèque nationale ouvrira ses portes en 2014, un jeune Libanais récompensé au Sunset Film Festival, des taxis gratuits à Beyrouth pour la nuit du Nouvel An...
Art, gastronomie, tourisme, innovation, esprit d'entreprise, culture, éducation... Chaque lundi, nous avons trouvé une raison d'y croire, d'espérer, de se réjouir, pour le Liban.


Le monde aussi regorge de belles initiatives.

 

En 2013, une ville française, Le Havre, s'est faite le creuset de ces énergies positives. Le Havre, ville dont le centre fut rasé pendant la Seconde Guerre mondiale puis reconstruite à grand renfort d'« urbanisme rationnel », accueillait en septembre dernier le forum pour l'économie positive. Un mouvement né « de la volonté de faire des différentes crises des opportunités de transformation positive de notre économie et de remise en question de nos façons de produire et consommer mais aussi de tirer les enseignements de nos modes de développements devenus obsolètes », dixit Jacques Attali, l'un des porteurs du projet, dans un édito.


Sur les docks de la préfecture de Seine-Maritime dont le béton armé se pare d'or quand le soleil caresse la Manche, se sont croisés des centaines de personnes, venues des quatre coins de la planète, de Paris à Oulan-Bator, en passant par New York et Singapour.
Dans le cadre de ce forum ont eu lieu des débats d'idée, sur le monde en 2030, sur la nécessité de replacer l'empathie dans l'équation économique, sur la responsabilité sociale des entreprises, sur la troisième révolution industrielle...

 

Plus important peut-être, des hommes et des femmes venus du monde entier sont venus présenter un projet, leur projet.
Stéphanie Delestre, femme dotée d'une capacité d'émerveillement rare, fondatrice de Qapa, un site de recherche d'emploi en ligne qui se concentre sur les compétences et non le CV. « Les recruteurs cherchent des compétences, les candidats à donner un sens à leur vie, mettons-les en relation. » Quand Stéphanie Delestre parle, c'est un flot de mots, de passion, qui se déverse sur son interlocuteur. Une femme enthousiaste.

Arnaud Ventura, carrure de rugbyman et costume tombant au poil, vice-président de PlaNet Finance, une organisation de soutien à la microfinance qui a débuté en 1999 avec un budget annuel de 500 000 dollars pour devenir, aujourd'hui, un groupe diversifié doté d'un budget supérieur à 15 millions de dollars. « La spéculation ne produit rien, alors pourquoi ne pas passer au financement des petites entreprises ? » Un financier qui a redonné ses lettres de noblesse à la finance. Un homme enthousiaste.

Claire Nouvian, grande tige aux nerfs d'acier, qui, à la tête de l'association Bloom pour la préservation marine, se bat pour l'interdiction de la pêche en eaux profondes. Pas le genre à recourir aux effets de manche, mais un propos qui tape dans le mille. Une femme engagée, totalement, viscéralement. Une teigne, une magnifique teigne. Une femme enthousiaste.

Saïd Hammouche, né à Bondy de parents marocains, 2e dan de judo, fondateur et directeur général de Mozaïk RH, un cabinet de recrutement et de conseil en ressources humaines spécialisé dans la promotion de la diversité auprès des entreprises publiques et privées. Quand ce chasseur de tête des cités se plante face au public pour présenter Mozaïk, la scène rétrécit, écrasée par son énergie, son souffle, son engagement. Saïd Hammouche est le combattant de la diversité, le dénicheur des talents qui poussent à l'ombre des barres HLM. 600 candidats placés en 2012 dans de grands groupes. Un homme enthousiaste.

Se faire plaisir, oui. Être égoïste de temps à autre, oui. Mais aussi, et surtout, oser l'enthousiasme, sur quelque chose, n'importe quoi. Pour continuer d'avancer, malgré tout.

« Les informations qui nous viennent du monde sont tellement tristes, en ce moment, qu'il faut se faire plaisir quand on peut, même si cela peut paraître égoïste. »Parole d'un homme qui, du haut de ses 90 ans, en a pourtant vu d'autres.
 
Oui, le monde ne prête pas à rire, rarement à sourire même, par les temps qui courent. Sans aller jusqu'à l'échelle mondiale, le Liban, pays...

commentaires (1)

Oui ! Oser l'enthousiasme, mais comment se relever quand on est touché dans sa chair ? "Aimer le Liban, vouloir y rester, tient désormais de l'engagement quasi irrationnel". Bien sûr ! Vivre en "Absurdistan", c'est avoir le moral d'un champion... Et les donneurs de leçons ne manquent pas, comme Jacky, tartineur de moraline à ses petites heures, en nous invitant à une "remise en question de nos façons de produire et consommer" sic. Tout cela est vite dit, mais moins vite fait, quand on sait que les cadeaux des fêtes de fin d'année se font à crédit... Ou bien vivement "une troisième révolution industrielle". Le monde sera merveilleux quand on "replace l'empathie dans l'équation économique". L'espoir fait vivre...

Charles Fayad

20 h 30, le 03 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • Oui ! Oser l'enthousiasme, mais comment se relever quand on est touché dans sa chair ? "Aimer le Liban, vouloir y rester, tient désormais de l'engagement quasi irrationnel". Bien sûr ! Vivre en "Absurdistan", c'est avoir le moral d'un champion... Et les donneurs de leçons ne manquent pas, comme Jacky, tartineur de moraline à ses petites heures, en nous invitant à une "remise en question de nos façons de produire et consommer" sic. Tout cela est vite dit, mais moins vite fait, quand on sait que les cadeaux des fêtes de fin d'année se font à crédit... Ou bien vivement "une troisième révolution industrielle". Le monde sera merveilleux quand on "replace l'empathie dans l'équation économique". L'espoir fait vivre...

    Charles Fayad

    20 h 30, le 03 janvier 2014

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