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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Que font les lauréats des Nobel avec l’argent de leur prix ?

Avec 925 000 euros de récompense tout est permis, même les idées saugrenues.
Assurer son indépendance financière, soutenir une bonne cause ou s’offrir... un terrain de croquet ? Les lauréats du prix Nobel utilisent de façon parfois surprenante la liberté dont ils disposent pour dépenser les huit millions de couronnes (925 000 euros) de récompense, à l’exception des Nobel de la paix, dont les choix à valeur de symbole sont étroitement surveillés.
Tels des joueurs de loto, les lauréats de la saison 2013, qui commence aujourd’hui, vont avoir tout loisir de répondre à cette question, sans être pressés par le temps. Serge Haroche, Nobel de physique 2012, avoue n’avoir « pas eu le temps de penser à l’argent ». Il concède toutefois envisager d’investir dans l’immobilier, comme beaucoup d’autres lauréats, parmi les rares qui osent parler gros sous. Car les lauréats peuvent utiliser comme ils l’entendent leur
récompense financière. « Je pense que cela dépend beaucoup de leurs pays d’origine, de leurs finances personnelles (...), des revenus qu’ils touchent lorsqu’ils obtiennent le prix et de ce qu’ils sont dans la vie », explique le directeur général de la Fondation Nobel, Lars Heikensten.
L’auteure autrichienne Elfriede Jelinek, couronnée en 2004 par le prix de littérature, avait déclaré qu’elle garantissait son « indépendance financière ». D’autres choisissent de laisser libre cours à leur passion. Le Nobel de médecine de 2001, sir Paul Nurse, avait notamment donné un coup de neuf à sa moto. Un autre lauréat de médecine, en 1993, Richard Roberts, avait installé un terrain de croquet devant sa maison. Les lauréats de littérature sont les plus discrets sur l’utilisation de leur nouvelle fortune. « Même si les auteurs qui remportent le Nobel sont assez connus, nombre d’entre eux ne gagnent pas beaucoup d’argent avec leurs livres », explique une chercheuse de l’université d’Uppsala, Anna Gunder. Le prix leur permet d’assurer leurs arrières et leur offre la liberté de vivre de leur plume, mais comporte aussi des effets négatifs. « Cela change beaucoup de choses pour leurs carrières (...). L’année qui suit leur prix, ils écrivent souvent moins mais généralement ils recommencent après un ou deux ans », affirme la chercheuse.
Pour les lauréats du Nobel de la paix, la décision est souvent plus classique. Personnalités politiques, organisations ou militants reconnus, ils se trouvent le plus souvent déjà sous le feu des projecteurs et sont sommés d’expliquer ce qu’ils vont faire de l’argent. Nombre d’entre eux, comme le président des États-Unis Barack Obama en 2009 et l’Union européenne en 2012, l’ont versé à des organisations caritatives. D’autres soutiennent leurs propres projets comme le lauréat 2008. L’ancien président finlandais Martti Ahtisaari avait ainsi déclaré qu’il financerait le groupe de résolution des conflits qu’il avait lui-même créé. Cas à part, le président américain Woodrow Wilson, lauréat en 1920, avait placé son pécule dans une banque suédoise, pour garantir son avenir, à l’issue de son second mandat présidentiel.
La somme du prix Nobel varie avec les années. En 2012, crise financière oblige, elle a été réduite de 20 %. Une décision opportune, estime M. Heikensten. « Puisque nous sommes liés (au Nobel) pour toujours, nous devons agir au bon moment », assure-t-il. Le montant des prix ne devrait pas être revu à la hausse dans les prochaines années, mais les futurs lauréats ne devraient pas s’en plaindre lorsqu’ils recevront le fameux coup de téléphone de Stockholm ou d’Oslo. « L’argent est un des bons côtés » du prix, confie le Nobel de médecine de 1993, l’Américain Paul Sharp, qui a pu satisfaire son amour des belles pierres et s’est offert une maison centenaire. Mais « c’est la reconnaissance qui compte avant tout dans le prix », souligne-t-il. « Le prix serait tout aussi prestigieux sans que l’argent s’en mêle », conclut le professeur Haroche.
© AFP
Assurer son indépendance financière, soutenir une bonne cause ou s’offrir... un terrain de croquet ? Les lauréats du prix Nobel utilisent de façon parfois surprenante la liberté dont ils disposent pour dépenser les huit millions de couronnes (925 000 euros) de récompense, à l’exception des Nobel de la paix, dont les choix à valeur de symbole sont étroitement...

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