À Roueiss, le nouveau défi de l’association Offre-Joie

Depuis trois semaines, entre 10 et 12 bénévoles sont mobilisés à Roueiss, dans la banlieue sud de Beyrouth. Ils rénovent trois immeubles touchés par l’attentat meurtrier du 15 août. Un nouveau chantier qui s’ajoute à ceux de Abra, près de Saïda, et de Tripoli.

De grands filets verts protègent les échafaudages installés le long de l’immeuble. Au rez-de-chaussée, l’odeur de peinture est bien présente. À l’extérieur, trois bénévoles sont occupés à découper des vitres pour remplacer les fenêtres qui ont volé en éclats lors de l’explosion. Le 15 août dernier, l’attentat qui a secoué le quartier de Roueiss dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, a tué près de 30 personnes et fait plus de 300 blessés. Il a également causé des dégâts matériels très importants, endommageant sérieusement plusieurs bâtiments.
Comme après chaque événement de ce type, l’association Offre-Joie, créée en 1985, intervient pour rénover les immeubles touchés par la déflagration. « Ici, nous travaillons sur trois immeubles, explique Sami Chenaihi, responsable de l’association, mais le principal chantier a lieu sur un seul bâtiment. La façade a été refaite, ainsi que les vitres et les boiseries. »

Dans un premier temps, les membres actifs de l’association ont évalué les dégâts et commencé à nettoyer la zone, avant de faire appel aux jeunes volontaires. Les différents matériaux et outils sont fournis par des sympathisants d’Offre-Joie, « professionnels du bâtiment ou philanthropes », selon Sami Chenaihi.

Trois chantiers simultanés
Si les membres d’Offre-Joie ont engrangé une certaine expérience avec les nombreux attentats qui ont secoué le pays, cette dernière opération les a pris de court. « La particularité de l’attentat du 15 août est qu’il est survenu alors que nous étions déjà sur deux autres chantiers, à Abra et Tripoli, relève Sami Chenaihi. C’est la première fois qu’on travaille sur trois chantiers en même temps. Nous sommes arrivés ici en catastrophe, c’était difficile pour nous, les membres du “noyau dur”, de tout gérer. Mais nous sommes satisfaits de l’avancée des travaux. »
En ce samedi matin, ils sont une dizaine à s’activer autour de l’immeuble. Un drapeau orné du logo de l’association, une colombe et un cèdre dessiné au milieu, flotte le long du bâtiment. Lamiss, jeune étudiante de 22 ans, travaille d’arrache-pied tous les jours de 10 h à 17 h, pour retaper les façades. Avant de reprendre le chemin de la fac, cette habitante du quartier Salim Salam, dans le centre de Beyrouth, trouve naturel d’aider à la reconstruction de ces habitations : « J’ai découvert Offre-Joie en voyant un reportage à la télévision et j’ai eu envie de me rendre utile. J’ai choisi cette association car on ne parle ni politique ni religion. Le but est simplement d’aider les gens touchés par l’attentat, je veux leur montrer que même si je viens d’un autre quartier, je suis là pour les aider. »

« Pas de lassitude »
Parmi les résidents, le sentiment qui prédomine est la reconnaissance. Cette habitante de l’immeuble n’en finit pas de remercier les jeunes de l’association : « Je suis très satisfaite de leur travail et de la relation que l’on a avec eux. Nous les traitons comme des frères, nous prenons le café avec eux tous les jours. » Dans son appartement, quelques trous dans le plâtre sont encore apparents mais l’essentiel des dégâts est réparé.
Après tant d’années d’implication, les volontaires n’éprouvent « pas de lassitude », selon Sami Chenaihi. « Nous sommes toujours motivés par l’idée de tendre la main, de faire en sorte que les gens se rapprochent les uns des autres. Notre objectif est de rester le plus laïcs possible, nous voulons simplement faire tomber les barrières entre les régions ou les confessions. Même si nos moyens sont limités, nous continuons d’apporter notre aide aux personnes qui en ont besoin. »
À Roueiss, comme à Tripoli et à Abra, les chantiers sont quasiment terminés, au terme de plusieurs semaines intenses pour redonner une nouvelle vie aux habitations. Dans les zones sinistrées, l’élan de solidarité mené par Offre-Joie n’en finit pas de faire des merveilles.

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