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Liban

Appel aux derniers des justes

Il faut reconnaître au chef du bloc du Changement et de la Réforme, le député Michel Aoun, le mérite d'avoir relancé hier, dans le cadre de son entretien à la MTV, et à la veille de la Journée internationale des droits de l'homme, le cas de l'ingénieur Joseph Sader, enlevé le 12 février 2009 sur la route de l'aéroport, sans plus laisser de traces. Non que le général Aoun ait agi en vertu d'un humanisme particulier ; il a en effet profité de la question posée par notre confrère Walid Abboud pour repartir de plus belle dans sa campagne traditionnelle contre l'ancien patron des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Achraf Rifi. En substance, M. Aoun a répondu en ces termes : « Il faut poser la question (sur le sort de Sader) à Achraf Rifi et aux services des renseignements des FSI, qui ont découvert plusieurs réseaux d'espionnage israéliens. La direction des services de renseignements des FSI, qui a mis aux arrêts 20 agents israéliens, ne sait-elle rien sur Joseph Sader ? »

Plutôt que de s'attarder sur les vieilles rengaines du chef du Courant patriotique libre contre Achraf Rifi et feu Wissam el-Hassan – qui, parmi les fameux 20 agents israéliens, en avaient rappelle-t-on débusqué un dans l'entourage immédiat du général Aoun –, il convient d'en revenir aux faits.

L'ingénieur informatique a été enlevé à bord d'un van blanc aux vitres fumées, de marque Chevrolet. Il descendait du bus, sur l'autoroute, en provenance de son village de Maghdouché (Liban-Sud), et se rendait à son travail, à la Middle East Airlines (MEA). À la hauteur du pont Cocody, à quelques centaines de mètres des bureaux de la MEA, deux hommes en civil s'étaient alors approchés de lui et l'avaient forcé à monter dans le van.
C'est justement Achraf Rifi qui, dans le cadre d'une réunion le 9 octobre 2011 de la commission parlementaire des Droits de l'homme chargée d'examiner le cas de Sader et l'enlèvement de cinq opposants syriens au Liban, les quatre frères Jassem et Chebli Ayssami, avait révélé les seules informations dont nous disposons jusqu'à l'heure : une patrouille des FSI avait repéré le van en question et l'avait suivi jusqu'aux abords de Bourj el-Brajneh. Le van avait réussi à semer le véhicule des FSI et s'était ensuite enfoncé dans les profondeurs de la banlieue sud. Achraf Rifi avait également, au cours de la même séance, révélé l'implication de Salah el-Hajj, fils de l'ancien directeur des FSI, Ali el-Hajj, dans l'enlèvement des quatre frères Jassem et Ayssami, pour le compte de l'ambassade de Syrie.

Mais il y a plus. Selon une source de sécurité, l'enquête a démontré qu'une équipe du Hezbollah se serait rendue sur les lieux de l'enlèvement trois ou quatre jours avant celui-ci. Cette équipe avait fait le tour des différents magasins disposant de caméras de surveillance pour leur demander de les suspendre et de les baisser, prétextant des « contraintes sécuritaires » propres au parti chiite...

Durant la réunion de ladite commission, à laquelle avaient notamment assisté les députés Ghassan Moukheiber, Hikmat Dib, Samy Gemayel, Élie Keyrouz, Akram Chehayeb, Ali Ammar, Nawwar Sahili et Atef Majdalani, l'épouse de Joseph Sader avait demandé au général Rifi s'il y avait des éléments indiquant qu'Israël pouvait se cacher derrière l'enlèvement de l'ingénieur, ce à quoi ce dernier avait répondu qu'il n'y avait aucun élément de preuve indiquant l'implication de l'État hébreu dans cette affaire. Mme Sader avait alors affirmé que son époux avait été kidnappé en raison du poste qu'il occupait et qui lui donnait accès à un vaste ensemble de données précieuses, celui des départs et des arrivées des voyageurs à l'aéroport.
Or, toujours selon une source sécuritaire, il s'avère que le poste laissé vacant par Joseph Sader « a été rempli par un membre de la famille Sahili », proche du Hezbollah, au lendemain de l'enlèvement de l'ingénieur. De sources bien informées, il est en tout cas occupé aujourd'hui par Bassam Zahar, originaire d'Achrafieh... proche du CPL. Ce qui fait planer de sérieuses interrogations sur les motifs pour lesquelles Joseph Sader a été enlevé et sur la partie qui est à l'origine de son enlèvement.


