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À La Une - Billet

Petits chaperons rouges

Lou Reed Patricia De Melo Moreira / AFP

Une aiguille dans ta veine : tu disais que c’est presque seulement comme ça que tu te sentais un homme, et Vaclav Havel devenait lyrique en parlant de la géométrie politique de ta musique. Walk on the wild side : toi Joker mi-Nicholson mi-Ledger, ton troisième sexe en étendard, pervers sexuel polymorphe et somptueux et auquel même les héroïnes de Barbara Cartland ou les twinks de chez Peyrefitte rêvaient la nuit en se faisant dormir tout seuls. Tes chaussettes roses : elles bavaient parfois sur tes âmes, toutes tes âmes, fifty shades of black, qui ne savaient plus quoi inventer pour sombrer encore et encore. Venus in furs : toc toc toc, mais qui est là / le loup qui te mangera, et les petites filles et les petits garçons ont mis leurs bonnets rouges Abercrombie & Fitch et (t’)attendent. Ton mascara qui se déstructurait : à cause de toi, grâce à toi, les gens ont découvert Delmore Schwartz, ce beautiful demon, ont lu The world is a wedding, le festin était nu nu nu. Chaque cellule de ton foie, Pearl Harbour à lui tout seul : Bertolt Brecht allait se travestir dans tes lignes, entre tes mots, Maître Puntila et son valet Matti devenait une liaison pornographique. Perfect Day : tu pissais sur la mode, sur les modes, tu souriais gentiment à Warhol, tu massacrais poliment Bowie et Iggy. Tellement de rails de coke : ce vaillant Shakespeare, tu le ressuscitais en transpirant comme un bœuf, ta sueur comme un vin de messe. I’m waiting for the man : les cloaques ammoniaqués et les pissotières pastel de New York, et ces deux mots, maybe, maybe not, c’étaient pratiquement tes seules réponses, des walls autour de toi, des carapaces en titane, des abris antiatomiques où tu t’enlovais, où tu t’envolais, parce que tes adorateurs, ces foules, tu t’en torchais, ou alors tu les craignais. Ces foules, sentimentales jusqu’au vomi(ssement), elles sont folles de toi, elles ont essayé de faire comme toi : apprendre la guitare en écoutant la radio ; mettre leur tête par terre et demander à leur amant ou leur maîtresse de marcher dessus ; fade to grey, devenir misfits et noircir leurs ongles ; se prostituer ou essayer de s’électrocuter doucement ; envahir Berlin ; se saigner au niveau du battoun pour voir à quoi cela ressemble, des tripes, et ce que cela fait, d’écrire avec... Ces foules ! Des crétins ont dit un jour qu’il fallait mourir à 27 ans pour anamorphoser la légende du rock. Toi tu t’appelles Lou Reed et tu en avais 71 lorsque, sans foi(e) ni loi, tu as été là-bas.
Une aiguille dans ta veine : tu disais que c’est presque seulement comme ça que tu te sentais un homme, et Vaclav Havel devenait lyrique en parlant de la géométrie politique de ta musique. Walk on the wild side : toi Joker mi-Nicholson mi-Ledger, ton troisième sexe en étendard, pervers sexuel polymorphe et somptueux et auquel même les héroïnes de Barbara Cartland ou les twinks de chez...

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