Rechercher
Rechercher

Liban

La lettre de Chatah à Rohani : un appel à l’Iran pour revoir ses choix

La semaine dernière, Mohammad Chatah avait écrit une lettre ouverte au nouveau président iranien, Hassan Rohani, et envisageait de la faire signer par les députés du 14 Mars avant de la lui adresser, pour lui demander notamment d'aider le Liban.
Le site électronique du Wall Street Journal a publié samedi le texte de cette lettre dont nous reproduisons ci-dessous de larges extraits.
Dans son introduction, Mohammad Chatah écrit : « Nous entreprenons cette démarche exceptionnelle en nous adressant à vous ainsi qu'à d'autres dirigeants régionaux et internationaux car la période actuelle est particulièrement dangereuse pour notre pays. Non seulement la sécurité intérieure et extérieure du Liban est sérieusement menacée, mais l'unité même de notre pays est en danger. Il est de notre devoir de faire tout ce qui est possible pour protéger notre nation contre ces périls.
« Aujourd'hui plus que jamais, les choix faits par la République islamique d'Iran joueront un rôle important pour déterminer notre succès ou notre échec. C'est pour cette raison que nous vous écrivons en tant que président » de cet État.
Il rappelle ensuite les changements intervenus récemment en Iran « qui sont un signe annonciateur de la volonté du peuple iranien de placer le pays sur une nouvelle voie, faite de réformes et d'ouverture sur le reste du monde ». Et d'ajouter : « Mais pour nous, représentants du peuple libanais, le test réel est (...) de voir si l'Iran est sincèrement préparé pour tracer une nouvelle voie dans sa politique à l'égard du reste des pays de la région, et plus particulièrement à l'égard du Liban. »
L'ancien ministre assassiné insiste ensuite sur « les relations militaires stratégiques » entre le Hezbollah et les gardiens de la révolution iranienne, et relève que 30 ans après la création de cette formation et en dépit du retrait israélien de 2000, « le Hezbollah continue de maintenir une force militaire autonome échappant au contrôle de l'État, avec le soutien direct de votre pays ».
« Nous sommes certains que vous admettez que la présence d'une milice armée parallèlement aux forces régulières et que le fait d'opérer en dehors du contrôle de l'État et des autorités politiques ne sont pas seulement en conflit avec la Constitution libanaise, mais avec le principe même d'un État souverain, quel qu'il soit, avait souligné Mohammad Chatah. (...) L'insistance du Hezbollah à maintenir son aile militaire a constitué un obstacle majeur face aux efforts nationaux dont on a pourtant tellement besoin, afin de renforcer nos institutions et de mettre fin aux séquelles de la guerre civile et de la prolifération des armes dans le pays. Elle a dans le même temps affaibli l'unité nationale libanaise, exposé le pays aux secousses sectaires qui prennent de l'ampleur dans la région, et contribué à la poussée de l'extrémisme et du militantisme religieux. »
« Plus encore, poursuit-il, le recours ou la menace de recourir aux armes pour faire pencher les règles du jeu politique local en sa faveur a fait que la gestion du système politique libanais est devenue presque impossible et a débouché sur une paralysie progressive des institutions. »
Mohammad Chatah évoque ensuite l'implication du parti de Dieu dans la guerre en Syrie et ses conséquences sur le Liban, en soulignant notamment qu'elle a aggravé la situation « précaire » au plan de la sécurité ainsi que les divisions politiques. « En tant que représentants du peuple libanais, notre responsabilité principale est de protéger le pays du danger d'un débordement du brasier syrien. (...) Mais il n'est pas possible de réussir dans cette mission lorsqu'une partie libanaise fondamentale participe directement au conflit syrien. Cette implication est en fait une invitation directe à ceux qui sont dans la ligne de mire du Hezbollah d'exporter leur guerre vers le territoire de ce dernier, notre territoire. Malheureusement, c'est ce qui est en train de se produire avec le soutien et en coordination avec la République islamique d'Iran », dit-il.
« Pour freiner la descente du Liban vers l'abîme, le concours de puissances régionales et internationales, dont l'Iran, est indispensable », observe l'ancien ministre qui insiste sur le fait que les mesures nécessaires pour cette entreprise figurent dans la déclaration de Baabda.
Plus concrètement, il propose une série d'autres mesures à adopter « dans le cadre d'une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité ou d'une conférence plus élargie d'appui au Liban ». Ces mesures se définissent comme suit :
- un engagement de tous les États, dont l'Iran, en faveur de la neutralité du Liban, conformément à la déclaration de Baabda ;
- mettre fin à la participation de toutes les parties, dont le Hezbollah, à la guerre en Syrie ;
- renforcer le contrôle de la frontière avec la Syrie, avec le soutien, si besoin est, de la Finul, sur base de la résolution 1701 du Conseil de sécurité ;
- demander au Conseil de sécurité de prendre les mesures nécessaires pour poursuivre l'application de la 1701 afin de passer du statut de « cessation des hostilités avec Israël » à celui de « cessez-le-feu permanent ». Elles seront associées à des arrangements adéquats pour mettre fin aux violations israéliennes de la souveraineté libanaise.
Il conclut en invitant de nouveau Téhéran à revoir ses choix pour aider le Liban à faire face au danger auquel il est confronté.

La semaine dernière, Mohammad Chatah avait écrit une lettre ouverte au nouveau président iranien, Hassan Rohani, et envisageait de la faire signer par les députés du 14 Mars avant de la lui adresser, pour lui demander notamment d'aider le Liban.Le site électronique du Wall Street Journal a publié samedi le texte de cette lettre dont nous reproduisons ci-dessous de larges...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut