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Moyen Orient et Monde - Le point

La chasse est rouverte

À en croire le Global Terrorism Index, les États-Unis ne figurent pas dans le top ten des pays visés par le terrorisme international. Dans la liste de 158 pays rendue publique en décembre dernier, ils n’étaient qu’à la 41e place, loin derrière l’Irak, le Pakistan, l’Afghanistan, ou encore l’Inde, le Yémen, la Somalie, le Nigeria et la Thaïlande. Depuis, un changement est intervenu, à la lumière des messages interceptés par la firme privée IntelCenter et émanant d’el-Qaëda dans la péninsule Arabique (AQMI) : les USA sont au premier rang, suivis par le Yémen, la France et le Mali, l’Arabie saoudite et la Grande-Bretagne se partageant la cinquième place. Mais qu’importent la source, les éléments pris en considération et la date de publication, le fait est que les adeptes de la voiture piégée, des enlèvements/exécutions et des prises d’otages, eux, n’ont jamais été rétrogradés de leur place de numéro un sur les registres du Federal Bureau of Investigation et de la Central Intelligence Agency, comme le prouve la double opération du week-end dernier.
L’annonce faite samedi par George Little, le porte-parole du Pentagone, glaçante dans sa sécheresse, n’a rien appris aux journalistes : « Je peux confirmer qu’hier 4 octobre, une opération de contre-terrorisme a été entreprise par le personnel militaire américain contre un terroriste connu des Shebab. Nous ne sommes pas disposés pour l’heure à fournir d’autres détails. » Rompez !
Selon la version officielle, le raid en Libye qui a permis la capture de Nazih Abdel Hamed al-Rouqaï, de son nom de guerre Abou Anas al-Libi, est l’œuvre d’un groupe de militaires aidé par la police fédérale et le service d’espionnage. De son côté, l’opération somalienne lancée par les commandos des Seals de la marine, qui visait à capturer à Baraawe un chef des Shebab, connu sous le pseudonyme d’Ikrima, a échoué. Les hommes de l’unité Team Six – celle-là même qui avait abattu Oussama Ben Laden, début mai 2011 à Bilal, non loin de la localité d’Abbottabad (Pakistan) – ont dû décrocher après des échanges de tirs, qui ont duré une vingtaine de minutes, avec les miliciens islamistes.
Ce dernier échec en rappelle un autre, survenu il y a vingt ans presque jour pour jour (3-4 octobre 1993), au plus fort de la bataille de Mogadiscio. Désireux à l’époque de saisir deux hauts gradés proches, le Pentagone avait lancé un assaut, dans la capitale somalienne, contre le lieu de réunion des responsables du régime de Mohammad Farah Aidid. Bilan : 18 tués, 80 blessés et deux hélicoptères US abattus. Mais trois ans plus tard, le chef de l’État décédait des suites de blessures par balles lors d’un mystérieux attentat auquel, disait-on alors, la CIA n’était pas étrangère.
« Nous ne cesserons jamais nos efforts pour que les responsables d’actes de terrorisme rendent des comptes. » La phrase prononcée hier depuis l’Indonésie par le chef du State Department John Kerry n’est pas de nature à rassurer tous ceux qui, de par le monde, mènent depuis longtemps une croisade sans merci contre les États, quels qu’ils soient, et singulièrement contre le « siècle de l’Amérique » dont la Qaëda, prétend-elle, veut la fin. Douze ans après l’assaut contre les tours jumelles de New York, il est permis de s’interroger sur les résultats de la riposte déclenchée par George W. Bush, imité bien plus tard par Barack Obama.
Pour rappel, l’énorme mobilisation d’hommes et de moyens mise en œuvre a coûté à Washington quelque 3 à 4,4 trillions de dollars ; des chefs ont été abattus, dont certains figuraient parmi les ennemis de l’Occident les plus recherchés ; le président de la nation la plus puissante de l’histoire et prix Nobel de la paix s’est avéré être un ardent partisan, avec plus ou moins de bonheur, du recours aux drones dès lors qu’il s’agit de venir à bout de l’hydre. A-t-il réussi pour autant ? Rien n’est moins sûr. C’est qu’il est plus facile d’abattre un ennemi que d’aider à édifier une nation dotée d’institutions viables et de forces armées capables de tenir tête aux milices islamistes. On l’a vu, hier en Libye et en Afghanistan, aujourd’hui en Irak, au Kenya et en Ouganda.
Il reste que l’Amérique, « tout entière à sa proie attachée », lâche rarement, sinon jamais, prise, quitte si nécessaire à confier le job à des sous-traiteurs Les victimes occasionnelles devraient lire à ce propos un ouvrage fort instructif dénonçant le peu de coopération dont font montre à Washington les agences spécialisées dans la lutte contre le terrorisme*. On y découvre que tout n’est pas idyllique dans le royaume glauque des soldats de l’ombre. Et que leurs ennemis, hélas, ont encore de beaux jours devant eux – des jours noirs pour la planète.


* « Terrorist Hunter », by Anonymous. Ed. Ecco, 352 pages – 2003. On sait depuis que l’auteur, Rita Katz, originaire d’Irak, est la cofondatrice à Washington de « Search for International Terrorist Entities » – SITE

 

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LA CHASSE CONTINUE. LE NOMBRE DE CHASSEURS DOUBLE. LE NOMBRE DES CHASSÉS QUADRUPLE ! DE GROUPES EN HORDES PUIS EN ARMÉES !

SAKR LOUBNAN

01 h 12, le 08 octobre 2013

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Commentaires (1)

  • LA CHASSE CONTINUE. LE NOMBRE DE CHASSEURS DOUBLE. LE NOMBRE DES CHASSÉS QUADRUPLE ! DE GROUPES EN HORDES PUIS EN ARMÉES !

    SAKR LOUBNAN

    01 h 12, le 08 octobre 2013

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