Le prince Bandar ben Sultan a tenu ces propos devant des diplomates européens, a précisé cette source selon laquelle cette évolution aura des conséquences importantes sur les relations entre les deux alliés, notamment dans les domaines des ventes d’armes et du commerce du pétrole. Le prince Bandar a jugé que les États-Unis restaient impuissants face au conflit israélo-palestinien et qu’ils auraient dû soutenir l’Arabie saoudite lorsque cette dernière est intervenue à Bahreïn pour y réprimer des manifestations antigouvernementales en 2011, a-t-on ajouté de même source. Cette « prise de distance vis-à-vis des États-Unis est importante (...) L’Arabie ne veut plus se trouver dans une situation de dépendance », a-t-on ajouté. « Le prince Bandar a dit aux diplomates qu’il prévoyait de limiter les échanges avec les États-Unis, cela après que les États-Unis se furent montrés incapables de mener une action efficace sur la Syrie et sur la Palestine (...) toutes les options sont sur la table », a affirmé la source saoudienne. Elle a refusé de fournir de plus amples détails sur cette rencontre entre le prince Bandar et des diplomates européens qui a eu lieu ces derniers jours.
Kerry optimiste
Interrogé hier à Londres en marge de la réunion des Amis de la Syrie, le secrétaire d’État américain John Kerry a reconnu que les Saoudiens étaient « évidemment déçus » qu’il n’y ait pas eu de frappes occidentales contre le régime syrien. Il a précisé qu’à la demande du président Barack Obama, il avait eu avec des responsables saoudiens des entretiens qu’il a qualifiés de « très, très constructifs. Je suis convaincu que nous sommes sur la même longueur d’onde et que nous allons de l’avant », a-t-il insisté. Et à propos du nucléaire iranien, John Kerry, qui a rencontré lundi à Paris le ministre saoudien des Affaires étrangères le prince Saoud al-Fayçal, a redit que Washington ne permettrait jamais à Téhéran d’avoir l’arme nucléaire. « Dans les négociations, nous gardons les yeux ouverts, nous attendons des actes, pas seulement des mots, et nous préférons qu’il n’y ait pas d’accord plutôt qu’un mauvais accord. »
Autre signe du mécontentement saoudien, le refus saoudien d’occuper son siège au Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer notamment la gestion du conflit syrien par la communauté internationale.
Acteur-clé de la diplomatie saoudienne, le prince Bandar, qui a été ambassadeur aux États-Unis pendant vingt-deux ans, est considéré comme un « faucon » en politique étrangère, notamment face à l’Iran, et la guerre en Syrie a attisé les tensions entre les deux pays. Fils du défunt prince héritier Sultan et protégé de l’ancien roi Fahd, il a connu une période de défaveur après s’être heurté au roi Abdallah en 2005 sur des questions de politique extérieure. Il est revenu sur le devant de la scène l’an dernier avec le conflit syrien, dit-on de source diplomatique. Il a supervisé les fournitures d’armes aux insurgés syriens tandis que son cousin le prince Saoud el-Fayçal menait les contacts diplomatiques en vue de soutenir la rébellion et de faire tomber Bachar el-Assad.
(Source : Reuters)
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HORIZONTALE OU VERTICALE ?
SAKR LOUBNAN
18 h 35, le 24 octobre 2013