Rechercher
Rechercher

À La Une - Justice

En France, le huis clos d'un viol conjugal exposé à la lumière crue des assises

La victime "a souhaité parler à toutes les autres femmes qui, au sein du huis clos familial, sont violées et ne dénoncent pas les faits parce qu'elles pensent qu'elles ne seront pas crues".

Une image tirée d'une campagne de sensibilisation aux violences conjugales.

La cour d'assises du Val-de-Marne, en Ile de France, juge depuis mardi un homme accusé d'avoir commis un viol conjugal, des faits commis au sein d'un huis clos familial et qui sont rarement renvoyés devant une juridiction criminelle.

 

"Le tabou du viol conjugal doit être levé et ce procès devant les assises doit permettre à Samia de pouvoir se reconstruire", a confié en marge des débats Me Nathalie Tomasini, l'un des conseils de la victime qui accuse son ex-compagnon de l'avoir violée il y a plus de trois ans.

 

Les faits remontent à la nuit du 6 au 7 décembre 2010 sur fond d'alcoolisme de l'accusé et de disputes répétées, parfois violentes, au sein d'un jeune couple résidant à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).

Cette nuit-là, Fred, 31 ans à l'époque, agresse physiquement Samia sous les yeux de leur fillette de 4 ans et de la nièce de la victime hébergée temporairement par le couple. Puis, selon l'accusation, il la contraint par deux fois à un rapport sexuel non consenti dans la chambre à coucher et la salle de bains.

 

Partie quelques jours plus tôt chez un oncle pour fuir les disputes incessantes, la victime était revenue au domicile familial pour récupérer des affaires personnelles, suscitant la violente colère de son concubin passablement alcoolisé.

Faisant à voix haute le récit des échanges entre Samia et l'experte psychologue qui l'a examinée, le président de la cour rapporte ces douloureux propos prononcées par la victime au moment des faits qui ont duré une bonne partie de la nuit: "J'appelais +maman+ comme un bébé."

 

 

La peur de n'être pas crue

Le lendemain matin, en état de choc, elle avait été trouvée par des policiers à la gare RER de Villeneuve avec des hématomes au visage, sur les bras et les jambes. Elle s'était vu prescrire cinq jours d'incapacité totale de travail (ITT).

 

Interpellé peu après, l'accusé avait reconnu partiellement les faits de violence, changeant régulièrement de version mais niant avec constance le viol.

Natif de Guadeloupe, grand et mince, cet agent commercial de la SNCF s'exprime d'une voix grave, parfois si basse que le président est obligé de lui demander de répéter ses propos.

 

Racontant devant la cour un parcours de vie sur lequel plane la figure d'un père violent qu'il a dénoncé pour protéger sa mère, il ponctue souvent son récit d'un "j'ai bu un petit verre" qui laisse entrevoir les sérieux problèmes d'alcool affrontés dans un passé qu'il veut aujourd'hui révolu.

 

Refusant le droit au huis clos de son procès, "notre cliente a souhaité parler à toutes les autres femmes qui, au sein du huis clos familial, sont violées et ne dénoncent pas les faits parce qu'elles pensent qu'elles ne seront pas crues", ont expliqué les conseils de Samia, Mes Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta. "C'est un enjeu de société."

 

"Il est temps de restituer au viol conjugal sa place de crime", a déclaré Me Clotilde Lepetit, avocate de l'association Ni Putes Ni Soumises qui s'est constituée partie civile dans ce procès "assez rare" selon elle devant une cour d'assises.

 

Mardi après-midi, Samia s'est rappelée à la barre le dialogue qu'elle a eu avec la fonctionnaire de police qui a pris sa déposition quelques heures après les faits.

- Il m'a forcé...

- Vous n'étiez pas consentante donc il y a eu viol...

- C'est le père de ma fille, il m'a forcée, il ne m'a pas violée.

- Madame quand on force quelqu'un ça s'appelle comment?

 

Les débats doivent durer deux jours. L'accusé, qui sera questionné sur les viols allégués mercredi matin, encourt 20 ans de réclusion.

 

Pour mémoire

Violence domestique : une première victoire pour la Libanaise

 

 

La cour d'assises du Val-de-Marne, en Ile de France, juge depuis mardi un homme accusé d'avoir commis un viol conjugal, des faits commis au sein d'un huis clos familial et qui sont rarement renvoyés devant une juridiction criminelle.
 
"Le tabou du viol conjugal doit être levé et ce procès devant les assises doit permettre à Samia de pouvoir se reconstruire", a confié en marge...

commentaires (3)

Vaste sujet...bien compliqué. Non en fait pas du tout....si elle ne veut pas,elle ne veut pas...et puis ,c'est tout!La prochaine fois,il pensera aux roses,aux mots gentils et à la tendresse...et si là,elle veut toujours pas...ben faut en changer....mais pas forcer,pas violer...jamais...et comme on dit changement d'herbage réjouit le veau!

GEDEON Christian

16 h 02, le 16 octobre 2013

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Vaste sujet...bien compliqué. Non en fait pas du tout....si elle ne veut pas,elle ne veut pas...et puis ,c'est tout!La prochaine fois,il pensera aux roses,aux mots gentils et à la tendresse...et si là,elle veut toujours pas...ben faut en changer....mais pas forcer,pas violer...jamais...et comme on dit changement d'herbage réjouit le veau!

    GEDEON Christian

    16 h 02, le 16 octobre 2013

  • IL NE FAUT PAS TIRER AU GROS CALIBRE ! BEN, CE N'EST PAS ACCEPTABLE SANS LE CONSENTEMENT MUTUEL... MAIS DE LÀ À L'APPELER " UN VIOL "... FAUT LUI TROUVER UN AUTRE NOM PLUS CONVENABLE... CAR SI L'HOMME IRAIT SE SERVIR AILLEURS... HORS DE LA MAISON... QU'EN DIRAIT LA FEMME ? IL S'AGIT DANS TOUS LES CAS DE MANQUE D'ÉDUCATION ET DE COMMUNICATION ENTRE CES COUPLES ! QUI N'AURAIENT DÛ PAS SE MARIER...

    SAKR LOUBNAN

    12 h 16, le 16 octobre 2013

  • Bravo la cour d'assises du Val-de Marne. C'est comme les tribunaux libanais et arabes en général.

    Halim Abou Chacra

    04 h 22, le 16 octobre 2013

Retour en haut