Signalons enfin que les représentants d'Amal et du Hezbollah s'étaient élevés contre les informations rapportées par Achraf Rifi durant la séance de la commission parlementaire, selon lesquelles le van des ravisseurs s'était évaporé dans la banlieue sud.

Cela fait bientôt cinq ans que Joseph Sader a disparu. Sa disparition forcée a ouvert la voie à une sorte de banalisation préméditée des enlèvements et contribué à l'érosion de la violence légitime et du prestige d'un État devenu aujourd'hui rachitique. N'est-il pas temps, au lieu d'utiliser cette question dans le cadre de petits règlements de comptes mesquins, qui plus est pour ceux qui se positionnent en « champions des chrétiens », de contribuer à faire la lumière sur le sort de l'ingénieur ? N'y a-t-il pas aujourd'hui une insupportable conspiration du silence de la part de plusieurs responsables sur cette affaire ? Est-il possible que tous les ministres qui se sont succédé depuis l'enlèvement de Joseph Sader, y compris Ziad Baroud et Marwan Charbel (Intérieur), Élias Murr et Fayez Ghosn (Défense), Ibrahim Najjar et Chakib Cortbaoui (Justice), ou encore les différents députés, fonctionnaires et magistrats qui se sont penchés sur cette affaire n'aient aucune information sur la question ? Pourquoi le général Michel Aoun lui-même, qui ne recule jamais devant un obstacle lorsqu'il souhaite dénoncer un scandale, participe-t-il à cette loi du silence ?

Craint-il que le fait de réclamer la vérité sur le sort de cet ingénieur puisse jeter une ombre sur ses relations avec un « parti frère », sur lequel pèsent aujourd'hui les soupçons par défaut, en attendant d'obtenir plus d'informations sur la question ? Pourtant, dans la logique aounienne, le sort d'un coreligionnaire ne prime-t-il pas sur toute autre affaire, comme le prouve aujourd'hui sa surenchère chrétienne insupportable s'agissant du calvaire subi par toutes les communautés et les religions face à la barbarie, qui du régime et qui des extrémistes en Syrie ?

Enfin, n'est-il pas temps pour quelques braves au sein de cette bien médiocre caste politique – s'il s'en trouve encore au sein de cette République de la honte – de réclamer que le rapport complet de cette fameuse séance de la commission parlementaire du 9 octobre 2011 – ainsi que celui d'une autre séance de cette commission sur le même thème, le 24 octobre 2011 – soient révélés au grand public, afin que les citoyens puissent enfin savoir ce qui a vraiment été révélé dans ce cadre sur l'affaire Sader ? Joseph Sader n'a-t-il droit qu'au mépris souverain des « responsables » ? Ne mérite-t-il pas un peu plus qu'un lâche soupir de commisération, signe de résignation, de veulerie face à la vérité – en l'occurrence que l'on œuvre sans relâche à ce qu'il recouvre la liberté ?

Certes, finalement, Joseph Sader n'est qu'un Libanais comme les autres, victime de cette collusion sordide sur l'impotence à faire triompher et respecter la règle de droit. Il est vrai que l'audace et la régularité, voire la conscience, se font bien rares de nos jours. Mais où sont donc passés les justes ?


