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France : La retraite chapeau à 21 millions d'euro du patron de Peugeot Citroën suscite la polémique

Moscovici demande à PSA de "faire la clarté" sur les conditions de départ de Varin.

Le premier constructeur automobile français, PSA Peugeot Citroën, pourrait verser à son président sur le départ une retraite chapeau de 21 millions d'euros, une annonce qui a créé mercredi une grande polémique en France alors que l'entreprise est en difficulté. Une retraite chapeau est une retraite surcomplémentaire décidée par l'employeur et généralement destinée aux cadres-dirigeants et cadres supérieurs.

Selon le document de référence 2012 de PSA, publié en mars dernier et consulté par l'AFP, le groupe s'est engagé à verser une retraite chapeau de 20,968 millions d'euros à Philippe Varin, 61 ans, président du directoire.

 

Inapproprié

Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a d'emblée jugé "inappropriée" la somme promise au patron sortant, et demandé au groupe de "faire la clarté" sur ses conditions de départ.

Présents à ses côtés, le ministre du Redressement Productif, Arnaud Montebourg, avait quelques instants plus tôt livré une "déclaration commune" des deux ministres. "Nous avons demandé de très sérieuses explications à PSA sur les conditions financières du départ de M. Varin et sur sa retraite, si retraite il doit y avoir", a déclaré M. Montebourg. "Par ailleurs nous considérons que le niveau ou les modalités telles qu'elles ont été communiquées doivent être reconsidérés dans la mesure où ces montants nous paraissent inappropriés, et dans la mesure surtout ou l'entreprise a imposé des sacrifices importants à ses salariés. Il est naturel que cette décision à l'évidence inapropriée soit reconsidérée", a conclu M. Montebourg.

 

Cacahuètes

Le montant de cette retraite a aussi provoqué l'ire de la gauche, alors que l'Etat a récemment accordé une garantie de 7 milliards d'euros pour la banque PSA finance. Le gouvernement étudie également une entrée de l'Etat au capital de PSA, avec le chinois Dongfeng, pour sauver le constructeur.

"Pourquoi ferait-on souffrir les petits vieux, les anciens combattants, les associations, tout un petit peuple français qui se serre la ceinture et on offrirait 21 millions à ce monsieur ? On pourrait lui offrir un pot de retraite, avec quelques cacahuètes", s'est emporté le député PS Malek Boutih sur France Info.
"Si cela était confirmé, ce serait scandaleux (...). C'est un exemple déplorable, un très mauvais signal envoyé à la France toute entière et en particulier aux salariés à qui on demande des efforts", a jugé de son côté Jean-Michel Baylet, le président du Parti radical de gauche sur RFI.

 

Les syndicats de PSA s'étaient eux indignés dès lundi de la retraite chapeau réservée à leur patron

"Pour garantir la retraite-chapeau de M. Varin, PSA a déjà mis de coté à son intention la modique somme de 20.968.000 d'euros. En retraite, M. Varin pourra continuer à toucher de PSA un million par an (2.740 euros par jour)", a déclaré le syndicat CGT. "M. Varin ne va pas partir les mains vides. (...) 21 millions ont été mis de côté pour la retraite complémentaire de M. Varin. Bien sûr que c'est choquant, bien sûr qu'il devrait y renoncer", a estimé sur la chaîne LCI Jean-Pierre Mercier, délégué syndical à l'usine d'Aulnay, en cours de fermeture.

 

Bilan décevant
Le bilan de Philippe Varin, après moins de cinq ans à la tête de PSA, est en outre loin d'être glorieux. Cet ancien de la sidérurgie passera la main courant 2014 à l'ancien numéro deux du concurrent Renault, Carlos Tavares. Il lui laisse un constructeur en crise, qui vient de troquer la suppression de 8.000 postes et un gel des salaires contre un maintien de sa production en France.


Une partie de la droite accable également le patron de PSA sous les critiques.
"Je suis choqué. Partir avec une retraite de cette importance-là quand on a échoué à la tête de Peugeot, quand on n'a pas été capable de sauver un certain nombre d'emplois, quand on demande des efforts aux salariés, je trouve ça tout simplement indécent", a tempêté l'ancien ministre de l'Agriculture et député UMP Bruno Le Maire, sur Radio Classique.

Bernard Accoyer, député UMP a, pour sa part, souligné que "la France n'est pas un pays dans une boule de verre. L'automobile, comme la plupart des secteurs industriels, s'est ouverte sur le monde entier. Par conséquent il faut comprendre que si nous avions des régimes particuliers pour les dirigeants de grands groupes en France, et si nous continuons à leur asséner des coupes de toute nature, les dirigeants qui peuvent être recrutés partout sur la planète, nous ne les aurons pas". Le député a néanmoins ajouté qu'en cas de mauvais résultats, une "diminution ou renoncement de ces avantages" pourraient être prévus.


"Je n'ai pas à lui donner de leçon mais ça me parait excessif. (...) Le plus important pour moi, c'est de sauver PSA. C'est aux actionnaires d'en décider", a estimé, quant à lui, le patron de l'UDI et député du Nord Jean-Louis Borloo, sur BFMTV.

 

300.000 euros annuels après impôts
Le principal intéressé, qui dit comprendre les réactions face à de tels chiffres, s'est défendu de tout comportement abusif, soulignant au micro de France Info, qu'elles reposaient sur "des idées fausses".
"Je bénéficierai d'une retraite complémentaire, comme la plupart des cadres dirigeants de grandes entreprises. A ce titre, je percevrai un montant net annuel d'environ 300.000 euros net annuel (après impôts, NDLR). Je ne toucherai donc ni maintenant, ni plus tard, la somme des 21 millions d'euros dont on parle", a expliqué Philippe Varin.
Le patron de PSA a également rappelé qu'il ne toucherait "aucune indemnité de départ". En 2011 et 2012, il a aussi renoncé à la part variable (bonus et stock-options) de son salaire, face aux mauvais résultats du groupe.


L'imbroglio qui se joue sur les planches de PSA interpelle jusque dans le monde patronal. Le Haut-Comité de gouvernement d'entreprise s'est ainsi saisi du cas Varin, a précisé le Medef. Cette instance autonome, sorte de police déontologique du patronat français, a été créée en octobre après la révision du code Afep-Medef sur la gouvernance des entreprises. Philippe Varin a d'ores et déjà annoncé qu'il suivrait les recommandations du comité, affirmant qu'il avait lui-même demandé à cette instance de statuer son cas.

Selon les documents officiels de PSA consultés par l'AFP, les 20,97 millions d'euros provisionnés pour la retraite complémentaire prévue pour Philippe Varin sont "conformes aux recommandations du code Afep-Medef applicables en la matière".


Cette retraite chapeau, soumise à des charges sociales et dont le versement est étalée dans le temps, ne doit pas être confondue avec un parachute doré, acquitté en une fois par l'entreprise et exonéré de charges.

 

Le premier constructeur automobile français, PSA Peugeot Citroën, pourrait verser à son président sur le départ une retraite chapeau de 21 millions d'euros, une annonce qui a créé mercredi une grande polémique en France alors que l'entreprise est en difficulté. Une retraite chapeau est une retraite surcomplémentaire décidée par l'employeur et généralement destinée aux...