Le Hezbollah a réagi mardi aux accusations de partis chrétiens lui faisant assumer l'entière responsabilité de la vive tension qui a prévalu lundi sur le campus des sciences sociales de l'Université Saint-Joseph (USJ) et qui a failli dégénérer en heurts entre étudiants du parti chiite et de l'Alliance du 14 Mars.
C'est le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, qui est monté au créneau fustigeant ceux qui, sans les nommer, "incitent à la discorde". Il a qualifié au passage d'"incident mineur" le face à face tendu entre les étudiants qui a toutefois nécessité une intervention musclée de l'armée et des forces de l'ordre.
"Les universités sont une place pour la diversité. Des problèmes ont été créés de toutes pièces lundi à l'USJ", a déclaré M. Fadlallah lors d'une conférence de presse. "Que des tensions entre étudiants existent est une chose normale et nous n'avons pas estimé qu'il était nécessaire d'intervenir politiquement", a-t-il ajouté.
"Les tensions ont été exacerbées par les interventions politiques qui ont incité à la discorde. Ils veulent créer des problèmes pour compenser leurs pertes sur d'autres terrains. Les étudiants sont tous Libanais. Est-ce là la culture de la coexistence, de la diversité et du dialogue ?", s'est encore demandé M. Fadlallah.
"Les remarques émanant de certains politiciens s'apparentent à du fascisme et nous les rejetons. Je demande à tous les étudiants de laisser la politique à l'extérieur des campus", a poursuivi le député. "L'USJ n'appartient à aucun parti. L'université et l'armée ont nié que le campus de la rue Huvelin ait été assiégé. Des étudiants ont été harcelés et ont voulu exprimer leur mécontentement en organisant un sit-in devant l'université", a-t-il martelé.
Cette intervention solennelle du député Fadlallah, faite à partir du Parlement, répond aux vives accusations lancées la veille par les Kataëb et les Forces libanaises (FL) contre le parti chiite.
Lundi, le député Kataëb Samy Gemayel avait demandé à la direction du Hezbollah pourquoi "elle s'obstine à provoquer les autres et à semer la rancune. Est-ce que nous insultons votre résistance et vos martyrs ?"
Le leader des FL, Samir Geagea, s'est quant à lui montré catégorique. L'État se discrédite, mais "personne ne nous entraînera dans la violence contre notre gré".
Cet incident a mobilisé toute la République, le chef de l'État Michel Sleiman s'est en effet informé par téléphone des détails de l'incident de l'USJ auprès du ministre sortant de l'Intérieur, du commandant en chef de l'armée et du recteur de l'Université Saint-Joseph. Il a appelé à accepter les résultats des élections.
Lundi, au premier jour de cours suivant les élections de jeudi (remportées par le 14 Mars dans les facultés de gestion et de droit), des échanges verbaux quelque peu agressifs ont animé vers midi l'espace supérieur du campus, occupé habituellement par les étudiants de gestion. Cet espace est divisé de fait – division certes élastique mais significative – entre l'aile gauche relevant du 8 Mars, et l'aile droite revendiquée par le 14 Mars.
La tension a culminé pour se transformer en face à face entre des étudiants du Hezbollah postés à l'extérieur du campus et ceux du 14 Mars enfermés dans l'enceinte de l'université.
En soirée, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, a rejeté la responsabilité de l'affaire sur l'administration de l'Université Saint-Joseph qui, selon lui, interdit tout dialogue politique au sein du campus. "Le société ne peut évoluer sans encourager les débats politiques au sein des universités", a dit le chef du CPL.
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commentaires (11)
.. ohh, et puis quoi? une petite baston de temps à autre là aussi, ça peut remettre les idées en place.. étant donné que la baston au sens propre et figurée cours à tous les niveaux dans notre pays.. Il faut pas en faire un plat, non!
Ali Farhat
00 h 38, le 28 novembre 2013