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Il faut reconnaître au chef du bloc du Changement et de la Réforme, le député Michel Aoun, le mérite d'avoir relancé hier, dans le cadre de son entretien à la MTV, et à la veille de la Journée internationale des droits de l'homme, le cas de l'ingénieur Joseph Sader, enlevé le 12 février 2009 sur la route de l'aéroport, sans plus laisser de traces. Non que le général Aoun ait agi en...

commentaires (4)

Si l'on considère le duo Fakkîh-boSSfaïr qui va soit disant savoir gérer les affaires du pays en attendant d’hypothétiques élections prochaines, et une permanente alliance avec l’archaïsme Maronitico-chïïtique de ces 2 Compères sectaires, on constate que ce qui est à l'ordre du jour, dans leurs Campagnes indigènes Crevassées, c'est l'extension du domaine de l’autoritarisme, la poursuite de la Pseudo-résistancielle yîîîh du Walïï Noirci et du Changementalisme orangé Aigri, le refus de la création enfin d'un véritable État de droit et même le transfert des Palestiniens et surtout des Sunnites vers des tiers pays : ex. l’Andalousie ! C'est un choix désespéré, mais c'est leur choix aux deux Petits potentats-là. Ce ne serait plus alors qu’un cauchemardesque ghetto en armes, ce petit patelin perpétuellement soumis aux attaques de son bääSSyriaNique voisin, isolé, sinon condamné par l'opinion Saine Libanaise et progressivement pourri ce pays par l'obligation permanente de comportements extrêmes. Pour piger et bien comprendre cette dérive, il faut revenir encore et toujours sur ce qui s'est passé ces deux dernières décennies, sur cette pathétique glissade durant laquelle toutes les initiatives Saines furent implacablement trahies par ces fanatiques Malsains Anthracitez-et Amèèèrs qui, perpétuellement, se refilaient le Khanjar, le Canif ou le Sikkîîîne !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 21, le 11 décembre 2013

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Commentaires (4)

  • Si l'on considère le duo Fakkîh-boSSfaïr qui va soit disant savoir gérer les affaires du pays en attendant d’hypothétiques élections prochaines, et une permanente alliance avec l’archaïsme Maronitico-chïïtique de ces 2 Compères sectaires, on constate que ce qui est à l'ordre du jour, dans leurs Campagnes indigènes Crevassées, c'est l'extension du domaine de l’autoritarisme, la poursuite de la Pseudo-résistancielle yîîîh du Walïï Noirci et du Changementalisme orangé Aigri, le refus de la création enfin d'un véritable État de droit et même le transfert des Palestiniens et surtout des Sunnites vers des tiers pays : ex. l’Andalousie ! C'est un choix désespéré, mais c'est leur choix aux deux Petits potentats-là. Ce ne serait plus alors qu’un cauchemardesque ghetto en armes, ce petit patelin perpétuellement soumis aux attaques de son bääSSyriaNique voisin, isolé, sinon condamné par l'opinion Saine Libanaise et progressivement pourri ce pays par l'obligation permanente de comportements extrêmes. Pour piger et bien comprendre cette dérive, il faut revenir encore et toujours sur ce qui s'est passé ces deux dernières décennies, sur cette pathétique glissade durant laquelle toutes les initiatives Saines furent implacablement trahies par ces fanatiques Malsains Anthracitez-et Amèèèrs qui, perpétuellement, se refilaient le Khanjar, le Canif ou le Sikkîîîne !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 21, le 11 décembre 2013

  • S'IL N'AVAIT PAS LES MILLE ET UNE 3ILLÉ LE GÉNÉRALISSIME AURAIT ÉTÉ SUR LE BON CHEMIN... QUOI ! UN SINDIBÉD SUR SON TAPIS PERS(C)É VOLANT... IL VOLE... VOLE... VOLE... GARE À L'ATTERRISAGE ISSIME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 00, le 11 décembre 2013

  • Tout le monde sait que ce pays est complètement dominé par une maffia, quel est le nom de cette maffia et comment les justes qui restent ont peur de la terreur de cette maffia, d'où leur silence.

    Halim Abou Chacra

    08 h 45, le 11 décembre 2013

  • Des justes? oh,non,y en a pas.mMis des juste menteurs,juste assassins,juste corrompus,y en a plein!

    GEDEON Christian

    03 h 21, le 11 décembre 2013

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