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Économie - Énergie

Pétrole : les premières enchères du « présal » sous tension au Brésil

Les réserves du champ de Libra pourront permettre de produire 1,4 million de barils de brut par jour dans cinq ans.

Le gouvernement brésilien a mis aux enchères hier à Rio sa plus grande concession de pétrole présalifère dans un contexte tendu marqué des heurts entre forces de l’ordre et manifestants dénonçant une « privatisation du pétrole ».
En fin de matinée, un groupe de 200 manifestants radicaux a tenté de forcer un barrage de sécurité près de l’hôtel de Barra da Tijuca (zone ouest), où devaient se tenir les enchères du champ pétrolifère de Libra. Ils ont été repoussés par les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
La manifestation, qui avait commencé de façon pacifique avec les travailleurs du pétrole en grève, a dégénéré avec l’arrivée de manifestants masqués, dont des anarchistes Black Blocs. Selon le commandement militaire de l’Est de Rio, cinq personnes ont été blessées, dont un soldat par des jets de pierre.
La centrale syndicale FUP, à laquelle est affiliée la majorité des salariés du géant pétrolier brésilien Petrobras (contrôlé par l’État), a appelé à manifester pour dénoncer les « risques pour la souveraineté et les pertes que la nation brésilienne subira si des compagnies pétrolières multinationales s’approprient Libra ».
En prévision des manifestations, 1 100 policiers et soldats ont été déployés aux abords de l’hôtel.
« Nous avons appelé tous les Brésiliens patriotiques à venir défendre la souveraineté nationale et les Black Blocs sont les bienvenus. Nous allons rester ici pour résister et la grève va se durcir », a prévenu à l’AFP Emanuel Cancella, le directeur du syndicat Sindipetro.
Le gisement mis aux enchères hier est celui de Libra. Enfoui sous une épaisse couche de sel entre 5 et 7 km sous le niveau de la mer, il constitue le plus grand des champs présalifères du Brésil, avec une zone de 1 500 km2, soit environ un dixième de la surface totale des gisements en eaux profondes découverts en 2007.
Il recèle selon les experts des réserves de pétrole récupérables de 8 à 12 milliards de barils, qui pourront permettre de produire 1,4 million de barils de brut par jour dans cinq ans, selon l’Agence nationale du pétrole (ANP).
Les réserves brésiliennes, qui totalisent aujourd’hui 15,3 milliards de barils, pourraient ainsi doubler grâce au champ de Libra.

Un test pour le présalifère
Pour ces enchères, 11 entreprises ont déposé des garanties comme Shell(Angleterre-Pays-Bas) et Total (France), mais ce sont les chinoises China National Corporation (CNPC) et China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) qui sont favorites des enchères, selon les experts, car elles recherchent avant tout la sécurité énergétique plus qu’un retour d’argent rapide.
Ces premières enchères d’attribution présalifères serviront de test à l’avenir du secteur, ajoutent les experts puisque les prochaines n’auront lieu que dans deux ou trois ans, selon l’ANP.
« Les marchés tablent sur le fait que les compagnies asiatiques seront les vedettes de ces enchères car les “majors”, les grandes compagnies américaines, n’y participent pas. Elles se contenteront d’observer ces enchères » qui serviront de ballon d’essai au secteur présalifère, a déclaré la semaine dernière à l’AFP Carlos Assis, responsable du Centre d’énergie et ressources naturelles du consultant mondial Ernst&Young (EY).
Le géant pétrolier brésilien Petrobras, contrôlé par l’État, sera le seul opérateur et aura 30 % de participation obligatoire dans la concession du gisement de Libra et d’une manière générale dans toutes les concessions des gisements présalifères, d’après une loi de 2010.
À l’initiative de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, cette loi vise à destiner la manne pétrolière à l’Éducation (75 %) et à la Santé (25 %).
Après ces enchères, Petrobras pourrait assouplir les règles qui font d’elle le seul opérateur et lui octroie 30 % du consortium vainqueur, selon M. Assis
Selon des estimations de la Fondation Getulio
Vargas (FGV, privée) diffusées dimanche par le quotidien O Globo, les investissements dans le présalifère pourraient atteindre 1 700 milliards de dollars dans le pays au cours des 30 prochaines années et permettront la création de 87 millions d’emplois directs et indirects.
L’État brésilien devra recevoir au moins 41,6 % du pétrole produit à Libra, selon l’appel d’offres, et l’enchère sera remportée par l’entreprise ou consortium offrant le plus de pétrole à l’État brésilien, ont déjà annoncé les autorités.
« Nous ne sommes pas en train de privatiser le pétrole du présalifère, au contraire, nous nous approprions cette richesse immense qui se trouve sous la mer et à l’intérieur de la terre », a déclaré samedi le ministre des Mines et de l’Énergie.
(Source : AFP)
Le gouvernement brésilien a mis aux enchères hier à Rio sa plus grande concession de pétrole présalifère dans un contexte tendu marqué des heurts entre forces de l’ordre et manifestants dénonçant une « privatisation du pétrole ».En fin de matinée, un groupe de 200 manifestants radicaux a tenté de forcer un barrage de sécurité près de l’hôtel de Barra da Tijuca (zone...
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