Sous le patronage du ministre de la Culture, Gaby Layoun, et en partenariat avec la Réserve naturelle des cèdres du Chouf, la boîte d’événementielle « O de Rose » a organisé la deuxième édition de la « Randonnée musicale ». Une randonnée accessible à tous a permis aux visiteurs de découvrir autour de sept stations aménagées sur le site différents styles de musique : pop, rock, indie, folk, musique orientale, en passant par les percussions africaines et la musique classique. Après un détour par la foire culinaire organisée par la municipalité de Maasser el-Chouf, un concert de la chanteuse jazz de renommée internationale Randa Ghossoub a magistralement clôturé cette journée.
Les jeunes, surreprésentés parmi les musiciens bénévoles de la randonnée, ont réussi à faire de la musique un lien qui transcende leurs différences. Joe Daou est chef d’orchestre et altiste de formation, il dirige le Barock Ensemble, une formation musicale d’inspiration classique et baroque : « Professionnels et étudiants sont de nationalités et de confessions différentes, et nous travaillons tous ensemble (...), nous étions très contents de nous produire aujourd’hui. » il poursuit : « Il faut donner aux jeunes l’occasion de se produire car il n’y a pas beaucoup de formations musicales au Liban. » « Je ne pensais pas qu’un jour j’aurais pu jouer d’un instrument », explique cette jeune clarinettiste de l’association LeBAM, qui œuvre pour le développement social et culturel des jeunes. Clarinettistes, flûtistes, saxophonistes, ils sont âgés de 10 à 25 ans et sont souvent issus de milieux défavorisés. Dimanche, tous ont affiché un sourire béat. Au moment du repas, ils reviennent même jouer quelques instants pour le plus grand plaisir des
visiteurs.
Libanais « écorché »...
Par-dessus tout, c’est la magie de cette union entre nature et musique qui semble être la clef de la réussite de l’événement. « On détruit ce pays, sa beauté », nous dit Randa Ghossoub, « et c’est incompréhensible », poursuit-elle. OAK, un des chanteurs bénévoles, rappelle : « On ne prend pas suffisamment soin de notre nature. C’est une chance énorme que de pouvoir se réunir dans un des quelques endroits où la nature est réellement préservée au Liban. »
C’est le grain de voix exceptionnel de M. Ghossoub qui envoûte ensuite l’assemblée pour terminer cette journée. « Être libanais, c’est être écorché quelque part, c’est avoir cette implication passionnée (...) même sans être là, nous le sommes toujours », dit-elle. En effet, malgré les difficultés que les organisateurs ont dû confronter afin de mener à bien ce projet, Lara Kanso, créatrice d’O de Rose, et Raja Abdallah, organisateur partenaire, partagent cette implication et tiennent à confirmer le double caractère de cet événement : « Notre objectif est non seulement de soutenir Chance et Offre-Joie, mais également de condamner la violence qui déchire notre pays. » M. Abdallah, à l’origine du concept même de l’événement, inspiré d’un festival suisse, explique que « beaucoup de sponsors sont restés anonymes, ils ne participent pas dans un seul but d’image ». On observe une réelle symbiose des idées entre les organisateurs, les associations, les artistes et le public. « Les ONG sont d’une importance cruciale au Liban, peut-être qu’un jour, nos jeunes finiront par vouloir rester », nous dit Michel, un visiteur beyrouthin. Offre-Joie, fondée en 1985 pendant la guerre civile, et Chance, qui se bat pour les enfants cancéreux depuis 2002, ont un point commun : la jeunesse libanaise constitue le ciment de leurs projets à la fois éthiques et sociaux. « C’est une ode à la vie », rapporte Mazen, 23 ans.
commentaires (0)
Commenter