Les Kurdes irakiens élisaient samedi leur Parlement régional sur fond de tensions avec le gouvernement fédéral à Bagdad. Ahmad al-Rubaye/AFP
Les Kurdes irakiens ont voté samedi pour élire leur Parlement régional sur fond de tensions avec le gouvernement fédéral à Bagdad et de combats en Syrie entre Kurdes et jihadistes.
Ces élections interviennent à un moment où la question de la "nation" kurde revient sur le devant de la scène à la lumière notamment de la perte par le pouvoir de Damas du contrôle sur les régions kurdes du nord de la Syrie.
Il s'agit des premières élections au Kurdistan irakien depuis quatre ans, et des diplomates et des observateurs ont estimé que le vote s'était déroulé sans incident notable.
Quelque 2,8 millions de personnes étaient appelées à élire une assemblée qui adopte ses propres lois. Les opérations de comptage de voix ont commencé peu après la fermeture des bureaux de vote à 17h00 (14h00 GMT).
L'ONU a salué dans un communiqué le déroulement "sans entrave" du scrutin et le taux de participation important qui s'élève à près de 74%, selon les autorités. Les premiers résultats sont attendus dans les jours prochains.
Le représentant des Nations Unies en Irak, Gyorgy Busztin, s'est félicité de la bonne tenue des élections et notamment "du fort taux de participation et de la nature pacifique et de la non-violence du scrutin".
Trois principaux partis se disputaient les 111 sièges du parlement: le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président régional Massoud Barzani, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), que dirige Jalal Talabani, également président de l'Irak, et la liste d'opposition Goran. Des rassemblements de cette liste ont été attaqués pendant la campagne électorale, et une personne a été tuée.
Le PDK, qui gouverne actuellement avec l'UPK, devrait remporter le plus grand nombre de sièges au Parlement, sans pour autant avoir une majorité absolue. L'UPK, dont le chef Jalal Talabani, victime d'une attaque cérébrale, est absent de la scène politique depuis plus de neuf mois, pourrait faire les frais d'une percée de la liste Goran.
Les électeurs, souvent vêtus d'habits traditionnels portés tout spécialement pour l'occasion, affluaient en matinée dans les bureaux de vote.
Parmi les thèmes abordés pendant la campagne électorale figurent notamment la lutte contre la corruption, l'amélioration des services publics, et l'usage qui doit être fait des revenus tirés du pétrole.
"Notre principal problème (...) est économique", expliquait Mohammed Saleh, un architecte de 54 ans.
Selon lui, "le coût de la vie est élevé et les gens ont besoin de plus d'argent. Le nouveau parlement doit mettre en œuvre un programme pour régler ça".
"Cela fait 20 ans que notre gouvernement tente d'améliorer les services publics dans les villes et même dans les villages. Mais notre pays est en ruine, il a été détruit. Il a besoin d'être reconstruit", conclut-il, en parlant de l'héritage laissé par le régime de Saddam Hussein.
Velléités indépendantistes
Ces élections ont également eu lieu sur fond de velléités indépendantistes, les trois provinces du Kurdistan se démarquant de plus en plus du gouvernement fédéral en raison de nombreuses disputes.
Cette région riche en pétrole cherche à construire un oléoduc pour relier directement son territoire aux marchés étrangers. En attendant, la région autonome exporte du pétrole brut par camions vers la Turquie voisine, et a signé des accords de coopération avec des firmes étrangères, telles Exxon Mobil et Total.
Elle profite également d'un essor économique bien supérieur au reste du pays, qu'encourage un bon climat sécuritaire, pour faire appel aux investisseurs étrangers.
Ceci provoque l'ire de Bagdad, qui estime que les exportations de pétrole par camions constituent de la contrebande et que les contrats passés avec des pétroliers étrangers sans l'accord du ministère fédéral sont illégaux.
Kurdistan et Etat fédéral sont également à couteaux tirés sur la question de la souveraineté de la région de Kirkouk, elle aussi riche en pétrole, que les Kurdes voudraient incorporer à leur territoire.
La région est également touchée par le conflit en Syrie, des dizaines de milliers de Kurdes syriens ayant récemment trouvé refuge au Kurdistan irakien voisin, après des heurts entre Kurdes et jihadistes opposés au régime de Damas.
M. Barzani, s'inquiétant du sort des Kurdes en Syrie, avait même brandi le mois dernier la menace d'une intervention de ses propres forces armées dans le conflit pour les protéger. Mais son gouvernement a ensuite tempéré ses propos laissant entendre qu'une intervention ne serait pas nécessairement militaire.
Les autorités du Kurdistan affirment que leurs concitoyens bénéficient de plus de libertés que dans le reste de l'Irak, mais font elles-mêmes l'objet de critiques pour abus de pouvoir.
"Aujourd'hui est un jour historique dans l'histoire du peuple kurde", a estimé le Premier ministre régional Nechirvan Barzani après avoir voté. "Nous avons fait un nouveau pas dans la région pour consolider la démocratie", a ajouté le neveu du président.
Pour mémoire
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' L'empire 'islamique éclaté se fissure encore ... ! en faite les Kurdes n'ont jamais supporté d'être islamisé ...seraient ils à notre époque... une assurance pour les chrétiens ,Hébreux et autres minorités...?
11 h 59, le 21 septembre 2013